La Russie allumerait-elle un contre-feu en Bosnie ?

Une femme allume une bougie sur des marque-places numérotés à la veille du 20e anniversaire du massacre de Srebrenica à Belgrade le 10 juillet 2015. (Andréj Isakovic / AFP)
Une femme allume une bougie sur des marque-places numérotés à la veille du 20e anniversaire du massacre de Srebrenica à Belgrade le 10 juillet 2015. (Andréj Isakovic / AFP)
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Publié le Vendredi 29 avril 2022

La Russie allumerait-elle un contre-feu en Bosnie ?

  • Des Occidentaux accusent la Russie de souffler sur le séparatisme serbe en Bosnie afin d'allumer un contre-feu dans le pays divisé selon des lignes de fractures ethniques
  • Le sénateur démocrate américain Chris Murphy, en tournée récente dans les Balkans, a évoqué une «période très inquiétante pour la Bosnie»

BANJA LUKA, Bosnie-Herzégovine : Pendant que la guerre fait rage en Ukraine envahie par l'armée du Kremlin, des Occidentaux accusent la Russie de souffler sur les braises du séparatisme serbe en Bosnie afin d'allumer un contre-feu dans le pays divisé selon des lignes de fractures ethniques.

La dernière mise en garde vient du sénateur démocrate américain Chris Murphy, en tournée récente dans les Balkans, qui a évoqué une «période très inquiétante pour la Bosnie».

«A mesure que Poutine est acculé (en Ukraine), il va chercher d'autres endroits pour tenter de remporter des victoires. Et l'un d'eux pourrait être la Bosnie», a-t-il déclaré à la chaîne américaine CNN.

Depuis la fin de la guerre intercommunautaire qui avait fait 100.000 morts entre 1992 et 1995, la Bosnie est scindée entre une fédération croato-musulmane et une entité serbe, la Republika Srpska (RS), dont la grande majorité des habitants se sentent très proches du «grand frère» russe. Si la Bosnie ne s'est pas alignée sur les sanctions occidentales infligées à Moscou après son invasion de l'Ukraine, c'est du fait de l'hostilité des dirigeants des Serbes de Bosnie.

Alors que leur chef politique Milorad Dodik, qui ne cache pas sa proximité avec le président russe Vladimir Poutine, multiplie depuis des mois les menaces sécessionnistes, la guerre en Ukraine rajoute une couche d'instabilité dans le pays tiraillé entre l'Est et l'Ouest.

Le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg a jugé en mars que la Bosnie figurait parmi les cibles potentielles «d'interventions russes supplémentaires».

Moscou a prévenu qu'il «réagirait» en cas d'adhésion de la Bosnie à l'Otan. L'ambassade de Russie à Sarajevo a également mis en garde l'Occident contre une «possible déstabilisation» de la Bosnie dont il serait responsable alors que le haut représentant international dans le pays, considéré comme «illégitime» par Moscou, venait d'annuler une loi séparatiste de l'entité serbe.

Moscou dénonce également «les tentatives croissantes pour réécrire les principes» de la paix au «bénéfice de l'Union européenne et de l'Otan et au détriment du peuple de la RS».

- «Ouvertement rompu» -

«C'est clair que la Russie a désormais ouvertement rompu avec l'Occident en Bosnie», juge Florian Bieber, spécialiste des Balkans à l'université de Graz en Autriche.

Mais «la capacité d'un sabotage de la Bosnie par la Russie demeure limitée» aux yeux de l'analyste pour qui l'instabilité du pays tient plutôt à la «passivité» de la communauté internationale face aux nombreuses «lignes» franchies par Milorad Dodik au fil des années.

Srecko Latal, rédacteur en chef du réseau régional de journalisme d'investigation (BIRN), partage ce constat.

«Les Balkans ont été déstabilisés avant tout par l'absence de l'UE» qui a permis à des tiers de s'engouffrer dans la brèche, déclare-t-il à l'AFP. «La présence de la Russie et de toute autre influence étrangère - chinoise, turque ou de certains pays du Golfe - en est la conséquence».

Ces derniers temps cependant, les Occidentaux semblent s'être décidés à monter au créneau.

En janvier, Washington a sanctionné Milorad Dodik accusé de «menacer la stabilité» des Balkans avec son projet de départ de trois institutions cruciales communes à l'Etat central, l'armée, la justice et le fisc.

Londres a fait de même en avril, l'accusant d'avoir «délibérément affaibli la paix durement gagnée en Bosnie-Herzégovine» avec les encouragements de Vladimir Poutine.

L'UE n'a pas pris de sanctions mais a presque doublé sa présence militaire en Bosnie, à environ 1.100 personnes, une «mesure de précaution», selon son commandant, le général autrichien Anton Wessely.

- «Aide de Poutine» -

«Il me semble que cette +menace russe+ a vraiment contraint les États-Unis et l'UE à adopter une approche un peu plus sérieuse et à comprendre la situation en Bosnie et dans le reste des Balkans», souligne Srecko Latal.

