BEYROUTH: L’ambassade de Suisse au Liban a reporté un dîner informel qui devait avoir lieu à la résidence de l’ambassadrice à l’invitation du Centre pour le dialogue humanitaire basé en Suisse.
L’évènement avait pour but de réfléchir avec «des Libanais ainsi que des acteurs régionaux et internationaux», mais a été reporté suite à la controverse et à la désapprobation des partis politiques opposés au Hezbollah et à ses alliés.
Il a été considéré comme une tentative, avant la fin du mandat du président, Michel Aoun, de démanteler l’accord de Taëf et d’établir une gouvernance tripartite, permettant à la secte chiite d’être un partenaire influent dans la gouvernance.
L’ambassadeur saoudien au Liban, Walid Boukhari, a réitéré «les principes du pacte national constitue un fondement principal qui a protégé le Liban et assuré sa stabilité».
Le député indépendant Abdel Rahman Bizri a déclaré que «toute modification et tout réexamen de l’accord de Taëf sont rejetés et douteux, et une preuve que certains veulent compliquer les choses au lieu de faciliter les solutions politiques attendues».
Bizri a déclaré que «l’accord de Taëf est un pacte national conclu à la suite des grands sacrifices et des difficultés auxquels les Libanais ont été confrontés».
Il a ajouté que le problème «auquel nous faisons face aujourd’hui est le résultat des pratiques de la classe dirigeante et des hauts fonctionnaires qui ont géré notre pays pendant des décennies».
Plusieurs députés libanais représentant les blocs parlementaires ont été invités à dîner mardi à la résidence de l’ambassadrice suisse au Liban, Marion Weichelt.
L’évènement était prévu comme une plate-forme pour discuter de certaines questions avant les discussions ultérieures à Genève sur le Liban.
Selon des rapports, l’évènement devait réunir des représentant du Hezbollah, du Mouvement Amal, du Courant patriotique libre, des Forces libanaises, du Parti socialiste progressiste et des Forces du changement.
Cependant, les Forces libanaises ont demandé à leur représentant de ne pas assister au dîner. Les députés indépendants et les Forces du changement ont refusé d’être représentés.
Le député Waddah Sadek a déclaré à Arab News: «Ce projet est en préparation depuis trois mois. Si nous regardons de plus près les personnes qui y travaillent, nous remarquons que certaines d’entre elles sont proches du Hezbollah, notant que le Hezbollah a planifié une campagne contre l’accord de Taëf depuis un certain temps.
«Si nous faisons le lien, nous nous rendons compte que ce dîner et l’invitation à la conférence de Genève ne sont pas impromptus et qu’une couverture européenne a été fournie pour cette réunion.
«Si le but de la réunion était de tenir des discussions et non d’abroger l’accord de Taëf, pourquoi devrait-elle se tenir à l’ambassade et ensuite à l’étranger?
«De plus, les députés des Forces du changement n’étaient pas au courant de cette réunion. Nous n’en avons entendu parler que par les médias et le député invité ne nous a rien dit.»
Sadek a indiqué que la Constitution «est ma principale référence internationale ou locale au milieu de l’arme de facto. Personne ne me représente dans aucune réunion et dans aucune ambassade et je refuse de discuter de cette question».
Le député Melhem Riachi, membre des Forces libanaises, a déclaré qu’il ne participera pas à la réunion sans clarification de son contexte.
Boukhari a visité lundi Aoun et le président du Parlement, Nabih Berri. Il a réitéré le soutien du Royaume à l’unité et au peuple libanais, sur la base des principes nationaux dans l’accord de Taëf. Il a de même souligné l’importance de tenir les élections constitutionnelles à temps.
Il a écrit sur Twitter: «L’accord de Taëf est un contrat contraignant pour renforcer les bases d’un Liban pluraliste. L’alternative n’est pas un autre pacte mais la désintégration de la coexistence, la disparition de la nation unie et son remplacement par des entités qui ne ressemblent pas au message libanais.»
L’ambassade de Suisse a déclaré que la Suisse était activement engagée au Liban depuis de nombreuses années.
Elle a ajouté: «Au cours des deux derniers mois, la Suisse, en collaboration avec l’organisation basée en Suisse, le Centre pour le dialogue humanitaire, a été en contact avec l’ensemble du spectre politique libanais ainsi qu’avec des acteurs régionaux et internationaux pour préparer des discussions consultatives, et non une conférence de dialogue.
«Il est dans la tradition de la Suisse d’offrir ses bons offices lorsqu’on le lui demande. Les discussions prévues sont le résultat de consultations antérieures avec l’ensemble du spectre politique libanais ainsi qu’avec les acteurs régionaux et internationaux, et dans le plein respect de l’accord de Taëf et de la Constitution libanaise.»
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com