Attentats de 2016 à Bruxelles: l'heure du méga-procès, étape clé pour les victimes

Sur cette photo d'archive prise le 24 mars 2016, un homme enveloppé dans un drapeau belge tient une bougie lors d’un rassemblement devant la Bourse de Bruxelles, deux jours après un triple attentat à la bombe, revendiqué par le groupe État islamique, qui a frappé l'aéroport de Bruxelles et la station de métro Maelbeek - Maalbeek, faisant 31 morts et 300 blessés. (Photo de Philippe Huguen / AFP)
Sur cette photo d'archive prise le 24 mars 2016, un homme enveloppé dans un drapeau belge tient une bougie lors d’un rassemblement devant la Bourse de Bruxelles, deux jours après un triple attentat à la bombe, revendiqué par le groupe État islamique, qui a frappé l'aéroport de Bruxelles et la station de métro Maelbeek - Maalbeek, faisant 31 morts et 300 blessés. (Photo de Philippe Huguen / AFP)
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Publié le Samedi 10 septembre 2022

Attentats de 2016 à Bruxelles: l'heure du méga-procès, étape clé pour les victimes

  • La cour d'assises de Bruxelles entame ses travaux avec une audience où sont déjà attendus neuf accusés dont le jihadiste français Salah Abdeslam
  • Les attentats de Bruxelles ont été commis par la même cellule jihadiste que ceux du 13 novembre 2015 à Paris (130 morts) ; ils ont aussi été revendiqués par l'organisation Etat islamique

BRUXELLES : Trente-deux morts et beaucoup d'autres vies «détruites» par les graves blessures physiques ou psychologiques: les victimes des attentats jihadistes de mars 2016 à Bruxelles envisagent le procès -dont le coup d'envoi est donné lundi- comme une étape clé sur la voie de la reconstruction.

La cour d'assises de Bruxelles entame ses travaux avec une audience prévue sur une journée pour régler des questions de procédure, mais où sont déjà attendus neuf accusés dont le jihadiste français Salah Abdeslam. Un dixième, présumé mort en Syrie, sera jugé en son absence.

Les attentats de Bruxelles ont été commis par la même cellule jihadiste que ceux du 13 novembre 2015 à Paris (130 morts). Ils ont aussi été revendiqués par l'organisation Etat islamique. Trois hommes se sont fait exploser, deux à l'aéroport et un autre dans le métro, faisant des centaines de blessés en plus des 32 morts.

A ce stade, 960 parties civiles ont été recensées dans ce qui est présenté comme le plus grand procès jamais organisé en Belgique devant un jury populaire.

«Ma vie est complètement détruite, j'ai perdu mes amis, mon hobby de pilote», confie à l'AFP Philippe Vandenberghe, une des ces parties civiles, un secouriste bénévole qui souffre de stress post-traumatique et fait encore des cauchemars six ans plus tard.

Ce matin du 22 mars 2016, ce cadre de l'aéroport de Bruxelles-Zaventem vient d'arriver à son bureau quand il entend la double d'explosion qui dévaste le rez-de-chaussée où des centaines de voyageurs attendent d'enregistrer leurs bagages.

- «Le début d'autre chose» -

Doté d'un brevet de secourisme, il connaît les premiers gestes qui sauvent et se précipite au chevet des gens au sol, dans une épaisse fumée, au milieu des débris de verre et de métal. L'image de deux enfants qui venaient de perdre leur mère le hante encore.

«Je suis intervenu sur 18 personnes différentes, je suis sûr d'avoir sauvé une femme», poursuit ce célibataire de 51 ans, rencontré chez lui à Louvain-la-Neuve (centre).

Au chômage, après avoir dû batailler avec son ex-employeur et les assurances sur la prise en charge des soins, il se reconstruit par la peinture, l'aide à des ONG et le suivi d'une formation d'ambulancier.

Lundi matin, M. Vandenberghe compte être présent pour découvrir dans leur box les suspects qui répondent d'«assassinats commis dans un contexte terroriste» et encourent la prison à perpétuité.

Pour le secouriste, le procès doit être «le début d'autre chose». «On espère que nos souffrances seront reconnues, c'est ça l'important», dit-il.

«Je ne sais pas si on peut tourner la page, ce qui s'est passé existera toujours en nous», relève de son côté Sébastien Bellin, qui a perdu l'usage d'une jambe dans l'attentat de Zaventem et subi une quinzaine d'opérations depuis 2016.

- Procès d'au moins huit mois -

«Personnellement j'ai évacué toute haine (contre les auteurs), cela pomperait l'énergie dont j'ai besoin pour me reconstruire. J'ai aussi accepté mon handicap», ajoute cet ancien basketteur professionnel de 44 ans. Il voit le procès comme «une étape importante dans (son) cheminement».

Lui aussi partie civile, traumatisé par «la situation de guerre» dont il a été témoin au métro Maelbeek (16 morts, autant qu'à Zaventem), l'ancien commissaire de police Christian De Coninck suivra les audiences à distance. Il refuse d'aller sur place, doutant que les accusés apportent des éléments nouveaux.

«Ils ne valent pas la peine que je me déplace pour eux, je n'ai pas envie d'entendre toutes ces salades sur leur enfance malheureuse, l'influence d'un imam ou la nécessité de combattre pour le califat», déclare-t-il à l'AFP.

Six des dix accusés étaient déjà concernés par le procès du 13 novembre qui s'est achevé fin juin en France. Parmi eux Salah Abdeslam, condamné à la perpétuité incompressible à Paris, et le Belgo-Marocain Mohamed Abrini (perpétuité avec 22 ans de sûreté).

