Pourquoi le régime iranien développe ses relations avec la Russie

L'implication croissante du régime iranien dans la guerre russo-ukrainienne pourrait avoir de graves répercussions sur la paix et la sécurité mondiales en raison de l'aventurisme militaire de Téhéran, de son programme de missiles balistiques et de sa menace nucléaire croissante.

L'une des raisons de la décision du régime de soutenir la Russie dans la guerre est très probablement liée à ses ambitions nucléaires, car il cherche depuis longtemps à obtenir l'aide de Moscou afin de soutenir son programme nucléaire.

C'est probablement la raison pour laquelle l'Iran a progressivement intensifié son engagement dans le conflit. Le 2 mars, Téhéran s'est abstenu lors du vote de l'Assemblée générale des Nations unies visant à condamner l'invasion de la Russie et à exiger son retrait d'Ukraine. Téhéran a ensuite voté contre une résolution de l’Assemblée générale des Nations unies (AGNU) qui suspendait l'adhésion de la Russie au Conseil des droits de l'homme des Nations unies. En juillet, le président russe Vladimir Poutine s'est rendu à la République islamique, où il a reçu un soutien massif du guide suprême Ali Khamenei.

Après la visite du président russe à Téhéran, la fourniture de drones kamikazes à la Russie par l'Iran, est devenue le premier exemple de coopération militaire entre Moscou et Téhéran. En septembre, le ministère ukrainien des Affaires étrangères a retiré son accréditation à l'ambassadeur d'Iran à Kiev et a réduit le personnel diplomatique de l'ambassade.

L'un des problèmes de la réponse de l'Occident à l'agression du régime iranien est qu'il n'a pas agi avec force, très probablement pour ne pas faire échouer complètement la perspective de relancer l'accord nucléaire avec la République islamique.

Malgré l'escalade militaire de Téhéran, l'Union européenne n'a pas voulu admettre dans un premier temps que le régime était impliqué dans la guerre en Ukraine. Le mois dernier, le Haut représentant de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell, a affirmé qu'il voulait des preuves supplémentaires. «Nous allons chercher des preuves concrètes de la participation de l'Iran à la guerre en Ukraine», a-t-il déclaré aux journalistes.

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«L'un des problèmes de la réaction de l'Occident à l'agression du régime iranien est qu'il n'a pas agi avec force.»

 

 Dr. Majid Rafizadeh

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En fin de compte, l'Union européenne a reconnu que le régime iranien fournissait effectivement «un soutien militaire à la guerre d'agression non provoquée et injustifiée de la Russie contre l'Ukraine», via «le développement et la livraison de drones à la Russie». 

Dans la phase suivante, le régime iranien — apparemment encore plus enhardi — a commencé à envoyer des troupes en Crimée pour aider la Russie dans ses attaques contre les infrastructures et la population civile de l'Ukraine en contribuant à accroître l'efficacité des drones suicide. La Maison Blanche a admis le 20 octobre qu'elle avait des preuves que des troupes iraniennes étaient «directement déployées sur le terrain» en Crimée. «Les systèmes eux-mêmes connaissaient des défaillances et ne répondaient pas aux normes que les clients attendaient apparemment. Les Iraniens ont donc décidé de fournir des formateurs et un soutien technique afin d’aider les Russes à les utiliser avec une meilleure létalité», a déclaré John Kirby, porte-parole du Conseil national de sécurité des États-Unis.

Le régime iranien renforce encore son implication puisqu'il fournirait des missiles balistiques à la Russie, en plus des drones. Le régime tente probablement de s'affirmer à nouveau comme un acteur mondial important.

Le régime théocratique de l'Iran dispose de l'arsenal de missiles balistiques le plus important et le plus diversifié du Moyen-Orient. Le porte-parole de l'armée de l'air ukrainienne, Yuriy Ihnat, a indiqué: «L'Ukraine ne dispose pas actuellement de systèmes de défense aérienne efficaces contre les missiles balistiques. L'Iran les fournira probablement à la Russie, à moins que le monde ne trouve un moyen de l'arrêter.»

Les dirigeants iraniens qui sont impliqués doivent être tenus pour responsables. Plusieurs généraux de haut rang sont directement impliqués dans la guerre contre l'Ukraine et ils reçoivent très probablement leurs ordres du guide suprême.

Le général-major Mohammed Hossein Bagheri, qui est le chef d'état-major des forces armées iraniennes et qui supervise le programme de drones militaires du pays, est un acteur clé de la coopération militaire avec Moscou. Selon l'UE, il est «impliqué dans la propagation des drones de fabrication iranienne à l'étranger; à ce titre, il a inauguré une chaîne de montage au Tadjikistan destinée à l'exportation des drones Ababil-2. Il a également participé au développement des drones Mohajer-6 et à leur distribution à la Fédération de Russie pour leur utilisation dans la guerre d'agression contre l'Ukraine».

En outre, le brigadier-général Saeed Aghajani, qui est le chef du commandement des drones de la force aérospatiale du Corps des gardiens de la révolution islamique, à son tour «supervise et dirige la planification, l'équipement et la formation pour les opérations de drones iraniens, qui comprennent également la livraison de drones aux alliés internationaux de l'Iran, notamment la Fédération de Russie».

De même, le général Sayed Hojatollah Qureishi, responsable de la division des approvisionnements, de la recherche et des affaires industrielles au ministère iranien de la Défense, a négocié «l'accord avec la Fédération de Russie concernant la fourniture de drones de fabrication iranienne pour leur utilisation dans la guerre d'agression contre l'Ukraine».

Le ministre britannique des Affaires étrangères, James Cleverly, a mentionné dans une déclaration: «Ces lâches frappes de drones sont un acte de désespoir. En permettant ces frappes, ces individus et un fabricant ont causé au peuple ukrainien d'indicibles souffrances.»

En bref, l'Occident devrait surveiller de près les relations croissantes du régime iranien avec la Russie, notamment en ce qui concerne l'aventurisme militaire et l'avancement du programme nucléaire de Téhéran.

Le Dr Majid Rafizadeh est un politologue irano-américain formé à Harvard. Twitter : @Dr_Rafizadeh

Les opinions exprimées par les auteurs de cette section sont les leurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue d'Arab News.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com