La Grande-Bretagne s'étant dotée d'un nouveau chef d'État et d'une nouvelle cheffe de gouvernement en l'espace de quelques jours le mois dernier, certains problèmes constitutionnels étaient peut-être inévitables entre Buckingham Palace et Downing Street. Il est toutefois regrettable que la première question qui semble diviser les deux sièges du pouvoir au Royaume-Uni soit le réchauffement climatique.
La presse britannique a largement rapporté que la Première ministre, Liz Truss, a commandé au roi Charles de ne pas assister à la prochaine conférence sur le réchauffement climatique COP27 qui se tiendra à Charm el-Cheikh en Égypte, en novembre.
Naturellement, le bureau de Truss souligne que la Première ministre n'est pas en mesure de «commander» quoi que ce soit au roi, et la ligne officielle du palais est que le monarque a accepté le «conseil» de Truss de ne pas y assister.
Ce qui a déclenché cette confrontation précoce est peut-être le retour inconscient de Truss à ses années universitaires enflammées en tant qu'antimonarchiste; ou, comme le voient certains analystes, c'est peut-être son empressement de montrer clairement – dès le début de la relation – que c'est elle qui mènera la barque dans son pays.
Quoi qu'il en soit, le fait est que le roi Charles se verra refuser la participation à un événement qui lui tient à cœur, portant sur une question qui lui tient à cœur, dans une région qui lui tient à cœur – et c'est une erreur.
Le réchauffement climatique est une menace réelle et urgente. Cet été encore, le Royaume-Uni a subi trois vagues de chaleur dévastatrices en juin, juillet et août: Les températures ont atteint un record de 40,3°C, le nombre d'incendies de forêt a augmenté de 200%, l'Office météorologique a déclaré une urgence nationale et trois personnes sont mortes noyées. Tout cela est attribué au réchauffement climatique.
« Le choix de ne pas confier au roi Charles un rôle qui lui convient si bien et qui aurait pu être un moyen supplémentaire de faire pression sur les dirigeants arabes et internationaux présents et de gagner leurs faveurs, témoigne à la fois d'un manque de sophistication et d'un manque de confiance.»
Faisal J. Abbas
Il est de coutume que les monarques britanniques ne s'impliquent pas dans la politique, mais le réchauffement climatique est une question qui dépasse la politique. L'année dernière encore, en tant que prince de Galles, Charles a pris la parole lors de la cérémonie d'ouverture de la COP26 à Glasgow, et sa défunte mère, la reine Elizabeth, a également prononcé un discours à cette occasion. En novembre dernier, Charles a reçu la bénédiction du gouvernement britannique pour un voyage en Égypte, où il a discuté de la COP27 avec le président, Abdel Fattah al-Sissi. Si c'était acceptable à l'époque, pourquoi pas maintenant?
Tout au long de sa vie, le roi Charles a été un défenseur authentique et passionné des causes environnementales et des actions visant à lutter contre l'urgence climatique. Mais pas seulement, il est également une personnalité autour de laquelle plusieurs pays du monde peuvent se rallier: Je peux au moins parler des pays arabes, où il entretient des relations personnelles profondes avec les familles royales du Golfe et où le roi Charles est largement respecté pour sa compréhension de l'islam et de la culture arabe.
Les funérailles nationales de la reine Elizabeth, suivies par des milliards de téléspectateurs aux quatre coins de la planète le mois dernier, ont illustré de manière classique la façon dont la famille royale britannique est un élément clé du soft power, de l'image et de la culture du pays. Entre-temps, grâce à des initiatives comme l'initiative verte saoudienne et l'initiative verte du Moyen-Orient, il y a clairement un élan, des ressources et une volonté de réchauffement dans une région qui n'avait pas accordé beaucoup d'attention à la question du réchauffement climatique auparavant.
Le Royaume-Uni est encore en train de retrouver ses marques après une série de coups qui ont commencé par les répercussions du Brexit, suivies par la pandémie de la Covid, la guerre en Ukraine, et maintenant une crise du coût de la vie. Le choix de ne pas confier au roi Charles un rôle qui lui convient si bien et qui aurait pu constituer un canal supplémentaire pour faire pression sur les dirigeants arabes et internationaux présents et gagner leurs faveurs, témoigne à la fois d'un manque de sophistication et d'un manque de confiance.
Pas très britannique, n'est-ce pas ?
Faisal J. Abbas est le rédacteur en chef d'Arab News.
Twitter : @FaisalJAbbas
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Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com