SARAJEVO : Plusieurs centaines de personnes ont défilé lundi à Sarajevo pour les victimes ukrainiennes de l'invasion russe, à l'appel des associations de victimes musulmanes de la guerre de Bosnie des années 1990, a constaté l'AFP.
Des mères de Srebrenica, d'anciens détenus musulmans, ou encore des parents d'enfants tués dans le siège de Sarajevo ont marché dans le centre de la capitale bosnienne, derrière des banderoles appelant le monde à "réagir en Ukraine", à "arrêter des crimes de guerre" et le "massacre à Marioupol".
"Nous, les mères, qui savons ce que ça veut dire lorsque quelqu'un tue votre fils ou viole votre fille, qui savons ce que ça veut dire de survivre à un génocide, nous prions le monde de mettre fin à ce qui se passe en Ukraine", a déclaré à la presse Munira Subasic, présidente d'une association des mères de Srebrenica.
Dans cette ville de Bosnie orientale, les forces serbes de Bosnie ont massacré en juillet 1995 environ 8 000 hommes et adolescents musulmans, un crime qualifié de génocide par la justice internationale.
Pendant le conflit intercommunautaire bosnien, près de 100 000 personnes ont été tuées de 1992 à 1995, dont plus de 11 000 dans le siège de Sarajevo.
"Regardez Marioupol. Son siège me rappelait celui de Sarajevo et des autres villes (bosniennes)", a dit Alija Hodzic, dont la fille de 17 ans a été tuée en 1993 à Sarajevo. "Mais ils (les Russes) vont perdre parce que c'est eux qui attaquent (...) C'est toujours celui qui se défend qui gagne", a-t-il poursuivi.
L'offensive russe en Ukraine, lancée le 24 février, a fait des milliers de morts et poussé à l'exil plus de cinq millions d'Ukrainiens.
La date du défilé a été choisie par ces associations pour marcher en même temps que les "Régiments des immortels", ces manifestations qui se déroulent en Russie à l'occasion du 9 mai, marquant la victoire sur les nazis en 1945 et le sacrifice de millions de Soviétiques.
"Je voudrais recommander aux mères russes de ne pas laisser leurs fils mourir en guerre, tuer des gens de leur propre peuple. Car nous sommes tous le même peuple. Ici également, nous avons été victimes des crimes commis par notre peuple", a dit Kada Hotic, dont le fils, le mari et deux frères ont été tués dans le massacre de Srebrenica.