Nouvelle course au pouvoir au Royaume-Uni, Boris Johnson prêt à tenter un retour

La Première ministre britannique Liz Truss au 10 Downing Street, dans le centre de Londres, le 20 octobre 2022, après une déclaration pour annoncer sa démission. (Photo de Daniel LEAL / AFP)
La Première ministre britannique Liz Truss au 10 Downing Street, dans le centre de Londres, le 20 octobre 2022, après une déclaration pour annoncer sa démission. (Photo de Daniel LEAL / AFP)
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Publié le Vendredi 21 octobre 2022

Nouvelle course au pouvoir au Royaume-Uni, Boris Johnson prêt à tenter un retour

  • Aucun candidat ne s'est encore officiellement déclaré pour ce scrutin interne au Parti conservateur au pouvoir, mais selon la presse britannique, l'ancien chef du gouvernement est prêt à se lancer dans l'arène
  • Le Daily Telegraph souligne que Johnson se pose en potentiel sauveur d'une déroute électorale annoncée, et affirme qu'il tend une branche d'olivier à son ex-ministre des Finances Rishi Sunak

LONDRES : Après la démission de la Première ministre britannique Liz Truss, une nouvelle course à Downing Street s'amorce vendredi, sous l'ombre des probables velléités de retour de Boris Johnson.

Aucun candidat ne s'est encore officiellement déclaré pour ce scrutin interne au Parti conservateur au pouvoir, mais selon la presse britannique, l'ancien chef du gouvernement est prêt à se lancer dans l'arène, un peu plus de trois mois après avoir été poussé à la démission après une accumulation de scandales.

«Bojo: I'll be back», titre le tabloïd The Sun. Parmi les autres journaux conservateurs, le Daily Telegraph souligne que Johnson se pose en potentiel sauveur d'une déroute électorale annoncée, et affirme qu'il tend une branche d'olivier à son ex-ministre des Finances Rishi Sunak. Le Daily Mail met en Une le possible duel entre les deux hommes, évoquant un possible retour à la hâte de Johnson de ses vacances dans les Caraïbes.

A gauche, le tabloïd Daily Mirror reprend en grosses lettres le mot d'ordre du chef de l'opposition travailliste Keir Starmer: des élections législatives «MAINTENANT», sans attendre fin 2024-début 2025 comme prévu.

En coulisses, les différents aspirants comptent leurs soutiens pour atteindre le seuil des 100 parrainages requis d'ici lundi en début d'après-midi. Le nom du gagnant sera connu au plus tard vendredi prochain.

Les proches de Boris Johnson mettent en avant la légitimité qu'il tire de son triomphe électoral fin 2019. Ses opposants rappellent la succession de mensonges et d'affaires embarrassantes des trois ans de son mandat, qui ont laissé des traces profondes. Certains députés conservateurs avertissent même qu'ils démissionneront si Johnson revient.

Fervente soutien de Boris Johnson, son ex-ministre de la Culture Nadine Dorries a loué l'ancien dirigeant comme un «gagnant», dont «le parti a besoin pour survivre».

Nouveaux voyants économiques au rouge dans un Royaume-Uni en crise politico-financière

Intérêts record de la dette, chute des ventes au détail, confiance en berne: l'économie britannique accumule de nouveaux signaux négatifs dans un pays en pleine crise politico-financière.

Les intérêts de la dette britannique ont atteint 7,7 milliards de livres en septembre, 2,5 milliards de plus qu'un an auparavant et le montant le plus élevé versé depuis le début de ces statistiques mensuelles en 1997.

Depuis la mi-2021, la charge de la dette de l'Etat «a considérablement augmenté, non pas à cause de la hausse de la dette», mais «largement à cause de l'inflation», a commenté l'Office national des statistiques (ONS) vendredi dans son rapport mensuel.

