Ukraine : Zelensky déclare vouloir mettre fin à la guerre en 2025 par « des moyens diplomatiques »

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP)
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP)
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Publié le Samedi 16 novembre 2024

Ukraine : Zelensky déclare vouloir mettre fin à la guerre en 2025 par « des moyens diplomatiques »

  • Dans une interview diffusée samedi, il a aussi évoqué une situation « vraiment compliquée » sur le front est, où l'armée russe progresse rapidement face à des troupes ukrainiennes moins nombreuses et moins bien armées.
  • Les positions russes et ukrainiennes restent néanmoins opposées : Kiev exclut la cession des territoires occupés par l'armée russe, tandis que Moscou la pose comme condition.

KIEV : Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a affirmé vouloir « tout faire » pour obtenir la fin de la guerre dans son pays en 2025 par « des moyens diplomatiques », la récente victoire de Donald Trump à la présidentielle américaine ayant relancé le débat sur les négociations.

Dans une interview diffusée samedi, il a aussi évoqué une situation « vraiment compliquée » sur le front est, où l'armée russe progresse rapidement face à des troupes ukrainiennes moins nombreuses et moins bien armées.

« Nous devons tout faire pour que cette guerre prenne fin l'année prochaine. Nous devons y mettre fin par des moyens diplomatiques », a-t-il déclaré dans un entretien avec la radio ukrainienne.

Il a estimé que son homologue russe Vladimir Poutine cherchait à sortir de son « isolement politique » en parlant à des dirigeants. Mais « Poutine ne veut pas du tout la paix », a-t-il dit.

Le débat sur d'éventuelles négociations de paix, longtemps balayé par Volodymyr Zelensky, s'est intensifié ces dernières semaines sur fond d'avancées russes rapides dans le Donbass (est) et de tergiversations occidentales sur l'aide militaire à fournir à Kiev.

Les positions russes et ukrainiennes restent néanmoins opposées : Kiev exclut la cession des territoires occupés par l'armée russe, tandis que Moscou la pose comme condition.

Interrogé sur les conditions nécessaires à l'ouverture de négociations, Volodymyr Zelensky a estimé que cela ne serait possible que si « l'Ukraine n'est pas seule avec la Russie » et si elle est « forte », dans un appel du pied à ses partenaires occidentaux.

« Si nous ne parlons qu'avec Poutine, qu'avec un meurtrier, et que nous nous trouvons dans les conditions actuelles, non renforcées par certains éléments importants, je pense que l'Ukraine part perdante pour ces négociations », a dit Volodymyr Zelensky.

Selon lui, cela ne mènerait pas à « une fin juste » pour la guerre, déclenchée il y a bientôt trois ans par l'invasion russe de février 2022.

Les pays du G7 ont eux estimé samedi que la Russie restait « l'unique obstacle à une paix juste et durable ».

« Nous restons unis aux côtés de l'Ukraine », ont-ils assuré dans une déclaration diffusée par l'Italie qui préside le G7 cette année.

Cependant, Kiev craint de perdre le soutien des États-Unis, indispensable à son armée, après la victoire du républicain Donald Trump à l'élection présidentielle de novembre.

Ce dernier a souvent critiqué l'aide apportée par son pays et a assuré pouvoir résoudre le conflit en « 24 heures » sans jamais détailler sa méthode.

Volodymyr Zelensky redoute d'être contraint à des négociations défavorables à l'Ukraine.

Vendredi, le dirigeant avait estimé que la guerre prendrait fin « plus tôt » sous la présidence du républicain, tout en louant ses contacts avec ce dernier lors d'un entretien avec le média ukrainien Suspilne.

- « Boîte de Pandore »

Le ministre japonais des Affaires étrangères, Takeshi Iwaya, en visite en Ukraine samedi, a lui affirmé que l'entrée des troupes nord-coréennes dans le conflit allait non seulement « aggraver » la situation en Ukraine, mais qu'elle aurait également un impact « extrêmement significatif » sur la sécurité de l'est de l'Asie.

Des troupes nord-coréennes sont désormais engagées dans les combats aux côtés des soldats russes, selon Kiev et Washington, le Kremlin éludant lui les questions sur ce sujet.

Kiev s'est agacé vendredi d'une conversation téléphonique entre le chancelier allemand Olaf Scholz et Vladimir Poutine, le premier entretien depuis près de deux ans entre les deux dirigeants. Volodymyr Zelensky a fustigé : « Parler à Vladimir Poutine "ouvre la boîte de Pandore" ».

