BAGDAD: Le nouveau Premier ministre irakien Mohamed Chia al-Soudani a limogé mardi plusieurs responsables nommés par son prédécesseur, dont le chef du renseignement, a-t-on appris auprès d'une source gouvernementale.
M. Soudani a obtenu la confiance des députés jeudi dernier, après un an d'un bras de fer parfois émaillé de violences entre les deux ennemis du chiisme politique: le chef religieux Moqtada Sadr et le Cadre de coordination, une alliance de partis pro-Iran qui soutient M. Soudani.
L'une de ses premières décisions a été d'annuler, en Conseil des ministres, une série de nominations effectuées depuis les législatives d'octobre 2021 par son prédécesseur Moustafa al-Kazimi.
Le décret ne détaille pas quels sont les responsables visés, mais selon une source gouvernementale, le chef des services de renseignement irakien Raed Jouhi figure parmi eux.
Cette décision est liée au statut du gouvernement de M. Kazimi lorsque les nominations ont été décidées.
Car, des législatives d'octobre 2021 jusqu'à la semaine dernière, ce gouvernement était "intérimaire". Et "selon la Cour suprême, un gouvernement intérimaire n'a pas le droit" d'acter de telles nominations, a déclaré M. Soudani lors de sa première conférence de presse en tant que Premier ministre.
Le nouveau chef du gouvernement a aussi dit vouloir s'attaquer à la corruption, "une menace sérieuse pour l'Etat irakien, plus dangereuse que toutes les menaces qui ont pesé sur l'Irak".
"Les citoyens veulent sentir qu'il y a une responsabilité à l'oeuvre et que l'argent pillé est restitué", a-t-il dit, sans toutefois annoncer de mesures concrètes.
L'Irak, où règne le clientélisme, est l'un des pays les plus corrompus au monde, selon le classement de Transparency International.
Enfin, Mohamed Chia al-Soudani est apparu moins ferme dans son projet d'organiser des élections législatives anticipées "dans un délai d'un an", comme il s'y était pourtant engagé dans son programme de gouvernement.
Le Cadre de coordination, mais aussi le courant de Moqtada Sadr, voient en un scrutin anticipé une solution pour sortir l'Irak de la crise politique.
Or, lors de sa conférence de presse mardi, le Premier ministre a expliqué que des "élections anticipées ne sont pas du seul fait du gouvernement, mais aussi du Parlement", qui doit d'abord s'auto-dissoudre avant que le scrutin n'ait lieu.