L'emprunt public hors banques sous l'égide de l'Etat a augmenté de 2,2% sur un an à 200 milliards de livres en septembre, niveau le plus élevé jamais enregistré depuis le début de ces statistiques il y a trente ans, excepté le record pendant la pandémie de Covid-19.

La dette publique atteignait pour sa part - hors banques publiques - 2.450,2 milliards de livres fin septembre, représentant 98% du PIB et 2,5 points de pourcentage de PIB de plus qu'un an plus tôt.

«Pour stabiliser les marchés, j'ai clairement dit que des décisions difficiles allaient être prises afin de protéger» les comptes de l'Etat, a prévenu Jeremy Hunt, le Chancelier de l'Echiquier.

Nommé il y a une semaine dans l'urgence face à la débâcle sur les marchés entraînée par le «mini-budget» de son prédécesseur au ministère des Finances, Jeremy Hunt a aussitôt annulé la quasi-totalité de ces mesures budgétaires dispendieuses et non financées à l'effet dévastateur.

Il doit présenter un plan à moyen terme le 31 octobre, qui devrait inclure des baisses de dépenses publiques et de possibles hausses d'impôts, en totale opposition aux promesses de campagne de l'éphémère Première ministre Liz Truss, poussée à la démission jeudi face au naufrage de son gouvernement.

La pression monte notamment pour imposer une taxe sur les profits des compagnies énergétiques plus substantielle qu'actuellement. Et la presse britannique évoque une éventuelle taxation des banques, qui bénéficient de la flambée des taux d'intérêt.

- Crédibilité éreintée -

Le plan de Jeremy Hunt est toutefois incertain, le nouveau chancelier n'étant pas sûr de rester en poste dans le prochain gouvernement.

En plein marasme politique, le pays traverse aussi une tempête économique avec une activité à plat, une inflation à plus de 10% - la plus forte du G7 -, une crise énergétique et des millions de Britanniques qui basculent dans la pauvreté.

Le tout se ressent sur la consommation: les ventes au détail ont chuté de 1,4% en septembre comparé à août, et elles déclinent depuis des mois.

L'ONS explique ce recul en septembre non seulement par la hausse du coût de la vie, mais aussi par l'impact de la journée de congé national pour les funérailles de la reine Elizabeth II le mois dernier, avec la fermeture de très nombreux commerces.

L'indice GfK sur la confiance témoigne également d'une humeur en berne des consommateurs.

Après avoir bondi jeudi à l'annonce de la démission de Liz Truss, la livre retombait vendredi: elle perdait 0,33% à 1,1196 dollar, vers 07H45 GMT.

Son niveau historiquement très déprimé, tout comme le rebond à l'inverse des rendements de la dette à long terme sur le marché vendredi illustraient la défiance des investisseurs.

Le coût de la dette de l'Etat à 30 ans montait à 4,022% vers 07H45 GMT, repassant le seuil de 4%. Fin 2021, il ne valait qu'un peu plus de 1%.

Le «mini-budget» l'avait poussé à plus de 5%, fragilisant des fonds d'actifs détenus par les fonds de pension et la Banque d'Angleterre était intervenue pour empêcher une crise financière.

«Les turbulences politiques et la volte-face budgétaire ont éreinté la crédibilité» du pays chez les investisseurs internationaux, observe Richard Hunter, analyste d'Interactive Investor.

Les chiffres publiés vendredi ajoutent à ce tableau sombre et témoignent de la difficulté de la tâche pour le prochain gouvernement.

- Processus accéléré -

«Il a eu sa chance», a estimé à l'inverse sur les ondes de la BBC David Lidington, ancien membre du gouvernement de Theresa May.

Vu par le camp Johnson comme un traître qui a précipité la chute de Johnson, Rishi Sunak était le candidat préféré des députés conservateur, avant d'être finalement écarté au profit de Liz Truss par les adhérents.

L'actuelle ministre des Relations avec le Parlement, Penny Mordaunt, coqueluche des militants tories qui était arrivée troisième, fait également figure de candidate très sérieuse.