Olaf Scholz a demandé à la Russie de montrer sa « volonté d'entamer des négociations avec l'Ukraine en vue d'une paix juste et durable », selon le gouvernement allemand.

Vladimir Poutine a par ailleurs profité de l'occasion pour rappeler à Olaf Scholz qu'un accord de paix avec l'Ukraine devrait prendre en compte les « nouvelles réalités territoriales », selon le Kremlin.

La Russie répète régulièrement qu'elle est ouverte à des négociations de paix, mais à condition que Kiev fasse des concessions, notamment en ce qui concerne la cession des territoires ukrainiens que Moscou a annexés en 2022 sans les contrôler totalement.

L'armée russe avance face aux troupes ukrainiennes, car le réapprovisionnement en armes et en nouvelles recrues est « lent », a expliqué le président ukrainien, tout en soulignant les lourdes pertes humaines de Moscou.

Le ministère russe de la Défense a par ailleurs revendiqué samedi la prise de deux nouveaux villages de la région de Donetsk.

En août, l'armée ukrainienne avait lancé une attaque d'envergure contre la région russe frontalière de Koursk, s'emparant de plusieurs centaines de kilomètres carrés. Kiev avait dit vouloir utiliser cet argument, à terme, pour faire pression sur Moscou lors d'éventuelles discussions.

Mais la Russie a contre-attaqué en septembre, et les forces ukrainiennes ont alors dû reculer.


Ce sera le dernier tête-à-tête entre Joe Biden et Xi Jinping avant l'arrivée au pouvoir de Donald Trump

Le président américain Joe Biden arrive à la réunion des dirigeants économiques de l'APEC (AELM) au Centre des congrès de Lima, le 16 novembre 2024. (Photo AFP)
Le président américain Joe Biden arrive à la réunion des dirigeants économiques de l'APEC (AELM) au Centre des congrès de Lima, le 16 novembre 2024. (Photo AFP)
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  • Les présidents chinois Xi Jinping et américain Joe Biden se rencontreront samedi à Lima pour un ultime tête-à-tête officiel.
  • Les relations entre la Chine et les États-Unis se sont détériorées ces dernières années en raison de désaccords sur le commerce, le statut de Taïwan, les droits humains ou la compétition technologique.

LIMA : Les présidents chinois Xi Jinping et américain Joe Biden se rencontreront samedi à Lima pour un ultime tête-à-tête officiel, après avoir tous deux averti la veille d'une ère de « turbulences » et de « changement » à venir, dans le contexte de la réélection de Donald Trump.

Les dirigeants des deux superpuissances ont prévu de se voir à 16 heures locales (21 heures GMT) à l'hôtel où loge Xi Jinping depuis son arrivée jeudi dans la capitale péruvienne, qui accueille le sommet de la Coopération économique pour l'Asie-Pacifique (Apec). Ce dernier regroupe 21 pays représentant 60 % du PIB mondial.

En amont de leur tête-à-tête, Joe Biden et Xi Jinping sont arrivés samedi au Centre de convention de Lima pour participer dans la matinée à une « retraite », session d'échanges à huis clos des dirigeants de l'Apec, parmi lesquels notamment ceux du Japon, du Canada, du Chili et d'Australie.

Ouvrant la session, la présidente péruvienne Dana Boluarte a invité les dirigeants d'Asie-Pacifique à « préserver la pertinence » de l'Apec, et à « la renforcer face aux défis mondiaux que nous affrontons ».

La réunion Biden-Xi sera leur troisième et dernière rencontre, avant que le démocrate de 81 ans ne cède la présidence en janvier à son successeur républicain. Selon des responsables américains, il s'agira de capitaliser sur la rencontre historique qui avait permis d'apaiser les tensions il y a un an, lors du même sommet annuel de l'Apec à San Francisco.

Les relations entre la Chine et les États-Unis se sont détériorées ces dernières années en raison de désaccords sur le commerce, le statut de Taïwan, les droits humains ou la compétition technologique. Le dialogue bilatéral a cependant pu être maintenu.

Le conseiller américain à la Sécurité nationale, Jake Sullivan, a souligné cette semaine « l'importance » de la rencontre entre les deux dirigeants, afin de « gérer la relation bilatérale dans cette délicate période de transition ».

- Pas seulement un adieu -

Selon M. Sullivan, les questions des tensions en mer de Chine méridionale et du maintien des lignes de communication, notamment militaires, devraient aussi être abordées. « Ce ne sera pas seulement une rencontre pour se dire adieu », a-t-il assuré.

