BEYROUTH: Les députés libanais ont une nouvelle fois échoué jeudi à élire un successeur au président de la République Michel Aoun, alimentant les craintes d'une vacance du pouvoir à l'expiration du mandat du chef de l'Etat le 31 octobre.
Le Parlement, qui compte 128 députés, est profondément divisé et aucun camp, que ce soit celui du puissant Hezbollah pro-iranien ou celui de ses opposants, n'y dispose d'une claire majorité depuis les législatives de mai.
Le processus d'élection d'un nouveau président pourrait prendre des mois dans un pays miné par les divergences politiques qui empêchent aussi la formation d'un gouvernement.
Le député Michel Moawad, qui tente de réunir les voix du camp opposé au Hezbollah, a obtenu 42 votes, mais ce résultat est encore loin des 86 voix nécessaires pour être élu au premier tour. Fils du président René Moawad assassiné en 1989, il avait obtenu 36 voix lors de la dernière séance, il y a deux semaines.
Cinquante-cinq députés ont voté blanc, dont les parlementaires du camp pro-Hezbollah.
"Nous oeuvrons à unifier les rangs de l'opposition autour d'un seul nom, mais nous rencontrons des difficultés", a admis le député Sami Gemayel, du parti chrétien des Kataëb, dans une déclaration à la presse.
Le député du Hezbollah Hassan Fadlallah a déploré pour sa part qu'il n'y avait "même pas de dialogue entre les différents blocs parlementaires".
La prochaine séance a été fixée au 24 octobre. La semaine dernière, la séance n'avait pas pu se tenir faute de quorum.
Lors d'une visite au Liban le 14 octobre, la cheffe de la diplomatie française Catherine Colonna avait appelé, au nom de ses partenaires européens, à l'élection rapide d'un successeur à Michel Aoun, estimant que "le Liban ne peut plus aujourd'hui prendre le risque d'une vacance du pouvoir".
L'élection de Michel Aoun avait eu lieu en 2016 après une vacance de 29 mois au sommet de l'Etat, et des dizaines de séances de vote au Parlement pour tenter de parvenir à un consensus sur un candidat.
Le Liban est plongé depuis trois ans dans une profonde crise économique imputée par une grande partie de la population à la mauvaise gestion et la corruption d'une classe dirigeante en place depuis des décennies.
En vertu du système confessionnel de partage du pouvoir en vigueur, la présidence de la République est réservée à un chrétien maronite. Les prérogatives du chef de l'Etat ont été fortement réduites depuis la fin de la guerre civile (1975-1990).