Quel que soit le futur Premier ministre, il prendra la tête d'un parti miné par les divisions face à une opposition au plus haut dans les sondages, mais surtout d'un pays plongé dans une grave crise du coût de la vie.

L'inflation dépasse les 10%, au plus haut depuis 40 ans, dans un contexte social tendu au Royaume-Uni, où les grèves se sont multipliées ces derniers mois, notamment dans les transports.

Le futur chef du gouvernement sera le cinquième depuis le référendum du Brexit en 2016 et le troisième en deux mois. Un rythme qui, ont raillé certains observateurs sur Twitter, permettrait au roi Charles de battre le record de sa mère Elizabeth II, 15 Premiers ministres, d'ici l'été 2024.

- Records battus -

Afin qu'un nouveau Premier ministre soit désigné d'ici au vendredi 28 octobre, un processus accéléré a été mis en place par le Parti conservateur, au pouvoir depuis douze ans.

Le seuil des 100 parrainages limite ainsi à trois au maximum le nombre des candidats, le parti comptant 357 députés à la Chambre des Communes.

Ensuite, les députés devront soit se mettre d'accord sur deux noms que les 170.000 adhérents du parti devront départager par un vote en ligne d'ici au 28 octobre, soit sur le nom d'une seule personne qui entrerait alors immédiatement à Downing Street. En attendant, Liz Truss reste au pouvoir.

Arrivée le 6 septembre à son poste, Liz Truss a été emportée par une profonde crise de confiance après des revirements pour calmer la tempête sur les marchés déclenchée par les annonces budgétaires de son gouvernement.

Elle a battu des records d'impopularité et décroche le titre peu enviable de Première ministre la plus éphémère que le Royaume-Uni ait jamais connue.

Les favoris pour remplacer Liz Truss

Après la démission de la Première ministre britannique Liz Truss, trois favoris émergent pour lui succéder: Rishi Sunak, Penny Mordaunt mais aussi Boris Johnson, dont les velléités de retour bousculent le scrutin au sein du Parti conservateur.

 

- Boris Johnson -

La révélation par The Times que l'ancien dirigeant compte se présenter dans "l'intérêt national" a mis Westminster en ébullition.

Trois mois et demi après avoir jeté l'éponge après une vague de départs dans son gouvernement, lassé des scandales et de ses mensonges, l'entourage de "BoJo" fait savoir qu'il s'apprête à rentrer de ses vacances dans les Caraïbes pour se lancer et selon certains médias, il dispose des 100 parrainages de députés nécessaires. S'il passait le premier filtre des élus, il aurait toutes les chances de revenir: il reste le plus populaire des favoris au sein des adhérents du Parti conservateur, selon un récent sondage YouGov.

A 58 ans, l'ancien journaliste, maire de Londres et chef de la diplomatie, champion du Brexit, a pour lui d'avoir mené son parti à une victoire électorale historique en 2019. Pour ses soutiens, son charisme et son optimisme à toute épreuve sont indispensables pour éviter une déroute électorale, vu les sondages catastrophiques et la crise sociale.

La perspective d'un retour a cependant provoqué une levée de boucliers de ses détracteurs, certains élus menaçant de démissionner. "Ce pays a besoin de compétence en ces temps de grandes défis économiques", a protesté l'ancien ministre David Lidington sur la BBC, alors que Boris Johnson n'est pas réputé pour son sens du détail.

Son élection risquerait d'aggraver les divisions déjà vives au sein de la majorité.

Autre obstacle: l'ancien Premier ministre reste sous le coup d'une enquête parlementaire devant déterminer s'il a menti au Parlement lors du scandale du "partygate" et risque une suspension de son mandat de député.