Moscou bénéficie selon lui de relais politiques importants dans la région, RS, Serbie ou au Monténégro. «La Russie dispose de suffisamment d'infrastructures locales et d'adeptes locaux à travers les Balkans» pour «essayer de déstabiliser davantage» la région, «si elle le veut».

En attendant, les milliers de vétérans serbes bosniens qui se sont réunis récemment à Banja Luka, le chef-lieu de la RS, savent de quel côté leur cœur balance.

Emmitouflé dans le drapeau rouge, bleu et blanc de la RS, le vétéran Aco Topic, 69 ans, affirme qu'il donnerait sa vie pour «Mile», à savoir Milorad Dodik, qu'il aime «pour ses principes».

Il brandit aussi une pancarte sur laquelle il a accroché des photos de Dodik avec Vladimir Poutine et le président chinois Xi Jinping.

«Qui d'autres pourrait nous aider si ce n'est pas Poutine», dit-il.

Les vétérans protestaient contre la suspension par le haut représentant international, chargé de faire respecter l'accord de paix de Dayton (Etats-Unis), d'une loi transférant à la RS la propriété des biens de l'Etat central sur son territoire, soit près de la moitié de la Bosnie.

«La Russie est notre allié naturel et elle ne nous trahira jamais», lance Danica Micevic, fonctionnaire de 54 ans. «Ce n'est pas la Russie qui veut la déstabilisation ici, c'est l'Occident».


Israël : Netanyahu en visite en Hongrie le 2 avril malgré le mandat d'arrêt de la CPI

Un manifestant brandit le drapeau israélien lors d'une manifestation anti-gouvernementale appelant à une action pour obtenir la libération des otages israéliens détenus depuis les attaques du 7 octobre par des militants palestiniens dans la bande de Gaza, devant le ministère israélien de la Défense dans la ville côtière de Tel Aviv, le 29 mars 2025. (Photo par Jack GUEZ / AFP)
Un manifestant brandit le drapeau israélien lors d'une manifestation anti-gouvernementale appelant à une action pour obtenir la libération des otages israéliens détenus depuis les attaques du 7 octobre par des militants palestiniens dans la bande de Gaza, devant le ministère israélien de la Défense dans la ville côtière de Tel Aviv, le 29 mars 2025. (Photo par Jack GUEZ / AFP)
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  • Au cours de sa visite, M. Netanyahu devrait s'entretenir avec le Premier ministre hongrois Viktor Orban et d'autres hauts responsables hongrois.
  • Au cours de sa visite, M. Netanyahu devrait s'entretenir avec le Premier ministre hongrois Viktor Orban et d'autres hauts responsables hongrois.

JERUSALEM : Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu doit se rendre en Hongrie le 2 avril, a annoncé dimanche son bureau, malgré un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour des soupçons de crimes de guerre et contre l'humanité à Gaza.

Au cours de sa visite, M. Netanyahu devrait s'entretenir avec le Premier ministre hongrois Viktor Orban et d'autres hauts responsables hongrois, avant de retourner en Israël le 6 avril.

M. Orban a adressé une invitation à M. Netanyahu malgré le mandat d'arrêt de la CPI, émis l'année dernière. Il avait fermement condamné la décision de la Cour, la qualifiant de « honteuse ».

La CPI a émis des mandats d'arrêt contre M. Netanyahu et l'ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés dans le cadre de la guerre d'Israël contre le Hamas à Gaza, déclenchée par l'attaque du mouvement islamiste palestinien sur le sol israélien le 7 octobre 2023.

La Hongrie a signé le Statut de Rome, le traité international qui a créé la CPI, en 1999 et l'a ratifié deux ans plus tard, pendant le premier mandat de M. Orban.

Cependant, Budapest n'a jamais promulgué la convention associée au Statut de Rome, pour des raisons de conformité avec sa Constitution. Elle affirme donc qu'elle n'est pas tenue de se conformer aux décisions de la CPI.


Diversité: l'administration Trump met la pression sur des entreprises françaises

Le président américain Donald Trump s'exprime lors de la cérémonie de prestation de serment d'Alina Habba en tant que procureur général du New Jersey, dans le bureau ovale de la Maison Blanche à Washington, DC, le 28 mars 2025. (AFP)
Le président américain Donald Trump s'exprime lors de la cérémonie de prestation de serment d'Alina Habba en tant que procureur général du New Jersey, dans le bureau ovale de la Maison Blanche à Washington, DC, le 28 mars 2025. (AFP)
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  • Plusieurs entreprises françaises ont reçu un courrier de l'ambassade des Etats-Unis les interrogeant sur l'existence de programmes internes de lutte contre les discriminations, ce qui pourrait les empêcher de travailler avec le gouvernement américain
  • Le contractant doit également confirmer qu'il est "en conformité avec toutes les lois fédérales anti-discrimination applicables, ce qui est important pour les décisions de paiement du gouvernement"

PARIS: Plusieurs entreprises françaises ont reçu un courrier de l'ambassade des Etats-Unis les interrogeant sur l'existence de programmes internes de lutte contre les discriminations, ce qui pourrait les empêcher de travailler avec le gouvernement américain, rapportent vendredi plusieurs médias français.

