Concertation algérienne pour la réconciliation palestinienne: un succès qui s’annonce très mitigé

Le président palestinien, Mahmoud Abbas, à gauche, le président algérien, Abdelmajid Tebboune, au centre, et le chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, à Alger, le 5 juillet 2022. (AFP)
Le président palestinien, Mahmoud Abbas, à gauche, le président algérien, Abdelmajid Tebboune, au centre, et le chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, à Alger, le 5 juillet 2022. (AFP)
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Publié le Mardi 04 octobre 2022

Concertation algérienne pour la réconciliation palestinienne: un succès qui s’annonce très mitigé

Le président palestinien, Mahmoud Abbas, à gauche, le président algérien, Abdelmajid Tebboune, au centre, et le chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, à Alger, le 5 juillet 2022. (AFP)
  • L'Algérie a tenu des concertations séparées avec des responsables du Fatah et du Hamas pour discuter des grandes lignes d'un document préparé par une équipe algérienne
  • En janvier dernier, le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, a lancé une initiative visant à unifier les Palestiniens et mettre fin à la division entre le Fatah et le Hamas

VILLE DE GAZA: Quatorze factions palestiniennes, dirigées par le Fatah et le Hamas, ont reçu une invitation de l'Algérie pour initier un dialogue la semaine prochaine en vue d’une réconciliation palestinienne, mais peu sont ceux qui s'attendent à une percée importante lors de ses discussions.

Diverses forces palestiniennes ont annoncé qu'elles avaient reçu une invitation de l’Algérie à participer à des concertations de deux jours, les 11 et 12 octobre.

Le Premier ministre palestinien, Mohammad Shtayyeh, a déclaré lors d'une réunion du cabinet lundi que «le gouvernement serait prêt pour toute démarche soutenant les efforts de réconciliation et mettrait fin à la division».

Saleh al-Arouri, chef adjoint du bureau politique du Hamas, a affirmé que le groupe avait pour principe de ne manquer aucune occasion pour parvenir à une réconciliation et mettre fin à la division, indiquant qu'il avait informé l'Algérie de sa disponibilité et de son engagement à participer à ces réunions.

L'Algérie a tenu ces derniers jours des concertations séparées avec des responsables du Fatah et du Hamas pour discuter des grandes lignes d'un document préparé par une équipe algérienne, pour œuvrer à la réconciliation palestinienne. 

En janvier dernier, le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, avait lancé une initiative visant à unifier les Palestiniens et à mettre fin à la division entre le Fatah et le Hamas, effectuée à la demande de la Ligue arabe, à condition qu'une solution définitive soit trouvée avant le Sommet arabe de novembre.

L'équipe algérienne, qui a donné aux dirigeants des deux parties des informations concernant le document de réconciliation, qui sera présenté lors de la prochaine réunion élargie, leur a demandé d'éviter l'escalade et les querelles en ce moment, notamment dans les médias, cela pouvant contrecarrer les efforts visant à dépasser les clivages.

Les factions palestiniennes se sont engagées dans diverses concertations pour parvenir à une réconciliation depuis que le Hamas a pris le contrôle de la bande de Gaza à la mi-2007. Les deux groupes ont conclu plus d'un accord, dont le plus important a eu lieu à La Mecque sous les auspices de l'Arabie saoudite. Un accord au Caire a également été négocié par l'Égypte.

L'Algérie est considérée comme l'un des pays arabes accordant le plus de soutien financier au gouvernement palestinien. Malgré les déclarations publiques positives des factions palestiniennes au sujet des futures concertations, la population palestinienne met en doute leur importance.

Mahmoud al-Rabi, âgé de 45 ans affirme que «le Hamas et le Fatah ne se penchent pas sur le peuple palestinien ni sur sa volonté de réconciliation. Ils ne cherchent que leurs propres intérêts. En quoi cette concertation est-elle différente des précédentes? En rien».

Al-Rubai, qui travaille comme professeur d'histoire à Gaza se demande lui si «l'Algérie aura la capacité de parvenir à la réconciliation palestinienne. Cette dernière est lointaine, car les deux parties sont réticentes à parvenir à trouver un accord».

Taghrid Toman, 29 ans, indique pour sa part que les nouvelles discussions algériennes n’apportent rien de nouveau. «Ces concertations figureront dans la longue liste de concertations auxquelles les Palestiniens ont participé pour parvenir à la réconciliation, et n'auront aucun impact sur le terrain, que ce soit à Gaza ou en Cisjordanie.»