Mais l'ombre de Donald Trump, qui a déjà nommé dans son équipe des tenants d'une ligne dure face à Pékin, devrait planer sur leurs échanges.

Pendant sa campagne, le milliardaire a promis de protéger l'industrie américaine, menaçant d'imposer des droits de douane de 10 à 20 % sur les produits importés et même de 60 % pour ceux provenant de Chine.

Lors de son premier mandat (2017-2021), il avait déjà profondément perturbé les relations économiques bilatérales en initiant une guerre commerciale pour forcer Pékin à acheter des produits américains et rééquilibrer la balance commerciale.

Vendredi, Xi Jinping a mis en garde contre la montée de l'unilatéralisme et du protectionnisme et averti d'une hausse de « la fragmentation de l'économie mondiale », dans un discours cité par l'agence Chine nouvelle et diffusé lors du sommet.

Le monde est « entré dans une nouvelle période de turbulences et de transformation », a-t-il prévenu.

- « Niveaux d'incertitude » augmentés -

Une inquiétude relayée par son homologue américain, qui s'est cependant efforcé de rassurer ses alliés de la région Asie-Pacifique lors de l'une de ses dernières interventions sur la scène internationale.

« Nous avons maintenant atteint un moment de changement politique important », a-t-il reconnu vendredi en rencontrant les dirigeants du Japon et de la Corée du Sud, ajoutant que leur alliance tripartite était « conçue pour durer ».

Selon l'analyste péruvien en relations internationales Farid Kahhat, l'incertitude ambiante tient au fait que « si vous concluez un accord avec Biden, il ira probablement jusqu’au bout. Le problème avec Trump, c'est qu'il est imprévisible, comme il aime s'en targuer lui-même ».

En ouvrant le sommet vendredi, Dina Boluarte a évoqué elle aussi les « différents défis qui (…) augmentent les niveaux d'incertitude pour l'avenir ».

Après Lima, Joe Biden, à l'instar de Xi Jinping, se rendra au Brésil pour participer au G20.

Au Brésil, Joe Biden visitera l'Amazonie lors d'un déplacement à Manaus, au cœur de l'immense forêt tropicale, et son engagement à « lutter contre le changement climatique », selon Jake Sullivan.

Là encore, un décalage avec Donald Trump, qui a retiré les États-Unis de l'Accord de Paris sur le climat lors de son premier mandat et assuré vouloir faire de même lors du second.


Marche pour la Palestine à Rio avant le sommet du G20

Des membres de mouvements sociaux défilent en soutien au peuple palestinien sur la plage de Copacabana à Rio de Janeiro, au Brésil, le 16 novembre 2024, avant le sommet du G20. Le sommet des dirigeants du G20 se tiendra à Rio de Janeiro les 18 et 19 novembre 2024. (Photo AFP)
Des membres de mouvements sociaux défilent en soutien au peuple palestinien sur la plage de Copacabana à Rio de Janeiro, au Brésil, le 16 novembre 2024, avant le sommet du G20. Le sommet des dirigeants du G20 se tiendra à Rio de Janeiro les 18 et 19 novembre 2024. (Photo AFP)
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  • Une marche de soutien aux Palestiniens a rassemblé plusieurs centaines de personnes samedi à Rio de Janeiro, où se retrouveront la semaine prochaine les dirigeants des grandes puissances du G20.
  • Certains manifestants portaient des keffiehs et des drapeaux palestiniens. Une grande banderole appelait à « rompre les relations Brésil-Israël »

RIO DE JANEIRO : Une marche de soutien aux Palestiniens a rassemblé plusieurs centaines de personnes samedi à Rio de Janeiro, où se retrouveront la semaine prochaine les dirigeants des grandes puissances du G20.

La marche s'est déroulée sous la pluie, le long de la plage de Copacabana, et sous la surveillance de dizaines de policiers et de soldats déployés pour assurer la sécurité du sommet, prévu lundi et mardi. Joe Biden, le président américain, et Xi Jinping, son homologue chinois, y seront notamment présents.

Certains manifestants portaient des keffiehs et des drapeaux palestiniens. Une grande banderole appelait à « rompre les relations Brésil-Israël » et d'autres pancartes demandaient aux alliés d'Israël de cesser de financer ses offensives militaires à Gaza et au Liban.

Selon Tania Arantes, âgée de 60 ans, membre d'un des syndicats brésiliens à l'initiative de l'événement, la marche visait aussi à soutenir d'autres causes, comme la lutte contre le changement climatique et la pauvreté, ainsi qu'une taxation des plus riches. En effet, les dirigeants présents au sommet « ont le contrôle économique sur des nations qu'ils jugent comme leurs subordonnées dans ce monde globalisé ».

