Le président ultraconservateur iranien, Ebrahim Raïssi, devrait s'exprimer lors de la 77e session de l'Assemblée générale des nations unies la semaine prochaine, malgré les sanctions américaines à son encontre, imposées en 2019.
Le régime iranien tentera très probablement de profiter de cette occasion pour avancer de faux discours, comme blâmer d'autres pays pour les conflits dans la région, se dépeindre comme le chef de file de la lutte contre le terrorisme dans la région, diaboliser ses rivaux et prétendre que son programme nucléaire est uniquement conçu à des fins pacifiques. M. Raïssi exigera probablement aussi la levée de toutes les sanctions contre la République islamique.
La présence du président iranien à New York, qui sera sa première visite à l'Organisation des nations unies (ONU) en tant que président, suscite de nombreuses controverses. Le chef de l'État iranien aurait été impliqué dans le massacre de prisonniers politiques en 1988 et des organisations de défense des droits de l'homme telles qu'Amnesty International ont appelé à enquêter sur les crimes présumés commis alors qu'il était membre du «comité de la mort». C'est l'une des raisons pour lesquelles huit sénateurs américains, dont Tom Cotton, Marco Rubio, Joni Ernst et Ted Cruz, ont exhorté le président américain, Joe Biden, à refuser l'entrée d’Ebrahim Raïssi dans le pays. «L'implication de M. Raïssi dans des meurtres de masse et la campagne du régime iranien visant à assassiner des responsables américains sur le sol américain font que permettre à M. Raïssi et à ses sbires d'entrer dans notre pays constitue une menace inexcusable pour la sécurité nationale», indique une lettre signée par les sénateurs.
Le ton donné par les États-Unis à l’Assemblée générale des nations unies est essentiel pour les calculs politiques des dirigeants iraniens. Bien que les États-Unis aient adopté une position plus souple à l'égard du gouvernement de Téhéran en raison de la perspective d'un nouvel accord nucléaire, la Maison-Blanche devrait se concentrer sur l’action déstabilisatrice du régime dans la région et sur la nécessité pour la République islamique de modifier sa politique régionale.
Les États-Unis devraient faire comprendre au régime iranien qu'un accord nucléaire ne lui donne pas le feu vert pour agir comme il l'entend dans la région, en particulier dans les pays arabes tels que le Yémen, l'Irak, le Liban et la Syrie. La communauté internationale peut utiliser la plate-forme de l’Assemblée générale des nations unies pour attirer l'attention sur les effets dévastateurs du soutien continu de Téhéran aux milices et aux groupes terroristes au Moyen-Orient.
On peut affirmer que l'establishment théocratique est l'une des principales raisons du conflit actuel au Yémen, en raison des armes qu'il fournit aux Houthis. Le mois dernier, les forces de sécurité du Yémen ont démantelé une cellule affiliée à la milice houthie qui faisait de la contrebande d'armes en provenance d'Iran. Il s'agit d'une nouvelle violation du droit international et des résolutions du Conseil de sécurité des nations unies par le régime iranien dans le cadre du conflit au Yémen.
Les États-Unis devraient se concentrer sur l’action déstabilisatrice du régime dans la région et sur la nécessité pour lui de modifier ses politiques.
Dr Majid Rafizadeh
Le ministre yéménite de l'Information, Moammar al-Iryani, a déclaré que les aveux des membres de la cellule «confirment que Téhéran continue de fournir des armes à la milice houthie». Ils ont également confirmé le rôle du régime iranien pour «saper les efforts de la trêve et qui prouve que l'Iran utilise la milice houthie pour tuer des Yéménites, déstabiliser le Yémen et répandre le chaos et le terrorisme dans la région».
Les dirigeants iraniens ont également tenté de faire pression sur les puissances mondiales pour qu'elles mettent un terme aux enquêtes menées actuellement par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) sur les activités nucléaires clandestines de Téhéran, qui pourraient avoir une dimension militaire. Lors de l’Assemblée générale des nations unies, les États-Unis et la communauté internationale devraient signifier clairement qu'une telle demande ne sera pas acceptée. Au contraire, le régime iranien devrait être exhorté à coopérer avec les enquêteurs de l'AIEA.
Pour être plus précis, les dirigeants iraniens doivent faire toute la lumière sur leurs activités nucléaires et répondre aux questions alarmantes soulevées par l'organisme de surveillance nucléaire des Nations unies. Rafael Grossi, le directeur général de l'AIEA, a déclaré le mois dernier: «Jusqu'à présent, l'Iran ne nous a pas donné les explications techniquement crédibles dont nous avons besoin pour cerner l'origine de nombreuses traces d'uranium, la présence d'équipements à certains endroits. Cette idée que, pour des raisons politiques, nous allons cesser de faire notre travail est inacceptable pour nous.» M. Grossi a également souligné devant le conseil de l'AIEA que, sans la coopération du gouvernement iranien, «l'agence ne peut confirmer ni l'exactitude ni l'exhaustivité des déclarations de l'Iran dans le cadre de son accord de garanties généralisées».
En d'autres termes, les États-Unis ne devraient pas se concentrer uniquement sur le programme nucléaire du régime iranien lors de l’Assemblée générale des nations unies, mais également sur l’action déstabilisatrice de Téhéran dans la région et son soutien aux groupes terroristes et aux milices.
La communauté internationale, en particulier les États-Unis et les puissances européennes, a l'occasion d'envoyer un message fort au régime iranien lors de l'Assemblée générale des nations unies: la menace nucléaire et les activités clandestines de Téhéran, ainsi que son action régionale déstabilisatrice et son soutien au terrorisme, ne seront pas tolérés. Dans le cas contraire, si les dirigeants iraniens croient qu'ils peuvent agir en toute impunité, ils seront davantage encouragés à poursuivre leur aventurisme militaire.
Le Dr Majid Rafizadeh est un politologue irano-américain formé à Harvard. Twitter : @Dr_Rafizadeh
NDLR : L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com