SARAJEVO: Entre le Serbe Dodik, le musulman Izetbegovic et le Croate Komsic, les élections générales de dimanche en Bosnie mettent aux prises plusieurs chevaux de retour qui dominent de longue date la vie politique. Avec une nouveauté cependant, plus de femmes candidates.
Voici quelques éléments sur les principaux protagonistes du scrutin dans le pays divisé entre entité serbe et Fédération croato-musulmane réunies par de faibles institutions centrales.
Milorad Dodik
Milorad Dodik, 63 ans, est le chef politique incontesté des Serbes de Bosnie depuis 2006. Soutenu initialement par les Occidentaux, ce colosse devenu nationaliste est sous le coup de sanctions américaines et britanniques, affiche volontiers sa proximité avec le président russe Vladimir Poutine ou le Premier ministre hongrois Viktor Orban. Il méprise ouvertement la Bosnie, un pays "impossible" selon lui et brandit régulièrement la menace d'une sécession de l'entité des Serbes, la Republika Srpska (RS).
Membre sortant de la présidence collégiale tripartite du pays des Balkans, il prétend cette fois-ci à la présidence de la RS, un poste qu'il a occupé deux fois déjà.
Jelena Trivic
A 39 ans, cette universitaire professeure d'économie est la candidate de l'opposition à la présidence de la RS et l'ennemie jurée de Milorad Dodik. La députée est soutenue par le PDP, une formation modérée. Mais consciente de l'attachement de l'écrasante majorité des Serbes de Bosnie à leur autonomie, elle joue sur la corde nationaliste en affirmant que "la Republika Srpska est la plus grande victoire serbe du XXe siècle".
Parallèlement, elle promet d'éradiquer la corruption, un programme social de hausse des retraites et de développer l'agriculture et la production locale.
Zeljko Komsic
Ce Croate de Sarajevo, juriste de 58 ans, brigue son quatrième mandat à la présidence tripartite sous les couleurs du parti qu'il a créé, le Front démocratique porte-drapeau d'une Bosnie "citoyenne".
Vétéran de la guerre intercommunautaire de 1992 à 1995, il a combattu dans les rangs de l'armée bosnienne à majorité musulmane. Cela lui vaut d'être apprécié des électeurs musulmans qui votent aux côtés des Croates au sein de la Fédération croato-musulmane. Pour cette raison, il est honni par une grande partie des Croates et par les dirigeants des formations croates qui lui dénient toute légitimité pour représenter cette communauté.
Borjana Kristo
Cadre du HDZ, le principal parti des Croates de Bosnie (HDZ), elle sera la principale concurrente de Zeljko Komsic. A 61 ans, elle a fait toute sa carrière politique dans l'ombre du chef du HDZ Dragan Covic, mais toujours à des postes importants: présidente de l'entité croato-musulmane, députée...
Zeljka Cvijanovic
Cette juriste de 55 ans membre du parti de Milorad Dodik vise le fauteuil serbe à la présidence collégiale. Présidente sortante de la RS, elle fut professeure d'anglais et traductrice pour l'Union européenne en Bosnie avant d'entrer en politique en 2006 comme conseillère de Dodik dont elle est très proche.
Mirko Sarovic
L'un des poids-lourds politiques de la RS, il préside le principal parti d'opposition serbe (SDS), une formation fondée en 1990 par Radovan Karadzic condamné à la perpétuité pour crimes de guerre par la justice internationale. Il vise lui aussi la présidence collégiale.
A 66 ans, il a la réputation d'être un homme de dialogue et de réalisme. "Je ferais autrement que (Dodik) et j'agirais dans l'intérêt de la RS et de toute la Bosnie-Herzégovine".
Bakir Izetbegovic
Fils du premier président de la Bosnie indépendante, Alija Izetbegovic, il s'appuie beaucoup sur l'héritage de son père, évoqué régulièrement en campagne. Chef du principal parti bosniaque musulman (SDA), une formation réputée nationaliste, cet architecte de 66 ans vise un troisième mandat à la présidence tripartite après une pause de quatre ans et n'hésite pas pour cela à jouer sur les émotions.
"Mon devoir est d'avertir le peuple qui a fait l'objet d'un génocide qu'il ne doit pas être faible et endormi, qu'il ne doit pas être désuni, afin de ne plus jamais revivre l'année 1992", celle du début du conflit, dit-il.
Denis Becirovic
Universitaire et professeur d'histoire de 46 ans, il est le seul candidat sérieux susceptible de contrarier les ambitions de Bakir Izetbegovic. Député du Parti social-démocrate (SDP) du Parlement central bosnien depuis 2006, il est soutenu par onze partis d'opposition. "Je propose une Bosnie-Herzégovine européenne et unie", souligne-t-il. "Les gens sont fatigués de ceux qui sèment la peur".