BEYROUTH: Le choléra se propage rapidement au Liban: quatre-vingts cas confirmés ont été enregistrés en deux jours cette semaine.
Le ministre de la Santé, Firas Abiad, a déclaré mercredi dernier que la majorité d'entre eux se trouvaient parmi les réfugiés syriens. Il a toutefois ajouté qu’il y avait eu «une augmentation des cas parmi les Libanais».
Le ministère a précisé que le total des personnes contaminées s’élevait désormais à cent soixante-neuf. Deux d’entre elles habitent au Kesrouan, dans le Mont-Liban. Deux décès supplémentaires ont également été enregistrés, portant le bilan à cinq.
Le Liban a recensé ses deux premiers cas de choléra le 5 octobre. Il s’agissait d’un réfugié syrien et d’une femme libanaise de la région d’Akkar, au nord du pays. Cette zone compte plusieurs points de passage frontaliers avec la Syrie, où des centaines de cas ont également été dénombrés.
«L'eau contaminée dans de nombreuses régions est principalement responsable de l'augmentation des cas, en plus de la contamination des légumes par l'eau d'irrigation. Le fait d'entrer en contact avec une personne infectée est également à prendre en compte», a déclaré M. Abiad.
Ce dernier a ajouté que les coupures de courant continuelles privent les stations de pompage d'une quantité «suffisante» d'eau propre.
«L'eau qui reste dans les canalisations devient polluée au bout d'un certain temps et il est important d'alimenter les stations de traitement de l'eau avec suffisamment d'énergie afin de garantir une eau propre», a-t-il précisé.
«L'Unicef a obtenu du diesel pour les stations de pompage d'eau de la Bekaa et du Nord afin de se débarrasser de toute eau qui pourrait être contaminée.»
M. Abiad a expliqué que la solution à la propagation de la maladie réside dans «la sécurisation d'une quantité suffisante de chlore qui sera distribuée pour purifier l'eau». Il a indiqué que son ministère équipait un hôpital de campagne à Arsal, à la frontière syrienne.
«Huit hôpitaux de campagne sont prêts. Les vaccins disponibles dans le monde sont rares en raison de la présence de plusieurs points chauds du choléra, mais on nous en a promis un certain nombre.»
La contamination de la maladie au Liban a considérablement affecté le secteur de la santé dans un contexte d'effondrement économique. Le pays a connu une épidémie de choléra il y a trente-deux ans; elle avait fait de nombreux morts.
Le Dr Bilel Abdallah, député et membre de la commission parlementaire de la santé, a déclaré que l'augmentation du nombre de cas était préoccupante.
«Les autorités compétentes devraient suivre les questions d'assainissement, de sécurité de l'eau et les procédures des organisations internationales responsables ainsi que contrôler les mouvements à la frontière en direction et en provenance des zones infestées en Syrie», a-t-il recommandé.
La maladie a progressé dans la région de la Bekaa, avec quatorze personnes contaminées à ce jour. La semaine dernière, un cas a été enregistré dans le camp de Qab Elias chez un réfugié qui venait d’un camp infecté dans le nord du Liban. Deux cas ont également été constatés dans le camp de Temnine el-Tahta.
Dans un rapport qu’a obtenu Arab News, l’Unicef, l'organisation humanitaire des Nations unies, a indiqué que «les récentes crises qui se chevauchent ont considérablement affecté les conditions d’accès, pour la population du pays et ses réfugiés, aux services de santé, à l'eau potable et aux services d'assainissement».
Il s'attend à ce que «les cas continuent d'augmenter».
L'Unicef a déclaré qu'il avait «développé un plan d'intervention conjoint pour contenir les épidémies de choléra et réduire la mortalité», en coopération avec l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et le gouvernement.
Son intervention immédiate consistera à renforcer les systèmes actuels d'approvisionnement en eau et d'assainissement.
L’organisation a fait savoir que, depuis le 8 octobre, il a distribué 80 000 litres de carburant aux stations de pompage d'eau et à celles de traitement des eaux usées.
Elle a également acheté du matériel médical, dont 150 000 sels de réhydratation orale et des kits de traitement du choléra en quantité suffisante afin d’aider 5 000 patients atteints du choléra ou présentant des symptômes tels que des diarrhées modérées à sévères.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com