- Rishi Sunak -

Avant le retour dans le jeu de Boris Johnson, il semblait que l'heure de la revanche était venue pour Rishi Sunak. L'ancien ministre des Finances âgé de 42 ans était arrivé deuxième face à Liz Truss, la devançait même au sein des députés, et il avait passé sa campagne à mettre en garde contre les conséquences désastreuses du "conte de fée" que constituait selon lui le programme économique de sa rivale.

L'histoire lui a donné raison et vu la tempête économique de ces dernières semaines, cet ancien banquier attaché à l'orthodoxie budgétaire, apparaît comme une figure rassurante pour l'opinion et les marchés.

Ce fan de Star Wars, député depuis 2015, a été nommé au poste prestigieux de Chancelier de l'Echiquier juste avant la pandémie de Covid-19 et sa gestion de la crise, avec des aides massives aux ménages et entreprises, a été dans l'ensemble saluée.

Il a contre lui, en pleine crise du coût de la vie, son image de richissime banquier passé par les écoles et universités d'élite puis Goldman Sachs. Surtout, une partie de sa formation politique ne lui pardonne pas sa démission du gouvernement début juillet et l'assimile à une trahison qui a précipité la chute de Boris Johnson.

Elu, ce petit-fils d'immigrés indiens deviendrait le premier chef de gouvernement non blanc au Royaume-Uni.

- Penny Mordaunt -

Elle était candidate contre Liz Truss pour succéder à Boris Johnson cet été, et dans les premiers tours de scrutin avait suscité un réel engouement.

Charismatique, l'actuelle ministre chargée des relations avec le Parlement, âgée de 49 ans, s'est illustrée lundi quand elle a représenté Liz Truss pour répondre à l'opposition. Elle a défendu le changement de cap économique, maniant fermeté et humour, expliquant que la Première ministre "ne se cache pas sous un bureau".

La fibre patriotique de cette réserviste de la Royal Navy, première femme ministre de la Défense, parle à la base du parti. Elle a aussi pour elle le fait d'avoir fait campagne pour le Brexit dès 2016.

Après des petits boulots pour payer sa scolarité, cette femme aux faux airs de Catherine Deneuve a étudié la philosophie et a travaillé dans les relations publiques, auprès du dirigeant conservateur William Hague ou aux Etats-Unis pour la campagne présidentielle de George W. Bush, avant d'être élue députée en 2010.

Hors politique, elle s'est illustrée en participant à la télévision à un concours caritatif de plongeon en 2014.


Selon une source ukrainienne , Zelensky ne serait pas prêt à signer un accord sur les minerais avec Washington

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP )
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP )
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Le président ukrainien Volodymyr Zelensky n'est « pas prêt » à signer un accord avec les États-Unis qui leur offrirait un accès préférentiel aux minerais du pays, a affirmé samedi à l'AFP une source ukrainienne proche du dossier, alors que les deux pays sont en pleines tensions.

Donald Trump réclame depuis plusieurs semaines l'équivalent de 500 milliards de dollars de terres rares, en guise de dédommagement, selon lui, du soutien américain à Kiev face à l'invasion russe, une condition qu'Ukraine ne peut accepter pour l'instant.

« Le président ukrainien n'est pas prêt à accepter le projet dans sa forme actuelle. Nous essayons toujours de faire des changements de manière constructive », a expliqué cette source ukrainienne qui a requis l'anonymat.

« Ils veulent nous soutirer 500 milliards de dollars », a-t-elle accusé.

« Quel genre de partenariat est-ce là ? (...) Et pourquoi devons-nous donner 500 milliards, il n'y a pas de réponse », a-t-elle encore dit, affirmant que Kiev avait « proposé des amendements. Ils ont été soumis ».

Depuis l'appel entre Donald Trump et Vladimir Poutine le 12 février, Moscou et Washington ont exprimé leur volonté de repartir sur de nouvelles bases, et le président américain a complètement renversé la position de son pays concernant la guerre en Ukraine, en reprenant la rhétorique du Kremlin sur la responsabilité de Kiev.