Le Hamas et le Fatah s’étaient convenus de tenir successivement les élections générales du Conseil législatif, de la présidence et du Conseil national de l'OLP, à partir de mai 2021, avant que le président palestinien n'annonce leur annulation, Israël n'autorisant pas leur tenue à Jérusalem.

L'ambassadeur palestinien en Algérie, Fayez Abou Aita, a déclaré que le président Tebboune avait demandé aux deux parties de développer une vision claire et pratique pour la mise en œuvre de la réconciliation, et de travailler à trouver une solution pour la mettre en application.

Le Hamas a proposé d'apporter des modifications fondamentales au système politique palestinien, sur la base du principe de participation. Il a prévu d'adopter un programme politique unifié pour tous les Palestiniens reconnaissant tous les types de résistance, de bâtir des institutions palestiniennes sur des bases nationales loin du sectarisme. Il a également établi des échéanciers pour mettre fin à la division et aboutir à des élections.

La proposition du Fatah inclut la formation d'un gouvernement de consensus national qui accepte le programme politique de l'OLP et recueille l'adhésion internationale.

Hani al-Masri, analyste politique palestinien basé à Ramallah, ne s'attend pas à ce que l'Algérie réussisse à parvenir à la réconciliation palestinienne. «Ces concertations ont peu de chance d’aboutir pour une raison très simple: les obstacles qui ont empêché le succès des négociations et accords précédents existent toujours et se sont même enracinés.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Détenus palestiniens: des responsables du CICR rencontreront le ministère britannique des Affaires étrangères  

 Des responsables du Comité international de la Croix-Rouge s’entretiendront avec le ministère britannique des Affaires étrangères pour lui faire part de leurs inquiétudes au sujet de l’initiative britannique consistant à visiter les détenus palestiniens dans les prisons israéliennes. (CICR)
Des responsables du Comité international de la Croix-Rouge s’entretiendront avec le ministère britannique des Affaires étrangères pour lui faire part de leurs inquiétudes au sujet de l’initiative britannique consistant à visiter les détenus palestiniens dans les prisons israéliennes. (CICR)
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  • Le gouvernement de Netanyahou a empêché le personnel du CICR d’avoir accès aux détenus palestiniens depuis l’attaque menée par le Hamas le 7 octobre
  • Il a précisé que cette interdiction resterait en vigueur jusqu’à ce que le Hamas autorise l’accès aux otages israéliens capturés lors de l’attaque

LONDRES: Des responsables du Comité international de la Croix-Rouge s’entretiendront avec le ministère britannique des Affaires étrangères pour lui faire part de leurs inquiétudes au sujet de l’initiative britannique consistant à visiter les détenus palestiniens dans les prisons israéliennes.

Le ministre des Affaires étrangères David Cameron aurait négocié un accord avec le gouvernement israélien pour permettre à deux observateurs juridiques britanniques et à un juge israélien de rendre visite à certains prisonniers détenus dans les prisons israéliennes, à la lumière d’informations faisant état de «traitements inhumains», rapporte jeudi The Guardian.

Dans un entretien accordé ce week-end à la BBC, Cameron affirme avoir abordé cette question avec le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou.

«Tout n’est pas si sombre... Je lui ai dit que l’inaccessibilité aux détenus était inadéquate et que nous avions besoin d’un système indépendant d’inspection et de réglementation. Les Israéliens semblent désormais le faire», soutient-il.

Le gouvernement de Netanyahou a empêché le personnel du CICR d’avoir accès aux détenus palestiniens depuis l’attaque menée par le Hamas le 7 octobre. Il a précisé que cette interdiction resterait en vigueur jusqu’à ce que le Hamas autorise l’accès aux otages israéliens capturés lors de l’attaque.

Les critiques affirment que cette position pourrait constituer une violation des conventions de Genève, le CICR ayant demandé à plusieurs reprises aux deux parties en conflit de permettre l’accès à toutes les personnes détenues, comme le prévoient les conventions.

Les observateurs ont également fait part de leurs inquiétudes au sujet de la capacité de l’initiative britannique «d’affaiblir l’État de droit» et de créer un «précédent dangereux» quant à la manière dont les détenus sont traités dans d’autres zones de conflit, ajoute le rapport du journal The Guardian.

Le directeur du CICR pour la région Moyen-Orient, Fabrizio Carboni, est actuellement à Londres. Il devrait s’entretenir avec des responsables du ministère des Affaires étrangères.

Dans un entretien accordé au journal d’information britannique, l’organisation humanitaire déclare que les détenus palestiniens doivent être traités comme des personnes protégées ayant accès au CICR, conformément aux conventions de Genève.

