PARIS : Une Youtubeuse doit être jugée en janvier à Paris pour avoir insulté un policier noir, traité de « vendu » lors d'une manifestation en juin pour Adama Traoré, jeune homme noir décédé en 2016 lors d'une arrestation, a-t-on appris jeudi de sources proches du dossier.
Le parquet de Paris a décidé de faire juger cette femme le 6 janvier devant la 17e chambre correctionnelle du tribunal de Paris pour « outrage aggravé envers personne dépositaire de l'autorité publique », à la suite de la plainte du fonctionnaire.
Il s'agit de Nadjélika, une Youtubeuse venue à la manifestation et qui tient un journal intime vidéo suivi par près de 600.000 abonnés, selon une de ces sources. Contactée par l'AFP, elle n'était pas immédiatement joignable.
Sur une vidéo largement reprise sur les réseaux sociaux, le policier, membre de la DOPC (direction de l'ordre public et de la circulation) de la préfecture de police de Paris se tenait casqué et masqué face à des manifestants scandant en choeur à son adresse : « Vendu! ».
« La honte ! C'est la honte sur vous tous, mais surtout sur toi ! Honte sur toi ! Vendu ! T'es de leur côté », criait la jeune femme, en pointant du doigt le policier, impassible.
Le fonctionnaire faisait partie des effectifs venus encadrer le 2 juin cette manifestation devant le tribunal de Paris, interdite pour des raisons sanitaires et qui avait rassemblé quelque 20.000 personnes selon la préfecture.
« Ce policier se constituera partie civile à cette audience, son honneur et sa fonction ayant été souillés » ce jour-là, ont réagi mercredi ses avocats Mes Pascal Rouiller et Sandra Chirac Kollarik, joints par l'AFP.
Le préfet de police Didier Lallement avait manifesté son soutien au policier, annonçant s'associer à sa plainte. « Il n'y a pas de race dans la police, pas plus que de racisés ou d'oppresseurs racistes », avait écrit le préfet sur Twitter.
La mort de George Floyd, un homme noir américain tué par la police aux Etats-Unis, avait relancé en France les critiques contre la police, accusée de violences et de racisme. Faisant le parallèle entre les deux affaires, le comité Adama Traoré avait organisé cette manifestation pour réclamer la mise en examen des gendarmes qui avaient procédé l'interpellation du jeune homme.
Ces derniers ont été mis hors de cause par plusieurs expertises judiciaires, vivement contestées par la famille Traoré et les experts qu'elle a mandatés.
Quelques jours plus tard, un gendarme noir avait été à son tour traité de « sale vendu » lors d'une nouvelle manifestation contre les violences policières, sur le Champ de Mars à Paris. Le directeur général de la gendarmerie nationale (DGGN), Christian Rodriguez, avait alors décidé de saisir la justice.