Le 24 février 2022, l'Ukraine a été envahie par la Russie, le Kremlin affirmant agir pour protéger le pays contre la menace de l'OTAN et empêcher un élargissement de l'organisation.

Donald Trump souhaite négocier un accord avec l'Ukraine afin d'obtenir un accès à 50 % de ses minerais stratégiques, en guise de compensation pour l'aide militaire et économique déjà fournie à Kiev.

Le conseiller à la sécurité nationale de M. Trump, Mike Waltz, s'est montré très pressant vendredi.

« Le président Zelensky va signer cet accord, et vous le verrez à très court terme, et c'est bon pour l'Ukraine », a-t-il insisté lors d'un rassemblement de conservateurs près de Washington.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a rejeté avec vigueur la première proposition américaine d'accord, arguant qu'il ne pouvait « pas vendre » son pays.

Il a toutefois laissé la porte ouverte à des « investissements » américains en échange de telles garanties.

De son côté, Donald Trump affirme que les États-Unis ont dépensé 350 milliards de dollars pour s'engager dans une guerre qui ne pouvait pas être gagnée. Or, selon l'institut économique IfW Kiel, l'aide américaine globale à l'Ukraine, financière, humanitaire et militaire, a atteint 114,2 milliards d'euros (près de 120 milliards de dollars au cours actuel) entre début 2022 et fin 2024, dont 64 milliards d'euros en assistance militaire.

Le 1er février, M. Zelensky a assuré que l'Ukraine n'avait reçu à ce stade que 75 des 177 milliards de dollars d'aide votée par le Congrès américain.


Les États-Unis proposent à l'ONU une résolution pour « une fin rapide » du conflit en Ukraine

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (G) accueille l'envoyé américain Keith Kellogg dans ses bureaux à Kiev le 20 février 2025, dans le contexte de l'invasion russe de l'Ukraine.  (Photo par Sergei SUPINSKY / AFP)
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (G) accueille l'envoyé américain Keith Kellogg dans ses bureaux à Kiev le 20 février 2025, dans le contexte de l'invasion russe de l'Ukraine. (Photo par Sergei SUPINSKY / AFP)
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  • Les États-Unis ont proposé un projet de résolution à l'Assemblée générale de l'ONU qui ne mentionne pas le respect de l'intégrité territoriale de l'Ukraine.
  • Le texte proposé par les États-Unis ne condamne pas l'agression russe ni ne fait référence explicite à l'intégrité territoriale de l'Ukraine, ce qui ressemble à une trahison de la part de Kiev et à un coup bas contre l'UE.

NATIONS-UNIES : Les États-Unis ont proposé un projet de résolution à l'Assemblée générale de l'ONU qui ne mentionne pas le respect de l'intégrité territoriale du pays, après une nouvelle attaque du président américain Donald Trump contre son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky.

Dans un communiqué, le secrétaire d'État américain, Marco Rubio, a exhorté les pays membres de l'ONU à approuver cette nouvelle résolution « simple » et « historique », et « tous les États membres à la soutenir, afin de tracer un chemin vers la paix ».

« Cette résolution est une bonne idée », a rapidement commenté l'ambassadeur russe à l'ONU, Vassili Nebenzia, déplorant toutefois l'absence de référence « aux racines » du conflit.

Les Européens, désarçonnés par l'ouverture du dialogue américano-russe sur l'Ukraine, n'avaient pas réagi samedi matin à la proposition américaine.

« Nous n'avons pas de commentaire pour l'instant », a simplement indiqué l'ambassadeur français à l'ONU Nicolas de Rivière, alors que l'Assemblée générale doit se réunir lundi.

Le texte proposé par les États-Unis ne condamne pas l'agression russe ni ne fait référence explicite à l'intégrité territoriale de l'Ukraine, ce qui ressemble à une trahison de la part de Kiev et à un coup bas contre l'UE, mais aussi à un mépris pour les principes fondamentaux du droit international », a déclaré à l'AFP Richard Gowan, de l'International Crisis Group.

