Au Liban, les riverains d'une centrale électrique l'accusent de les tuer à petit feu

Zouk, une ancienne bourgade agricole à majorité chrétienne, à une vingtaine de kilomètres au nord de Beyrouth, a été défigurée par l'urbanisation galopante des dernières décennies (Photo, AFP).
Zouk, une ancienne bourgade agricole à majorité chrétienne, à une vingtaine de kilomètres au nord de Beyrouth, a été défigurée par l'urbanisation galopante des dernières décennies (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 19 octobre 2022

Au Liban, les riverains d'une centrale électrique l'accusent de les tuer à petit feu

  • En 2018, Greenpeace a désigné l'agglomération de Jounieh, dont Zouk fait partie, comme la cinquième ville la plus polluée du monde arabe
  • La centrale de Zouk, construite dans les années 40, avait notamment été pointée du doigt par Greenpeace

ZOUK MIKAEL, Liban: Zeina Matar a perdu deux oncles d'un cancer du poumon; sa soeur et un cousin ont succombé à une fibrose pulmonaire. Dans la petite ville de Zouk, au nord de Beyrouth, les habitants accusent la centrale électrique vétuste de les tuer à petit feu.

"Il se peut qu'on meure demain", affirme Zeina Matar, une brunette énergique de 40 ans, qui dit "ne pas oser consulter" un médecin de crainte des résultats.

Comme de nombreux habitants du quartier jouxtant les centrales de Zouk Mikaël, Zeina vit un calvaire. Elle se réfugie désormais la plupart du temps chez son mari, dans le sud du Liban.

"On doit tout subir, même le bruit", sans électricité en retour, regrette sa cousine Rita, 50 ans, en sirotant son café sur sa terrasse, avec vue sur la centrale, qui dégage parfois une épaisse fumée noire.

Car du fait de l'effondrement de l'économie libanaise en 2019 après des décennies de corruption et de mauvaise gestion, l'Etat est incapable de fournir de l'électricité plus d'une heure par jour.

Zouk, une ancienne bourgade agricole à majorité chrétienne, à une vingtaine de kilomètres au nord de Beyrouth, a été défigurée par l'urbanisation galopante des dernières décennies.

En 2018, une étude de l'ONG Greenpeace, basée sur des images satellites et les niveaux de dioxyde d'azote (NO2) dans l'atmosphère, a désigné l'agglomération de Jounieh, dont Zouk fait partie, comme la cinquième ville la plus polluée du monde arabe et la 23ᵉ mondialement.

La centrale de Zouk, construite dans les années 40, avait notamment été pointée du doigt par Greenpeace. Egalement mis en cause, les embouteillages monstres et les générateurs privés sur lesquels se rabattent les Libanais pour pallier les déficiences de l'Etat.

Pour ne rien aider, les montagnes environnantes retiennent les émissions, faisant de la baie une cuve.

"Les cheminées de la centrale étant trop basses, leurs émissions se heurtent aux montagnes", explique Paul Makhlouf, pneumologue de l'hôpital Notre Dame du Liban de Jounieh.

Linge «troué»

Depuis 1994, il a fait plusieurs études sur le phénomène et fait part de sa "détresse" face à l'inaction des autorités.

"Quand j'ai vu les résultats, j'ai déménagé d'ici, j'ai fui", affirme le médecin originaire de Zouk.

Dans sa clinique en 2014, les problèmes pulmonaires des habitants vivant autour de la centrale augmentaient anormalement de 2,5 à 3% par an.

Aujourd'hui, d'après les estimations, l'augmentation annuelle est "de 5 voire 6%", s'alarme-t-il.

Il évoque notamment une hausse annuelle des cancers et maladies de la peau chez les adultes et des maladies respiratoires chez les enfants.

Le fioul utilisé est "riche en sulfure et en monoxyde d’azote, tous deux cancérigènes, affectant surtout l’appareil respiratoire et la peau", explique le docteur Makhlouf.

Comme Rita, Zeina étend son linge désormais à l'intérieur, les murs de sa terrasse étant noircis par les émissions de la centrale.

"Après quelques lessives, nos vêtements sont troués (par le sulfure), bons à jeter", affirme-t-elle.

Une deuxième centrale censée fonctionner au gaz a été construite en 2014, "sans autorisation de la municipalité", affirme le maire de Zouk, Elie Beaino, déplorant "l'absence d'étude sur l'impact environnemental".

En dépit de ses nombreux avertissements aux différents ministères concernés, "rien n'a été fait".

Aujourd'hui, l'ancienne centrale ne fonctionne plus qu'une heure par jour, uniquement pour alimenter les institutions vitales du pays.

Mais face à l'urgence, l'Etat libanais a recours à du fioul de mauvaise qualité.

"On est parfois réveillés par une lourde explosion en pleine nuit", due au nettoyage du fioul lourd, déplore la mère de Rita, Samia Matar, 80 ans.

"Quand le fioul est déversé, on ferme les fenêtres, car l'odeur est insupportable", explique Zeina.

"La plupart des habitants réclament la fermeture des centrales", affirme M. Beaino.

«Sept fois plus de cancers»

"Nos résultats en 2018 ont montré qu'il y avait sept fois plus de cancers", à Jounieh qu'autour du campus de l'Université américaine de Beyrouth (AUB), affirme la députée écologiste Najat Saliba, qui a participé à la dernière étude en date de l'AUB.