Interrogé par l'AFP, l'entourage du ministre français de l'Economie, Eric Lombard, a jugé que "cette pratique reflète les valeurs du nouveau gouvernement américain. Ce ne sont pas les nôtres. Le ministre le rappellera à ses homologues au sein du gouvernement américain", selon la réaction transmise.

"Le contractant ou l'offrant potentiel certifie qu'il (...) ne met pas en œuvre de programmes de promotion de la diversité, de l'équité, et de l'inclusion qui enfreignent les lois fédérales anti-discrimination applicables" aux Etats-Unis, demande un questionnaire attaché au courrier adressé à plusieurs entreprises, que l'AFP a pu consulter.

Le contractant doit également confirmer qu'il est "en conformité avec toutes les lois fédérales anti-discrimination applicables, ce qui est important pour les décisions de paiement du gouvernement", et mentionner le numéro d'appel d'offre ou contrat qui le concerne, peut-on lire dans le questionnaire.

Dès le premier jour de son retour à la Maison Blanche, le 20 janvier, Donald Trump a signé un décret exécutif déclarant "illégaux" les programmes et politiques de "DEI" (Diversité, équité, inclusion), promouvant l'égalité des chances, au sein de l'Etat fédéral.

"Nous vous informons que le décret 14173, concernant la fin de la discrimination illégale et rétablissant les opportunités professionnelles basées sur le mérite, signé par le Président Trump, s'applique également obligatoirement à tous les fournisseurs et prestataires du gouvernement américain, quel que soit leur nationalité et le pays dans lequel ils opèrent", peut-on lire dans le courrier publié par Le Figaro.

Depuis son retour à la Maison Blanche, le président Trump s'est engagé dans une vaste réforme du gouvernement fédéral, traquant les dépenses publiques jugées de gaspillage ou contraires à sa politique, comme les programmes faisant la promotion de la diversité ou de l'inclusion.


Washington somme l'armée libanaise de désarmer le Hezbollah

Une photo prise dans la région de Marjayoun, au sud du Liban, montre un avion de guerre israélien survolant le sud du Liban, le 28 mars 2025. L'envoyé des Nations unies pour le Liban a appelé toutes les parties à la retenue le 28 mars, après qu'Israël a mené des frappes aériennes dans le sud du Liban à la suite de nouveaux tirs de roquettes en direction d'Israël. (AFP)
Une photo prise dans la région de Marjayoun, au sud du Liban, montre un avion de guerre israélien survolant le sud du Liban, le 28 mars 2025. L'envoyé des Nations unies pour le Liban a appelé toutes les parties à la retenue le 28 mars, après qu'Israël a mené des frappes aériennes dans le sud du Liban à la suite de nouveaux tirs de roquettes en direction d'Israël. (AFP)
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  • Les Etats-Unis ont indiqué vendredi qu'il était de la "responsabilité" du Liban et de l'armée libanaise de désarmer le Hezbollah, disant soutenir Israël après les bombardements dans la banlieue sud de Beyrouth
  • L'armée israélienne, qui a aussi bombardé le sud du Liban, avait appelé à évacuer une partie des habitants de la banlieue sud, cible de bombardements intenses pendant les deux mois de guerre ouverte

WASHINGTON: Les Etats-Unis ont indiqué vendredi qu'il était de la "responsabilité" du Liban et de l'armée libanaise de désarmer le Hezbollah, disant soutenir Israël après les bombardements dans la banlieue sud de Beyrouth.

"Dans le cadre de l'accord de cessation des hostilités, le gouvernement libanais est responsable du désarmement du Hezbollah, et nous attendons des forces armées libanaises qu'elles désarment ces terroristes afin d'empêcher la poursuite des hostilités", a déclaré à la presse la porte-parole du département d'Etat, Tammy Bruce.

Israël a bombardé vendredi la banlieue sud de Beyrouth, un bastion du Hezbollah, pour la première fois après quatre mois de trêve, en riposte à des tirs de roquettes qui ont visé son territoire.

L'armée israélienne, qui a aussi bombardé le sud du Liban, avait appelé à évacuer une partie des habitants de la banlieue sud, cible de bombardements intenses pendant les deux mois de guerre ouverte qui l'ont opposée au mouvement libanais, avant un fragile cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre.

"Si des attaques ont eu lieu, c'est parce que des terroristes ont lancé des roquettes sur Israël depuis le Liban. Il s'agit d'une violation de la cessation des hostilités", a poursuivi Mme Bruce, en soulignant qu'Israël devait "réagir, comme le feraient les Etats-Unis ou tout autre pays dans ce genre de situation".