L'Assemblée générale de l'ONU se réunit lundi pour marquer le troisième anniversaire de l'invasion russe de l'Ukraine.

À cette occasion, l'Ukraine et les Européens ont préparé un projet de résolution qui souligne la nécessité de « redoubler » d'efforts diplomatiques pour mettre fin à la guerre « cette année », et prend note des initiatives de plusieurs États membres ayant présenté « leur vision pour un accord de paix complet et durable ».

Le texte réitère également les précédentes demandes de l'Assemblée générale, appelant à un retrait immédiat et inconditionnel des troupes russes d'Ukraine ainsi qu'à la cessation des attaques de la Russie contre l'Ukraine.

Ces précédents votes avaient rassemblé plus de 140 voix sur les 193 États membres.

Les nouvelles salves de M. Trump contre M. Zelensky interviennent alors que la visite de l'émissaire du président américain, Keith Kellogg, semblait avoir apaisé la situation. Ces nouvelles attaques de M. Trump contre M. Zelensky font suite à des premières invectives virulentes plus tôt dans la semaine, qui avaient suscité une vive réaction de la part de Kiev et la stupéfaction de ses alliés européens.

M. Zelensky avait déclaré avoir eu des échanges « productifs » avec M. Kellogg, et ce dernier l'avait qualifié de « dirigeant courageux et assiégé d'une nation en guerre ».

Vendredi, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a réaffirmé que le président Vladimir Poutine était « ouvert » à des pourparlers de paix.

La Russie exige notamment que l'Ukraine lui cède quatre régions ukrainiennes, en plus de la Crimée qu'elle a annexée en 2014, et qu'elle n'adhère jamais à l'Otan. Des conditions jugées inacceptables par les autorités ukrainiennes qui demandent à leurs alliés des garanties de sécurité solides.

M. Trump et ses collaborateurs ont jugé « irréaliste » l'adhésion de l'Ukraine à l'Otan et son ambition de reprendre ses territoires perdus à la Russie.

Sur le terrain, la situation reste difficile pour les troupes ukrainiennes. L'armée russe a revendiqué vendredi la prise de deux localités dans l'est de l'Ukraine.


60 ans après, l'assassinat de Malcolm X continue de secouer l'Amérique

L'avocat Ben Crump (à droite) et la fille de Malcolm X, Ilyasah Shabazz, s'adressent à la presse pour demander la déclassification des documents du pasteur musulman afro-américain et militant des droits de l'homme Malcolm X, à l'occasion du 60e anniversaire de son assassinat, à Harlem, dans l'État de New York, le 21 février 2025. La conférence de presse s'est tenue au Malcolm X and Dr Betty Shabazz Memorial and Educational Center, dans la salle de bal où Malcolm X a été assassiné le 21 février 1965. (Photo de CHARLY TRIBALLEAU / AFP)
L'avocat Ben Crump (à droite) et la fille de Malcolm X, Ilyasah Shabazz, s'adressent à la presse pour demander la déclassification des documents du pasteur musulman afro-américain et militant des droits de l'homme Malcolm X, à l'occasion du 60e anniversaire de son assassinat, à Harlem, dans l'État de New York, le 21 février 2025. La conférence de presse s'est tenue au Malcolm X and Dr Betty Shabazz Memorial and Educational Center, dans la salle de bal où Malcolm X a été assassiné le 21 février 1965. (Photo de CHARLY TRIBALLEAU / AFP)
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  • Six décennies jour pour jour après sa mort, un hommage est rendu vendredi à la figure de proue du mouvement « Black Power », notamment pour son héritage en matière de « justice sociale ».
  • « Nous espérons que la vérité tant attendue éclatera, après 60 ans d'attente, et que ce qui s'est passé sera documenté », explique à l'AFP Ilyasah Shabazz, la fille de Malcolm X.

