RIYAD : Ce mardi, l'Arabie saoudite participera à la Coupe du monde pour la sixième fois. Le match s'annonce sans doute le plus difficile de l'Histoire de l'équipe.
Peu de gens pensent que l'Arabie saoudite pourra gagner trois points en affrontant l'Argentine, une équipe qui a de réelles chances de décrocher le trophée le mois prochain. Cependant, pour Hervé Renard et ses joueurs, c'est l'occasion de montrer que les Faucons verts ont fait un grand progrès depuis leur défaite contre la Russie à Moscou (5-0) en 2018.
Une atmosphère de carnaval flottait ce jour-là dans le stade Loujniki. Les hôtes s'apprêtaient à faire la fête. Les sourires et le soleil brillaient avant et après le coup d'envoi. Les Russes ont décroché la victoire dont ils rêvaient. Si le score a été cruel pour l'Arabie saoudite, il ne faut pas oublier que la journée avait été éprouvante. L'humiliation infligée par l'Allemagne en 2002 (8-0) l'était tout autant.
Sur les cinq matchs d'ouverture de la Coupe du monde auxquels elle a participé, l'Arabie saoudite en a perdu quatre. Elle entame la Coupe du monde 2022 par un match qui pourrait s'avérer le plus difficile de tous.
Mais l'Arabie saoudite qui participe à la Coupe du monde cette année est bien différente de celle qui a joué dans la capitale russe. Cela fait plus de trois ans que M. Renard dirige l'équipe. Des évolutions notables ont été constatées depuis.
«On sent désormais que nous nous connaissons depuis des années», déclare l'entraîneur français. «Le football, c'est ça: quand on gagne, on est heureux. Toutefois, nous devons être prêts à faire face à des épreuves plus difficiles. Les défaites risquent de se succéder, il faut donc se montrer psychologiquement solide.»
Dimanche, le Qatar a essuyé une défaite 2-0 contre l'Équateur. Sa performance quelque peu décevante prouve qu'il ne suffit pas toujours que les joueurs se connaissent et passent du temps ensemble. Les hôtes n'ont pas joué de manière compétitive. Cependant, l'impressionnante campagne de qualification de l'équipe saoudienne pourrait lui être favorable.
Côté défense, l'Arabie saoudite se montre de plus en plus hermétique. En dix-huit matchs de qualification, dix buts seulement ont été marqués contre l'Arabie saoudite. En dix matchs amicaux, la ligne arrière n'a été percée que quatre fois. Le pays sud-américain exercera toutefois une forte pression sur ses adversaires. Une confrontation qui s'annonce des plus difficiles.
Abdelelah al-Malki et Mohammed Kanno (milieux de terrain) devront jouer le match de leur vie pour protéger les quatre défenseurs et ouvrir la voie aux défenseurs qui subissent moins de pression. Les deux joueurs, qui reviennent d'une longue blessure, ont affiché de belles performances lors de leurs derniers matchs.
Les leçons tirées du match d'ouverture du Qatar ne passeront pas inaperçues. Les Marrons (l’équipe qatarie est vêtue en marron) ont peiné dès le coup d'envoi. Ils ont été chanceux que l'Arbitre assistant vidéo (VAR) annule un but à la troisième minute. Quant à l’équipe saoudienne, elle s’est perfectionnée dans ce domaine et elle affrontera la Pologne samedi. L'Argentine, de son côté, dispose de joueurs capables d’effectuer de longues passes dangereuses.
Chose curieuse, le Qatar a été passif au niveau du jeu d'équipe et du jeu individuel dans le match le plus important de sa vie. L'Équateur a ainsi pu dominer le jeu physiquement et tactiquement. La performance de Saad al-Sheeb a été médiocre. Lorsque le gardien de but commet des erreurs telles que les siennes, l'équipe se retrouve impuissante. Le joueur saoudien qui porte le numéro un, en l'occurrence Mohammed al-Owais, est prêt à relever le défi.
En bref, le Qatar a perdu les pédales contrairement à l'Équateur. Cette équipe vient de se qualifier parmi les meilleures équipes d'Amérique du Sud et elle compte dans ses rangs des éléments qui jouent dans les grands championnats européens. L'Arabie saoudite ne s'inspirera pas de l'exemple donné par son voisin arabe. Des joueurs comme Salmane al-Faraj, Salem al-Dawsari et bien d'autres encore doivent s'imposer, car ils possèdent l'expérience des finales de la Coupe du monde et ils ont remporté des titres en Asie. Ce sont des joueurs expérimentés qui ont l'expérience des grands matchs. Le match le plus important aura lieu ce mardi.
La réputation de l'Argentine est bien établie. Lionel Messi participe pour la dernière fois à la Coupe du monde. Le fait de remporter la Copa América, sa première grande victoire avec son pays, a également allégé la pression sur ce joueur qui compte parmi les meilleurs au monde. Avec Angel Di Maria à l'attaque, la défense saoudienne sera confrontée à un mélange explosif de joueurs jeunes et de joueurs chevronnés. L'équipe sud-américaine ne semble pas préoccupée par cette confrontation. Elle a l'impression d'être une véritable équipe. Sur ce point au moins, l'Arabie saoudite peut tout à fait rivaliser avec les champions du monde à deux reprises.
Une lourde défaite lors du match d'ouverture risque de clore le tournoi avant même qu'il n'ait commencé. En 2018, l'équipe a réalisé des performances impressionnantes en Russie à la suite de son revers en début de tournoi. Elle a perdu 1-0 contre l'Uruguay et elle a gagné contre l'Égypte. Ces résultats n'ont toutefois pas été suffisants. Un bon départ cette année pourrait entraîner un meilleur résultat.
Il n'y a aucune pression sur l'Arabie saoudite pour qu'elle batte l'Argentine ou même fasse match nul. Ses fans souhaitent simplement assister à un match compétitif au cours duquel leur équipe donnera du fil à retordre à l'un des géants du football. Les millions de personnes dans le monde qui s'attendent à une victoire facile de l'équipe favorite devraient donc se raviser.
L'objectif est de pouvoir regarder en arrière sans regret et ensuite tout peut arriver.
«En football, il n'y a pas de limites», indique Hervé Renard. «Vous devez créer votre propre chance, tout donner sur la pelouse, vous préparer pour donner le meilleur de vous-même et éviter les erreurs. Si vous faites tout ça, vous pouvez alors rêver.»
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com.