DJEDDAH: Le parquet iranien s'apprête à se prononcer cette semaine sur le procès de mille personnes accusées d'avoir participé aux manifestations populaires qui ébranlent le régime de Téhéran depuis près de deux mois.
Les procès se dérouleront en public devant un tribunal de la révolution islamique, comme l'a déclaré lundi un porte-parole du président de la Cour suprême de Téhéran. L'accusation porte en effet sur des «sabotages, dont l'agression ou le meurtre d'agents de sécurité, et la mise à feu de biens publics». Certains manifestants encourent la peine de mort, selon le porte-parole.
Ces protestations font peser une menace démesurée sur le régime religieux de l'Iran depuis la révolution de 1979. Les manifestants ont envahi les rues pour dénoncer l'assassinat de Masha Amin. Cette femme de 22 ans, d'origine kurde, était détenue pour avoir porté son hijab de manière «inappropriée».
Les Iraniens de tous horizons manifestent dans plus de deux cents villes; les étudiants et les femmes jouent un rôle de premier plan dans ces manifestations et n'hésitent pas à brûler les voiles.
De leur côté, les forces de sécurité répriment brutalement les manifestants. Selon l’Organisation des moudjahidines du peuple iranien (MEK), groupe dissident, plus de quatre cent cinquante personnes ont été tuées et au moins vingt-cinq mille arrêtées.
Les groupes iraniens de droite ont affirmé lundi que les «parodies de procès» étaient déjà en cours. Dans une vidéo publiée sur les médias sociaux, la mère du manifestant Mohammed Ghobadlou (22 ans) affirme que son fils a été condamné à mort lors d'une audience du tribunal qui s’est tenue deux jours auparavant.
«Mon fils est malade. Le tribunal a interdit à son avocat d'entrer dans la salle d'audience. Ils l'ont interrogé en l'absence d'un avocat et l'ont condamné à mort dès la première séance. Ils réclament son exécution immédiate», explique-t-elle.
Les analystes affirment que le régime perçoit désormais les manifestations comme une menace réelle. «Aujourd'hui, les gens sont déterminés à défier le régime, plus qu'ils ne l'étaient par le passé», explique Saïd Golkar, chercheur à l'université du Tennessee. «Malheureusement, l'histoire nous a appris qu'ils sont prêts à recourir à toute forme de violence pour se maintenir au pouvoir.»
Pour Meir Javedanfar, de l'université Reichman, en Israël, «contrairement à ce que prévoient les autorités, les manifestations sont loin de s'apaiser».
La répression des manifestations par le régime suscite une vague de condamnation dans le monde. Dans ce contexte, le chancelier allemand, Olaf Scholz, a fait savoir lundi que l'Union européenne envisageait de nouvelles mesures de sanction à l'encontre du régime iranien.
«Nous condamnons la violence excessive exercée par les forces de sécurité et nous soutenons le peuple iranien», a indiqué M. Scholz.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com