BEYROUTH : La ministre française des Affaires étrangères a appelé vendredi lors d'une visite au Liban à l'élection rapide d'un successeur au président Michel Aoun, soulignant que le pays ne pouvait plus "prendre le risque d'une vacance du pouvoir".
"Les dirigeants libanais doivent être à la hauteur de leurs responsabilités politiques et institutionnelles", a souligné Catherine Colonna lors d'une conférence de presse à l'aéroport international de Beyrouth, au terme de sa courte visite.
"Le Liban ne peut plus aujourd'hui prendre le risque d'une vacance du pouvoir", a-t-elle martelé.
Les députés libanais ont une nouvelle fois échoué jeudi, en raison de leurs profondes divergences, à élire un successeur à M. Aoun, dont le mandat s'achève le 31 octobre.
"Le Liban est à bout de souffle, la gravité de la crise économique est sans précédent. Sans sursaut des dirigeants libanais, l'effondrement du Liban se poursuivra", a averti la cheffe de la diplomatique française.
Mme Colonna, qui a précisé s'exprimer également au nom des partenaires européens de la France, a estimé qu'il serait "dangereux de faire subir aux Libanais les conséquences d'une autre crise politique".
La ministre s'est entretenue vendredi matin avec le président Aoun, le président du Parlement, Nabih Berri, et le Premier ministre, Najib Mikati.
Ce dernier, désigné à nouveau pour former un gouvernement après les législatives du printemps, n'arrive toujours pas à constituer son équipe en raison des conflits politiques, et reste à la tête d'un cabinet chargé uniquement d'expédier les affaires courantes.
Alors que le pays est en plein effondrement économique, la ministre française a souligné que "la priorité (était) la mise en œuvre de l’accord préliminaire conclu avec le FMI. C’est la seule solution pour apporter au pays le financement dont il a besoin", a-t-elle ajouté.
La directrice générale du Fonds monétaire international, Kristalina Georgieva, avait appelé jeudi les dirigeants politiques à "oeuvrer à la stabilité du pays" et à "faire passer leur pays et leur population d'abord", afin de sortir de la crise économique qui secoue le pays depuis 2019.
La visite de Mme Colonna est intervenue après la conclusion par le Liban et Israël d'un accord sur la délimitation de leur frontière maritime grâce à une médiation américaine auquel la France a également contribué, selon la ministre.
"Evidemment, cet accord ne peut pas se substituer aux réformes économiques et financières qui sont et qui restent indispensables", a tenu à souligner Mme Colonna.
L'accord doit lever les obstacles à l'exploitation de gisements gaziers en Méditerranée orientale.
Les autorités libanaises misent sur la présence d'hydrocarbures pour aider à faire face à l'effondrement économique mais, selon des experts, le pays a besoin de cinq à six ans avant de bénéficier d'une éventuelle manne gazière et pétrolière.