WASHINGTON : Les pays occidentaux étudient des solutions alternatives pour assurer la présence d'une mission internationale en Bosnie en cas de blocage russe du renouvellement à l'ONU, en novembre prochain, du mandat de la mission militaire européenne de sécurisation dans le pays des Balkans, a affirmé mardi le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken.
La Russie, alliée de l'entité serbe de Bosnie (Republika Srpska, RS) et titulaire d'un droit de veto au Conseil de sécurité des Nations unies, avait accepté avec réticence en novembre l'extension d'un an du mandat de la mission européenne de sécurisation Eufor en Bosnie-Herzégovine, un pays divisé depuis la fin de la guerre des années 1990 selon des lignes de fractures ethniques.
La Force européenne en Bosnie (Eufor Althea) compte quelque 600 hommes et a pris la suite en 2004 de la mission de maintien de la paix de l'Otan (SFOR).
Mais depuis que le Kremlin a envahi l'Ukraine fin février, les craintes de nouvelles crispations dans les Balkans se sont accentuées avec la multiplication des menaces séparatistes de la part des dirigeants des Serbes de Bosnie.
"Une force internationale avec un mandat approprié est essentielle pour tenter de maintenir un environnement sûr en Bosnie-Herzégovine", a déclaré M. Blinken devant la commission des Affaires étrangères du Sénat américain.
"Nous sommes impliqués avec des acteurs variés dans cette planification en cas d'urgence" et "nous essayons de faire en sorte d'avoir une solution de rechange" si le mandat de l'Eufor n'est pas renouvelé, a expliqué le ministre.
En avril, l'ambassade de Russie à Sarajevo avait mis en garde l'Occident contre une "possible déstabilisation" de la Bosnie dont il porterait la responsabilité, après la suspension par le Haut représentant de la communauté internationale dans ce pays, l'Allemand Christian Schmidt, d'une loi séparatiste controversée de la RS.
M. Schmidt a le soutien des puissances occidentales mais n'est pas reconnu par Moscou.
Depuis la fin de la guerre intercommunautaire qui avait fait 100 000 morts entre 1992 et 1995, la Bosnie est divisée en deux entités, la RS et une fédération croato-musulmane, unies par un gouvernement central faible.
Sous l'impulsion de son chef politique, Milorad Dodik, la RS a lancé en décembre un processus de retrait de trois institutions cruciales de l'Etat central - l'armée, la justice et le fisc -, faisant craindre une décomposition du pays, voire un nouveau conflit.