ALGER: L’affaire de restitution des ossements qui appartiendraient à des combattants algériens dans le cadre du rétablissement des relations Franco-algérienne connaît un coup d’éclat sans précédents.
L’authenticité des 24 dépouilles rapatriées de présumés combattants algériens tués pendant la conquête coloniale, remis par la France en 2020 et qui représentait un symbole de réconciliation, a récemment été remis en question dans un article du New York Times.
En effet, d’après des documents publiés par le média américain, la majorité des crânes proviennent de corps dont l’identité reste « incertaine ». Il y a deux ans, le retour des 24 crânes fut considéré comme un geste fort entre les deux nations.
L’Algérie avait longtemps réclamé ces dépouilles, qui étaient exhibées dans l'une des plus grandes collections de crânes d'Europe au Musée de l'Homme, à Paris.
Ces documents qui proviendraient du musée français, obtenus par le New York Times, démontrant que seulement six des crânes restitués étaient clairement identifiés comme étant ceux de résistants, les autres n'étaient pas les ossements d’Algériens ou leurs origines étaient confuses.
Pour rappel, les ossements restitués en grandes pompes à l’Algérie en vertu d'un accord signé par les deux gouvernements le 26 juin 2020, était constitué d’une annexe de plusieurs pages stipulant l'identité de chaque dépouille.
Cependant, selon le document obtenu par le New York Times, la plupart des dépouilles appartiendraient à des voleurs emprisonnés et à trois fantassins algériens ayant servi dans l'armée française.
Absence de «rigueur scientifique et législative»
Bien que le gouvernement français ait réfuté ces faits par le biais du ministère des Affaires étrangères qui assure que la liste des crânes restitués avait été "approuvée par un comité d’experts Franco-algériens " dans un contexte de réhabilitation des relations diplomatiques avec l’Algérie, la sénatrice française Catherine Morin-Desailly a néanmoins réagi ce 26 octobre en interpellant la ministre de la Culture Rima Abdul-Malak à propos de cette affaire.
« Les affaires diplomatiques ont prévalu sur les affaires historiques », a dénoncé Morin-Dessailly, elle-même ayant travaillé sur le dossier des restitutions, a ajouté que le travail était « bâclé et fait en catimini ».
Durant de la séance hebdomadaire de questions, la parlementaire a également interrogé la ministre sur le processus d’identification des dépouilles : « Il semble que le travail du comité d’experts scientifiques franco-algérien qui œuvrait depuis 2018 à l’identification des crânes, condamné à la plus stricte confidentialité, ait été écourté. Pourquoi ? »
En guise de réponse, Rima Abdul-Malak a assuré qu’un « comité intergouvernemental de haut niveau avait pris toutes les précautions nécessaires sur ce sujet ».
De nombreux universitaires et élus remettent en question ces restitutions qui «paraissent échapper à la rigueur scientifique et législative ».
Par ailleurs, un rapport du Sénat français laisse penser que ces restitutions avaient été effectuées « dans une grande opacité, donnant l'impression que les questions diplomatiques l'emportaient sur tout le reste ».
Le ministère français des Affaires étrangères, de son côté, promet que le gouvernement est en train d’instaurer une réglementation concernant ces restitutions.