NEW-YORK : Six décennies jour pour jour après sa mort, un hommage est rendu vendredi à la figure de proue du mouvement « Black Power », notamment pour son héritage en matière de « justice sociale ». C'est ce que rappelle le Shabazz Center, le mémorial et centre éducatif installé dans l'ancienne salle de bal de Harlem où il a été abattu à 39 ans, au faîte de son influence, et ce quelques mois seulement après l'abolition de la ségrégation raciale.

Qui a commandité le meurtre ? Comment le drame a-t-il pu survenir en pleine réunion publique, alors que les menaces pesant sur le militant, porte-voix de la « Nation of Islam » puis de l'abolition des discriminations, étaient connues des autorités ?

Pour obtenir des réponses, sa famille a engagé en novembre 2024 des poursuites au civil spectaculaires, réclamant 100 millions de dollars aux forces de l'ordre et aux agences fédérales qu'elle accuse, selon elle, d'avoir joué un rôle à divers degrés dans son assassinat.

Dans ce dossier qui doit entrer dans le vif du sujet début mars devant un tribunal de Manhattan, la famille assure disposer d'éléments nouveaux lui permettant d'assigner en justice la police de New York (NYPD), le FBI ou encore la CIA.

« Nous espérons que la vérité tant attendue éclatera, après 60 ans d'attente, et que ce qui s'est passé sera documenté », explique à l'AFP Ilyasah Shabazz, la fille de Malcolm X.

- « Qui a donné l'ordre ? » -

Selon l'assignation en justice, la famille du leader afro-américain, également connu sous le nom d'El-Hajj Malik El-Shabazz, estime que les forces de l'ordre et les services de renseignement américains ont sciemment désengagé les policiers dont la mission était de le protéger la nuit du drame.

Des agents en civil ne sont pas non plus intervenus au moment des faits et, depuis sa mort, les agences de renseignement s'emploieraient à dissimuler leurs agissements, selon la plainte.

Contactée par l'AFP, la police de New York n'a pas souhaité s'exprimer pour l'instant.

« Cette dissimulation a duré des décennies, privant la famille Shabazz de la vérité et de leur droit à obtenir justice », estime auprès de l'AFP Me Ben Crump, qui défend le dossier pour les filles de Malcolm X.

« Nous écrivons l'histoire en nous dressant ici face à ces torts et en demandant des comptes devant les tribunaux », se félicite le conseil, qui a demandé vendredi la « déclassification de documents » liés à ce dossier.

L'affaire avait déjà rebondi en 2021, lorsque deux des trois anciens hommes reconnus coupables de l'assassinat et ayant passé plus de vingt ans derrière les barreaux ont finalement été innocentés, ce qui constitue l'une des plus grandes erreurs judiciaires des États-Unis. En réparation, les deux Afro-Américains ont touché 36 millions de dollars de la part de la ville et de l'État de New York.

« On sait déjà assez précisément comment l'assassinat de Malcolm X s'est déroulé. On sait qui en est responsable : cinq membres de la Nation of Islam. La seule chose qu'on ignore, c'est qui a donné l'ordre », observe Abdur-Rahman Muhammad, historien et spécialiste reconnu du dossier, dont les travaux pendant des décennies ont contribué à disculper les deux accusés à tort.

Selon lui, les éléments mis en avant aujourd'hui par la famille de Malcolm X sont « peu crédibles ».

Il concède toutefois que « si la plainte permet de déterminer qui a donné l'ordre final, alors elle aura de la valeur ».

Cet énième rebondissement aura au moins permis de remettre en avant « l'héritage » de Malcolm X, plus important que jamais sous le second mandat de Donald Trump, « ennemi implacable » de la communauté noire, affirme l'historien.

« Cela va inciter les Afro-Américains à se serrer les coudes », anticipe Abdur-Rahman Muhammad. « En résumé, la communauté noire doit revenir au message de Malcolm : lutter. »