ATHÈNES: Le chancelier allemand Olaf Scholz a fustigé jeudi la remise en question par la Turquie de la souveraineté de la Grèce, dans le contexte de tensions ravivées entre ces deux partenaires au sein de l'Otan mais rivaux historiques.
Il "n'est pas possible que des partenaires de l'Otan remettent en question la souveraineté d'un autre (membre)", a souligné le dirigeant social-démocrate lors d'un déplacement à Athènes qui a débuté par la visite de l'Acropole avec son homologue grec, Kyriakos Mitsotakis.
"Toutes les questions doivent se voir apporter une réponse sur la base du droit international", a-t-il également insisté à l'occasion de sa première visite officielle dans la capitale grecque depuis sa prise de fonction en novembre dernier.
Partenaires au sein de l'Alliance atlantique, Athènes et Ankara entretiennent des relations acrimonieuses, notamment autour de la délimitation des eaux qui les séparent, mais aussi du conflit chypriote.
Ce long différend a été ravivé ces dernières années par des tentatives de la Turquie d'explorer des gisements d'hydrocarbures convoités dans ces eaux contestées.
Eviter un conflit
En pleine guerre en Ukraine qui a poussé les pays membres de l'Otan à resserrer les rangs, ces derniers veulent à tout prix éviter un conflit entre deux partenaires stratégiques au sein de cette Alliance.
Olaf Scholz a d'ailleurs souligné que "les relations de bon voisinage entre la Grèce et la Turquie sont importantes non seulement pour ces deux pays mais pour toute l'Europe".
De son côté, le chef du gouvernement grec a jugé "vraiment dommage" que le président turc, Recep Tayyip Erdogan "ne voit pas qu'il se dirige vers un impasse et empoisonne son peuple avec des mensonges sur la Grèce".
"Nos voisins et tous nos partenaires savent que les îles grecques ne menacent personne", a-t-il ajouté.
Recep Tayyip Erdogan a récemment accusé la Grèce d'"occuper" des îles de la mer Égée dont le statut a été réglé par des traités adoptés après la Première guerre mondiale.
Dans un entretien au quotidien Ta Nea, Olaf Scholz a également jugé inacceptables "les menaces militaires plus ou moins voilées" d'Ankara à l'endroit de la Grèce, tout en appelant les deux rivaux, qui partagent une histoire commune de quatre siècles, à régler leurs antagonismes à la table des négociations.
Escarmouches
Alors que la France affirme de longue date un soutien ferme à la Grèce, le gouvernement allemand, en particulier l'ancienne chancelière Angela Merkel (2005-2021), a toujours cherché à maintenir le dialogue avec Ankara malgré une série d'escarmouches.
L'Allemagne abrite en effet sur son sol une importante minorité turque. Elle fut aussi, en pleine "crise" des réfugiés, la principale initiatrice du Pacte migratoire entre la Turquie et l'UE qui a permis en 2016 de limiter l'arrivée de migrants dans l'UE.
La ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, en visite à Athènes et Ankara en juillet, s'était déjà clairement rangée du côté d'Athènes, assurant que "les îles grecques appartiennent au territoire grec et personne n'a le droit de remettre cela en question".
La presse grecque relevait d'ailleurs qu'Olaf Scholz ne se rend pas dans la foulée en Turquie comme c'est généralement le cas.
Les tensions gréco-turques étaient encore montées d'un cran lors d'un sommet européen informel à Prague début octobre, quand Kyriakos Mitsotakis avait quitté le diner officiel pendant le discours du président turc Recep Tayyip Erdogan.
Dans un entretien au magazine français Le Point, le Premier ministre grec a également dénoncé "le langage agressif sans précédent" de la Turquie à l'endroit de la Grèce.
"Notre objectif commun (...) notre vision doit être l'exploitation de tout le potentiel économique de la Méditerranée orientale pour le bien de tous les pays", a également insisté Olaf Scholz dans Ta Nea.