Les revendications de la gauche convergent avec celles des Palestiniens, « parce que ce sont les mêmes pays, les grandes entreprises qui fomentent la guerre, qui sont aussi les milliardaires de ce monde », a aussi fait valoir Giancarlo Pereira, un vétérinaire de 43 ans participant à la marche.

Un peu plus loin sur la plage, dans le cadre d'une autre action organisée en marge du G20, des militants ont placé sur le sable des rangées d'assiettes marquées d'une croix rouge : 733 au total pour les 733 millions de personnes qui, d'après l'ONU, ont souffert de la faim l'an dernier.

Une autre manifestation doit encore se tenir plus tard dans la journée à Rio, organisée par un collectif d'indigènes brésiliens pour souligner ce qu'ils perçoivent comme un manque d'efforts des pays riches en matière de lutte contre le changement climatique.

Ces actions interviennent pendant le G20 social, forum réunissant militants et représentants d'ONG et de la société civile à Rio avant l'arrivée des chefs d'État et de gouvernement. La clôture de l'événement aura lieu samedi avec la remise d'une liste de recommandations au président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva en vue des discussions de lundi et mardi.


La COP16 sur la biodiversité reprendra « au premier trimestre 2025 » selon la présidence colombienne

Le centre aidera à améliorer la coordination et la communication entre les équipes, en assurant des opérations fluides et des mises à jour claires sur les tâches et les réalisations (Photo AFP))
Le centre aidera à améliorer la coordination et la communication entre les équipes, en assurant des opérations fluides et des mises à jour claires sur les tâches et les réalisations (Photo AFP))
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  • La présidente colombienne de la 16^e conférence des Nations unies sur la biodiversité espère obtenir « au premier trimestre 2025 » le grand accord financier sur la protection de la nature
  • Les 196 pays membres de la Convention de l'ONU sur la diversité biologique (CDB) se sont quittés le 2 novembre à Cali sans accord sur la feuille de route financière censée stimuler les timides efforts de l'humanité.

BAKOU : La présidente colombienne de la 16^e conférence des Nations unies sur la biodiversité espère obtenir « au premier trimestre 2025 » le grand accord financier sur la protection de la nature qui n'a pu être conclu à Cali début novembre, a-t-elle déclaré samedi à l'AFP.

Les 196 pays membres de la Convention de l'ONU sur la diversité biologique (CDB) se sont quittés le 2 novembre à Cali sans accord sur la feuille de route financière censée stimuler les timides efforts de l'humanité pour stopper la destruction de la nature d'ici 2030.

Après 10 heures de disputes nocturnes qui ont duré au-delà du terme, la COP16 de Cali avait été suspendue au petit matin faute de quorum, trop de délégués étant partis se coucher ou attraper leur vol de retour.

« Nous n'avons pu obtenir l'accord sur le texte (sur la finance, NDLR), mais nous espérons qu'à la prochaine séance plénière, au premier trimestre de l'année prochaine, nous devrions être en mesure de conclure la COP16 et d'obtenir cet accord », a déclaré à l'AFP Susana Muhammad à Bakou, où elle participe à la COP29 sur le climat.

Le lieu où se déroulera cette clôture formelle de la COP16 biodiversité n'est pas encore arrêté, a précisé Mme Muhamad, ministre colombienne de l'Environnement. Elle peut potentiellement se dérouler au siège de la CDB, à Montréal.

La COP16, le plus grand sommet sur la biodiversité, a attiré un record de 23 000 participants. Son objectif central était de stimuler la timide application de l'accord de Kunming-Montréal, scellé il y a deux ans pour sauver la planète et les êtres vivants de la déforestation, de la surexploitation, du changement climatique et de la pollution.

À Cali, les pays ont en revanche adopté l'institution d'un fonds multilatéral censé être abondé par les entreprises faisant du profit avec le génome numérisé de plantes (comme l'arôme de vanille) ou d'animaux des pays en développement.

La ministre colombienne a qualifié ce mécanisme de « révolutionnaire ».

« Il existe maintenant un mécanisme multilatéral qui oblige le secteur privé à payer pour utiliser une ressource essentielle et qui convertit de l'argent privé en argent public destiné à être investi dans la conservation de la biodiversité », s'est-elle félicitée, y voyant une source d'inspiration pour les négociations financières de la conférence sur le climat.