NICOSIE : Plusieurs centaines de personnes ont manifesté mardi à Chypre-Nord pour dénoncer l' « ingérence » de la Turquie, à quelques jours d'une visite du président turc Recep Tayyip Erdogan dans cette République autoproclamée uniquement reconnue par Ankara.
« Pas d'ingérence, mais une libre volonté! », « Liberté pour tous! », « A Chypre, la parole aux Chypriotes! », ont scandé les manifestants parmi lesquels figuraient des dirigeants de l'opposition.
« Nous nous adressons à la Turquie: vous ne pouvez pas diriger Chypre-Nord depuis Ankara! », a lancé Gulsen Erçin, une porte-parole du collectif Démocratie et Volonté, qui a organisé cette manifestation dans la partie nord de Nicosie, dernière capitale divisée au monde.
L'ex-dirigeant chypriote-turc Mustafa Akinci, défait le mois dernier à l'élection « présidentielle » par Ersin Tatar, protégé d'Ankara, a défilé avec les manifestants.
Ce rassemblement intervient avant un déplacement dimanche de M. Erdogan à Chypre-Nord.
Chypre est divisée depuis l'invasion en 1974 du tiers nord par l'armée turque en réaction à un coup d'Etat visant à rattacher l'île à la Grèce. L'autoproclamée République turque de Chypre-Nord (RTCN) est très dépendante politiquement et économiquement de la Turquie qui y a déployé plus de 30.000 soldats.
La République de Chypre, seule reconnue par la communauté internationale et membre de l'Union européenne depuis 2004, exerce son autorité sur la partie de l'île située au sud de la zone tampon surveillée par l'ONU.
La manifestation de mardi reflète la colère qui a vu le jour chez de nombreux habitants de Chypre-Nord pendant la campagne pour le scrutin du mois dernier, lors de laquelle la Turquie a ouvertement appuyé M. Tatar.
A quelques jours du premier tour, Ankara avait notamment annoncé la réouverture partielle de Varosha, une cité balnéaire abandonnée et bouclée par l'armée turque depuis 1974.
Cette mesure a scandalisé le gouvernement de Chypre, qui dénonce une violation du droit international, mais aussi un grand nombre de Chypriotes-turcs qui y ont vu une intervention directe dans l'élection pour favoriser la victoire de M. Tatar.
Lors de sa visite dimanche, M. Erdogan doit se rendre à Varosha pour « piquer-niquer ».
« Pas de pique-nique sur la douleur des autres! », ont lancé des manifestants mardi.