Selon la députée, issue du mouvement de contestation d'octobre 2019, la combustion incomplète de ce fioul lourd toxique n'est pas appropriée en ville.

En attendant de fermer la centrale, "la solution, c'est d'importer du fioul de qualité et du gaz", explique-t-elle.

Début septembre, une épaisse fumée noire s'était dégagée de la centrale après l'utilisation de fioul lourd, provoquant un tollé sur les réseaux sociaux.

Le ministère de l'Energie avait alors expliqué avoir été forcé d'utiliser ce fioul de manière "exceptionnelle" pour "continuer d'alimenter l'aéroport, les hôpitaux et autres institutions vitales".

Depuis, les ingénieurs activent surtout la centrale la nuit, loin des caméras.


Les États-Unis débloquent 117 millions de dollars pour les Forces libanaises

Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
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  • Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».
  • C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

WASHINGTON : Lles États-Unis ont annoncé  samedi le transfert de 117 millions de dollars destinés à soutenir les forces de l'ordre et l'armée libanaises, à l'issue d'une réunion de donateurs internationaux, jeudi.

Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».

C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

Un cessez-le-feu a pris effet fin novembre entre le mouvement islamiste pro-iranien Hezbollah et Israël, après plus d'un an de bombardements de part et d'autre, ainsi qu'une incursion des forces israéliennes en territoire libanais à partir de fin septembre.

L'enveloppe annoncée samedi par le département d'État « démontre son engagement à continuer à travailler avec ses partenaires et alliés pour s'assurer que le Liban bénéficie du soutien nécessaire pour renforcer la sécurité du pays et de la région ».

Samedi, le président libanais, Joseph Aoun, a réclamé le retrait de l'armée israélienne « dans les délais fixés » par l'accord de cessez-le-feu.

Ce dernier prévoit le déploiement de l'armée libanaise aux côtés des Casques bleus dans le sud du pays et le retrait de l'armée israélienne dans un délai de 60 jours, soit d'ici au 26 janvier.

Le Hezbollah doit, pour sa part, retirer ses forces au nord du fleuve Litani, à environ 30 km de la frontière libano-israélienne. 


Manifestation pour revendiquer la libération de l'opposante Abir Moussi

Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
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  • Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.
  • Soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

TUNIS : Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.

Brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Liberté pour Abir » ou « Nous sommes des opposants, pas des traîtres ! », ils étaient entre 500 et 1 000, selon des journalistes de l'AFP. Beaucoup portaient des drapeaux tunisiens et des photos de la dirigeante du PDL.

Ils ont critiqué virulemment à la fois le président Kaïs Saied et le parti islamo-conservateur d'opposition Ennahdha. Mme Moussi, ex-députée de 49 ans, est en détention depuis son arrestation le 3 octobre 2023 devant le palais présidentiel, où, selon son parti, elle était venue déposer des recours contre des décrets de M. Saied.

Mme Moussi fait l'objet de plusieurs accusations, dont celle particulièrement grave de tentative « ayant pour but de changer la forme de l'État », soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

Les manifestants ont dénoncé le décret 54 sur les « fausses nouvelles », en vertu duquel Mme Moussi est poursuivie dans cette affaire, et dont l'interprétation très large a entraîné l'incarcération depuis septembre 2022 de dizaines de politiciens, d'avocats, de militants ou de journalistes.

Pour Thameur Saad, dirigeant du PDL, emprisonner Mme Moussi pour des critiques envers l'Isie « n'est pas digne d'un pays se disant démocratique ». « Les prisons tunisiennes sont désormais remplies de victimes du décret 54 », a renchéri à l'AFP Karim Krifa, membre du comité de défense de Mme Moussi.

D'autres figures de l'opposition, dont le chef d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, sont également emprisonnées.

Depuis le coup de force de M. Saied à l'été 2021, l'opposition et les ONG tunisiennes et étrangères ont déploré une régression des droits et des libertés en Tunisie. Le chef de l'État a été réélu à une écrasante majorité de plus de 90 % des voix le 6 octobre, lors d'un scrutin marqué toutefois par une participation très faible (moins de 30 %).


L'Égypte annonce que 50 camions-citernes de carburant entreront chaque jour dans la bande de Gaza

Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
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  • Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.
  • M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

LE CAIRE : Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.

M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

La trêve devrait entrer en vigueur dimanche à 13 h 30 GMT, ouvrant ainsi la voie à un afflux massif d'aide, selon les médiateurs.

Des centaines de camions sont garés du côté égyptien du poste frontière de Rafah, un point d'entrée autrefois vital pour l'aide humanitaire, fermé depuis mai, lorsque les forces israéliennes ont pris le contrôle du côté palestinien du point de passage.

Au cours d'une conférence de presse conjointe avec son homologue nigérian, M. Abdelatty a déclaré : « Nous espérons que 300 camions se rendront au nord de la bande de Gaza », où des milliers de personnes sont bloquées dans des conditions que les agences humanitaires qualifient d'apocalyptiques.

Les travailleurs humanitaires ont mis en garde contre les obstacles monumentaux qui pourraient entraver les opérations d'aide, notamment la destruction des infrastructures qui traitaient auparavant les livraisons.