ROME: La France a proposé de nouvelles règles strictes pour combattre l’idéologie djihadiste et resserrer les frontières extérieures de l’Europe à la suite des attentats terroristes meurtriers à Vienne et à Nice.
Le ministre français de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a lancé l’idée d’introduire une « loi européenne » lors d’une réunion bilatérale à Rome avec son homologue italienne, Luciana Lamorgese.
Il a également appelé à mettre en place des mesures pour bloquer les sites Web qui soutiennent le Djihad afin de permettre à la police d’effectuer des enquêtes et des contrôles.
« La lutte contre le terrorisme est un combat contre l’idéologie, non pas contre la religion ou l’Islam, que nous respectons entièrement », affirme M. Darmanin lors d’une conférence de presse.
Il a déclaré que toute l’Europe « devrait être impliquée dans ce combat » et a appelé à ce que le traité de Schengen sur la libre circulation au sein de l'UE soit « rétabli et révisé ».
Le ministre français a ajouté qu’ « il ne s’agit pas de bloquer la libre circulation pour les citoyens européens mais de renforcer le système de contrôle aux frontières extérieures ».
Il a souligné que toute révision des accords de Schengen devrait inclure « une gouvernance commune » pour les ministres de l'Intérieur de l'UE, similaire à celle qui existe déjà pour les ministres des Finances.
M. Darmanin a ajouté que le terrorisme est « un problème européen. La France ne peut pas le combattre toute seule. C’est pour cela que nous avons besoin d’une loi européenne, et nous y travaillons ».
Il a précisé que la guerre contre le terrorisme visait « l’idéologie du fondamentalisme islamique » et non la religion. « Être musulman et européen n’est pas incompatible. Cela fait 30 ans que des actes terroristes sont commis au nom de l’Islam en France, et nous devons mettre fin à cela ».
M. Darmanin a communiqué au gouvernement italien « la gratitude du président Macron et des institutions françaises » pour la coopération des enquêteurs italiens après l’attentat de Nice.
L’assaillant de Nice, Brahim Aoussaoui, un tunisien de 21 ans qui a tué un homme et deux femmes dans une église de cette ville française du sud, avait atterri sur l’île sicilienne de Lampedusa à la fin du mois de septembre et s’était rendu en France début octobre.
Le ministre italien des Affaires Étrangères, Luigi Di Maio, a demandé à l’UE d’envisager un Patriot Act à l’américaine afin de stimuler les efforts anti-terrorisme.
Mme Lamorgese a indiqué que l’Italie et la France avaient convenu que des brigades mixtes formées par la police des deux pays contrôleraient les frontières entre les deux nations pendant les six prochains mois. « La libre circulation est garantie, notre lutte est contre le terrorisme et l'immigration illégale », a-t-elle ajouté.
Elle a également révélé que des navires et avions italiens patrouilleraient dans les eaux internationales de la Tunisie pour signaler aux autorités du pays d’Afrique du Nord tout départ de bateaux ou de canots pneumatiques transportant des migrants clandestins qui tentent d'atteindre Lampedusa et la Sicile.
« Ce plan comprend le déploiement de forces navales et aériennes qui peuvent avertir le garde-côte de tout départ afin que les autorités tunisiennes puissent intervenir, dans leur autonomie totale. Bien entendu, pour que ce plan soit opérationnel, une adhésion totale de la Tunisie sera nécessaire », explique Mme Lamorgese.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com