BEYROUTH: Saadeh al-Chami, vice-premier ministre intérimaire du Liban, a averti mardi que «bien que les institutions internationales soient toujours intéressées à aider le Liban», la patience de la communauté internationale s'amenuise en raison de la lenteur des réformes économiques dans le pays.
Il a déclaré que l’attention du monde se porte plutôt sur les pays pauvres et émergents qui sont en difficulté en raison des conditions économiques mondiales difficiles.
Depuis octobre 2019, le Liban est en proie à une crise économique dévastatrice qui a plongé les deux tiers de la population dans la pauvreté.
Al-Chami, qui était à la tête de la délégation libanaise aux réunions annuelles du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale du 10 au 16 octobre à Washington, a signalé: «Le Liban doit respecter les échéances constitutionnelles, en particulier les élections présidentielles et la formation d'un gouvernement doté des pleins pouvoirs, afin d'accélérer la mise en œuvre des réformes nécessaires pour ne pas perdre le soutien de la communauté internationale dans ces circonstances difficiles.
«Nous ne pouvons pas demander aux autres ce que nous ne demandons pas à nous-mêmes; nous devons nous aider nous-mêmes pour que les autres puissent nous aider.»
Une séance parlementaire a eu lieu mardi pour élire les membres des commissions officielles, suivie d'une séance législative dont l'ordre du jour comprenait un projet de loi visant à faire des amendements sur les opérations bancaires du pays et à les rendre plus transparents, une réforme cruciale exigée par le FMI avant de pouvoir fournir une aide économique internationale.
Le député Ibrahim Kanaan, chef de la Commission des finances et du budget, a signalé: «Nous nous coordonnons avec le FMI et nous nous sommes mis d'accord sur la majorité des points du projet de loi, à l'exception d'un point pivot et essentiel lié à la protection des informations personnelles et des droits des déposants.»
Cependant, des groupes d'activistes tels que l'Agenda juridique, Kulluna Irada, le Comité pour la protection des droits des déposants et l'Association libanaise pour les droits des contribuables ont protesté contre la Commission parlementaire qui a apporté des amendements au projet de loi bancaire sans tenir compte de son objectif principal, qui est d'éliminer le secret dans le secteur et d'établir des mécanismes pour assurer l'imputabilité.
Sibylle Rizk, directrice des politiques publiques de Kulluna Irada, a déclaré: «Vérifier les comptes de la Banque centrale et des autres banques et déterminer les sources de fonds est le point de départ de la restructuration du secteur bancaire de manière équitable pour les déposants, et de manière saine pour faire progresser l'économie.
«La levée du secret bancaire est un pilier de tout plan de relance. Ce n'est pas une coïncidence si le FMI la considère comme une priorité.»
L'avocat Karim Daher, de l'Association libanaise pour les droits des contribuables et du Comité pour la protection des droits des déposants du Barreau de Beyrouth, a indiqué: «La levée du secret bancaire permet de faire la distinction entre les dépôts légitimes et illégaux, et donc de répartir équitablement les responsabilités et les fardeaux résultant de l'effondrement économique et de la restructuration des dettes et du secteur bancaire.»
Le cofondateur et directeur exécutif de l'Agenda juridique, Nizar Saghieh, a affirmé: «La Commission des finances et du budget du Parlement a ignoré les observations du FMI en ce qui concerne le lien entre la compétence des autorités fiscales et les questions de lutte contre l'évasion fiscale.
«La Commission n'a pas non plus appliqué la loi rétroactive à la période qui a provoqué la crise économique et financière sur les propriétaires et les gestionnaires des banques, les dégageant ainsi de toute responsabilité.»
Selon un rapport publié par la Banque mondiale le 13 octobre, le Liban est l'un des 20 pays qui ont imposé un certain nombre d'interdictions sur l'exportation de produits alimentaires de base de manière à faire face à la pénurie intérieure.
Le 18 mars, les autorités ont interdit l'exportation de fruits et légumes, de produits céréaliers moulus, de sucre et de pain, jusqu'à la fin de l'année, et ont interdit de manière permanente l'exportation de produits carnés, de poisson, de pommes de terre et de certains autres aliments. Au total, 29 interdictions ont été mises en place.
Bechara al-Asmar, le chef de l'Union générale des travailleurs du Liban, a demandé que le salaire minimum soit porté à 20 000 000 livres libanaises (environ 507 euros), puisque les augmentations salariales actuelles sont minimes compte tenu de la dépréciation massive de la monnaie libanaise, qui a perdu plus de 95% de sa valeur par rapport au dollar au cours des trois dernières années.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com