DUBAÏ: Le 28 octobre, un concert en hommage au regretté compositeur libanais Wadia Sabra, décédé en 1952, a eu lieu à Beyrouth.
Normalement, le musicien devrait être reconnu dans son pays. Il a composé l’hymne national libanais, créé le premier conservatoire du pays et aurait été le premier à composer un opéra dans sa langue maternelle. Pourtant, au fil des ans, il a été largement oublié. Aujourd’hui, le baryton libanais Fady Jeanbart tente de perpétuer sa mémoire.
M. Jeanbart a été chargé de fouiller dans les archives du compositeur, qui ont été données par sa famille au Centre du patrimoine musical libanais en 2016.
«Tout avait été oublié et perdu parce que la famille cachait les archives essentiellement pour deux raisons», explique M. Jeanbart à Arab News. «D’abord, il y avait des querelles familiales et ensuite, lorsque Sabra est décédé, sa femme a demandé au gouvernement libanais une pension de retraite, puisqu’il était le fondateur et le plus ancien directeur du Conservatoire national, mais il n’a rien obtenu, il est mort sans le sou. Elle était tellement contrariée qu’elle a tout caché.»
En 1892, alors qu’il n’avait que 16 ans, Wadia Sabra a obtenu une bourse pour étudier la musique au Conservatoire de Paris, devenant le premier étudiant libanais dans cette institution de renom où ont été formés des compositeurs comme Claude Debussy et Georges Bizet. Musicien classique qui ajoute des touches orientales à son répertoire, Sabra a ouvert le premier conservatoire du Liban en 1910, qui est toujours en activité aujourd’hui.
Les années 1920 ont été une période très productive pour lui. Il a non seulement mis en musique les paroles de l’hymne national en 1927, mais a également écrit un opéra en arabe, intitulé «Les deux rois», la même année. Au cours de la décennie suivante, Sabra a principalement composé des opérettes en français.
En 1918, le Liban est sorti de l’occupation ottomane. Grâce à sa musique, Wadia Sabra a contribué à forger l’identité de la jeune nation. «À sa naissance en 1876, le Liban n’existait pas», rappelle M. Jeanbart. «Il est vraiment le symbole de la naissance du pays.»
Lors du concert, qui a eu lieu récemment à Beyrouth, le baryton Fady Jeanbart, la soprano Lara Jokhadar et la mezzo-soprano Natacha Nassar, entre autres, ont interprété trois opéras, ainsi que l’hymne national dans sa tonalité originale. «Ce concert avait pour objectif de refaire la lumière sur notre passé», affirme M. Jeanbart. «Il est important de s’en souvenir pour savoir avancer.»
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com