«Des informations faisant état d’une décision du gouvernement israélien d’autoriser les observateurs à visiter certains lieux de détention circulent. Le CICR espère que des mesures appropriées seront prises pour protéger la santé et le bien-être des détenus, qui restent primordiaux. Nous réitérons notre volonté de reprendre nos activités de détention mandatées», peut-on lire dans le communiqué.

Chris Doyle, chroniqueur d’Arab News et directeur du Conseil pour la compréhension arabo-britannique, a déclaré que le plan du ministère des Affaires étrangères risquait d’établir un système qui contournerait le CICR et les réglementations internationalement acceptées.

«Il n’y a aucune transparence quant à la solution de rechange proposée par Cameron... Je doute fort que deux avocats choisis par le ministère des Affaires étrangères, en compagnie d’un juge de la puissance occupante, bénéficient de l’expertise du CICR. Ils seront plutôt emmenés dans des prisons assainies», dit-il.

«Ce qui est arrivé aux milliers de Palestiniens emmenés de Gaza vers Israël est un problème majeur. Ni nous ni leurs familles ne savons où ils se trouvent, s’il s’agit de combattants ou d’enfants, ou même pourquoi, dans certains cas, ils sont contraints de rester en sous-vêtements. Nous n’avons aucune nouvelle de la part du gouvernement britannique à ce sujet», ajoute-t-il.

Au cours d’une trêve d’une semaine entre le Hamas et les forces israéliennes en novembre, le CICR a joué un rôle actif en facilitant l’échange de 105 otages israéliens détenus par le Hamas et de 240 prisonniers palestiniens dans les prisons israéliennes.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Washington annonce avoir arrimé la jetée à Gaza, prête à recevoir de l'aide

Des membres de l'armée américaine, de la marine américaine et de l'armée israélienne ont mis en place le Trident Pier, un quai temporaire pour acheminer l'aide humanitaire, sur la côte de Gaza. (Reuters)
Des membres de l'armée américaine, de la marine américaine et de l'armée israélienne ont mis en place le Trident Pier, un quai temporaire pour acheminer l'aide humanitaire, sur la côte de Gaza. (Reuters)
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  • Ce projet de jetée d'un coût annoncé de 320 millions de dollars selon le Pentagone, avait été annoncé en mars par le président Joe Biden, pour pallier aux restrictions imposées par Israël
  • Londres a annoncé mercredi qu'un navire chargé d'aide avait quitté Chypre à destination de cette installation

JERUSALEM: Les Etats-Unis ont annoncé avoir achevé jeudi une jetée provisoire sur la côte de Gaza, devant permettre d'acheminer plus d'aide dans le territoire ravagé par sept mois de guerre et dont les principaux points d'entrée sont bloqués depuis plus d'une semaine.

Des militaires américains "soutenant la mission humanitaire de livraison d'aide supplémentaire aux civils palestiniens dans le besoin, ont arrimé la jetée temporaire à la plage de Gaza", indique sur X le commandement militaire des Etats-Unis pour le Moyen-Orient (Centcom).

"Il est prévu que des camions chargés d'aide humanitaire commencent à accoster dans les prochains jours", poursuit le Commandement, précisant que l'aide sera remise à l'ONU qui "coordonnera sa distribution dans Gaza".

Farhan Haq, porte-parole adjoint du secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, a toutefois indiqué que les négociations se poursuivaient concernant la distribution de l'aide.

"Nous finalisons nos plans opérationnels pour assurer que nous sommes prêts à gérer (l'aide) quand la jetée flottante sera totalement opérationnelle, tout en assurant la sécurité de notre personnel", a-t-il déclaré.

Répétant la préférence de l'ONU pour la voie terrestre, il a estimé que l'aide humanitaire "ne peut pas et ne devrait pas dépendre d'une jetée flottante loin de là où les besoins sont les plus aigus".

Que l'aide arrive "par la mer ou par la route, sans carburant elle n'arrivera pas aux gens qui en ont besoin", a-t-il insisté.

Interrogé sur ces inquiétudes, un porte-parole du Département d'Etat américain, Vedant Patel, a indiqué que les Etats-Unis travaillaient avec l'ONU sur les modalités. Mais "de notre point de vue, nous pensons que c'est prêt à fonctionner et que l'aide va commencer à arriver dès que possible".

Le vice-amiral Brad Cooper du Centcom, a annoncé l'arrivée "d'environ 500 tonnes (d'aide) dans les prochains jours (...) réparties entre plusieurs bateaux".

"Des milliers de tonnes d'aide sont dans les tuyaux", a-t-il ajouté, précisant que l'aide sera contrôlée en amont à Chypre. "Il n'y aura pas de soldat américain au sol à Gaza."

A terme, Washington espère l'arrivée de l'équivalent de "150 camions par jour", a précisé une porte-parole du Pentagone.

Ce projet de jetée d'un coût annoncé de 320 millions de dollars selon le Pentagone, avait été annoncé en mars par le président Joe Biden, pour pallier aux restrictions imposées par Israël, allié historique des Etats-Unis, à l'acheminement terrestre de l'aide vers la bande de Gaza.

Londres a annoncé mercredi qu'un navire chargé d'aide avait quitté Chypre à destination de cette installation.

Il doit y débarquer environ 100 tonnes d'abris temporaires pour les habitants de Gaza, quelque 2,4 millions de personnes dont environ 70% ont été déplacées par la guerre, dans un territoire déjà surpeuplé et assiégé depuis sept mois.

La marine et des troupes d'infanterie encadrent cette "opération humanitaire", a indiqué un porte-parole de l'armée israélienne, Nadav Shoshani.

Mercredi, plus de 200 camions sont entrés à Gaza, via le passage d'Erez-Ouest et celui de Kerem Shalom, chargés notamment de farine et de carburant (76.000 litres) et "nous allons les transférer au Programme alimentaire mondial pour approvisionner les organisations et les boulangeries à travers Gaza", a-t-il déclaré.

Israël a lancé une offensive sur la bande de Gaza en riposte à une attaque sanglante sur son sol de commandos du Hamas et ses alliés, le 7 octobre.

L'aide internationale, strictement contrôlée par les autorités israéliennes, arrivait déjà au compte-gouttes, mais son entrée à Gaza est désormais largement entravée aux deux principaux points de passage -Kerem Shalom depuis Israël et Rafah depuis l'Egypte.

L'armée israélienne s'est emparée le 7 mai du côté palestinien du passage de Rafah, par lequel transitait la totalité du carburant indispensable au fonctionnement des infrastructures et hôpitaux de Gaza et à la logistique humanitaire.

Depuis, l'Egypte refuse de coordonner l'acheminement de l'aide avec Israël par Rafah, les deux pays se renvoyant la responsabilité du blocage.

Fermé plusieurs jours début mai après avoir essuyé des tirs de roquettes du Hamas, Kerem Shalom est officiellement ouvert, mais des organisations humanitaires affirment ne pas pouvoir y collecter l'aide acheminée, faute de carburant et en raison de combats alentour.


Un pèlerin français traverse treize pays pour accomplir l’Omra

Dans une interview accordée à SPA peu après son arrivée à Médine mercredi, M. Boulabiar affirme qu’il s’est entraîné pendant deux ans pour effectuer cette marche de 8 000 kilomètres. (SPA)
Dans une interview accordée à SPA peu après son arrivée à Médine mercredi, M. Boulabiar affirme qu’il s’est entraîné pendant deux ans pour effectuer cette marche de 8 000 kilomètres. (SPA)
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  • M. Boulabiar explique qu’il s’est entraîné pendant deux ans pour effectuer cette marche de 8 000 kilomètres
  • «C’est un rêve d’enfant. Je rêvais de me rendre à La Mecque à pied, comme le Prophète», confie M. Boulabiar

MÉDINE: Le pèlerin français Mohammed Boulabiar a passé huit mois à parcourir treize pays pour accomplir l’Omra, a rapporté mercredi l’agence de presse saoudienne (SPA).

Dans une interview accordée à SPA peu après son arrivée à Médine mercredi, M. Boulabiar explique qu’il s’est entraîné pendant deux ans pour effectuer cette marche de 8 000 kilomètres.

Il est parti de Paris le 27 août 2023 et a traversé la Suisse, l’Italie, la Slovénie, la Croatie, la Bosnie, le Monténégro, l’Albanie, la Macédoine, la Grèce, la Turquie et la Jordanie avant d’arriver en Arabie saoudite.

Muni uniquement d’une carte et d’un sac contenant des provisions de première nécessité et une tente ne pesant que 25 kilos, M. Boulabiar raconte avoir passé la plupart de ses nuits dans des mosquées situées le long de la route ou chez des étrangers généreux qui l’ont accueilli dans leur maison.

Pour M. Boulabiar, l’aspect le plus difficile du voyage était la météo.

«Je suis parti en été et je suis arrivé au printemps, traversant l’automne et l’hiver, affrontant les tempêtes et le tonnerre. À un moment donné, une tempête de neige à la frontière grecque a retardé mon voyage d’une semaine», se souvient-il.

«C’est un rêve d’enfant. Je rêvais de me rendre à La Mecque à pied, comme le Prophète», confie M. Boulabiar.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com