Après l'audience préliminaire de lundi, la cour siégera à nouveau le 10 octobre pour désigner 12 jurés titulaires et 24 suppléants. Les débats doivent s'ouvrir le 13 octobre pour au moins huit mois, jusqu'en juin.

A l'inverse de la France, qui a instauré une cour d'assises spéciale uniquement composée de magistrats professionnels, les crimes terroristes en Belgique sont encore jugés par un jury populaire.

Le procès se tient à l'ancien siège bruxellois de l'Otan, mis temporairement à la disposition de la justice belge.

A Bruxelles le 22 mars 2016, une journée d'horreur et de chaos

Bruxelles, 22 mars 2016. Ce matin de printemps, trois kamikazes se font exploser en pleine heure d'affluence à l'aéroport et dans le métro de la capitale européenne. Bilan: 32 morts, plus de 340 blessés.

Quatre jours après l'arrestation spectaculaire à Bruxelles de Salah Abdeslam, seul membre encore en vie des commandos parisiens du 13 novembre 2015 (130 morts), des jihadistes de la même cellule viennent de commettre les pires attentats de l'histoire de la Belgique.

- Valises bourrées d'explosifs -

Peu avant 08H00, trois d'entre eux sont arrivés en taxi à l'aéroport international de Bruxelles-Zaventem.

Dans le hall des départs, des centaines de personnes se trouvent aux comptoirs d'enregistrement. Les images de vidéosurveillance, qui feront le tour du monde, montrent les trois individus côte à côte, poussant des chariots sur lesquels sont posés leurs bagages. A l'intérieur, des explosifs.

L'un d'eux, portant lunettes de vue sous un chapeau noir, dépose un grand sac avant de quitter l'aérogare. Il s'agit de Mohamed Abrini, l'«homme au chapeau», qui sera arrêté deux semaines plus tard.

07H58'28»: un premier kamikaze déclenche sa charge explosive. Neuf secondes plus tard, le second jihadiste actionne à son tour son dispositif, plus puissant encore. Ibrahim El Bakraoui et Najim Laachraoui viennent de semer la terreur.

- «Du sang dans l'ascenseur» -

«Un monsieur a crié en arabe, et j'ai entendu une grosse déflagration», racontera à l'AFP Alphonse Lyoura, les mains tachées de sang. «J'ai aidé au moins six, sept blessés, on a sorti cinq corps qui ne bougeaient plus», dira encore cet employé de l'aéroport.

Un voyageur débarquant en provenance de Genève décrira «le plafond tombé... une odeur de poudre... du sang dans l'ascenseur».

Seize vies sont fauchées. Parmi les victimes, Alexander Pinczowski, 29 ans, et sa soeur Sascha, 26, qui devaient s'envoler pour New York.

En face du terminal B, l'hôtel Sheraton se transforme en hôpital de campagne.

L'aéroport est évacué, les voyageurs dirigés vers un gymnase avoisinant. Peu après l'arrivée des démineurs, le sac du troisième jihadiste explose, sans faire de blessés.

- Scène de guerre dans le métro -

A 09H11, l'horreur frappe cette fois une station de métro, au coeur du quartier européen. Khalid El Bakraoui, frère cadet du premier kamikaze de l'aéroport, vient d'actionner sa bombe dans une rame sur le point de quitter la station Maelbeek.

Là aussi seize personnes perdent la vie. Comme à l'aéroport, on dénombre de multiples nationalités parmi les morts et les blessés.

Autour de la bouche fumante du métro, des policiers établissent un périmètre de sécurité, coupent la circulation dans le quartier où des dizaines de fonctionnaires européens cherchent dans la confusion un moyen de gagner leur travail.

«Je n'ai rien, t'inquiète pas, c'est horrible», rassure une femme au téléphone, s'éloignant de la scène les larmes aux yeux.

- Onde de choc planétaire -

Dans l'après-midi, l'organisation Etat islamique revendique les attentats contre la «Belgique croisée», accusant le pays de n'avoir «cessé de combattre l'islam et les musulmans».

L'onde de choc est considérable. Plusieurs pays d'Europe, la France, l'Allemagne ou la Grande-Bretagne renforcent leurs mesures de sécurité dans les lieux névralgiques. L'Otan, dont le siège est à Bruxelles, relève son niveau d'alerte.

- «Bruxelles est belle» -

Au fil des heures, plusieurs centaines de personnes de toutes origines convergent spontanément vers la place de la Bourse, au coeur de la capitale belge.

Le Premier ministre Charles Michel, qui a évoqué un «moment de tragédie» pour la Belgique, vient s'y recueillir avec le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker.

Un son de violoncelle perce le silence. Toujours plus de fleurs, de bougies sont déposées sur le parvis alors que la nuit est tombée. «Bruxelles est belle», lancent trois mots tracés à la craie.

- Recherchés «de partout» -

Au 4 rue Max Roos, dans la commune bruxelloise de Schaerbeek, la police découvre un atelier de fabrication de bombes, dont quinze kilos d'explosifs de type TATP.

Au pied de l'immeuble, un ordinateur jeté dans une poubelle contient des testaments audio ou écrit, des lettres adressées à ses proches par Salah Abdeslam, ou encore des photos des membres de la cellule jihadiste posant devant un drapeau de l'EI accroché au mur.

Dans l'un de ces «testaments», Ibrahim El Bakraoui affirme «ne plus savoir quoi faire» car «recherché de partout».

Pour les enquêteurs, c'est l'interpellation d'Abdeslam qui a vraisemblablement précipité le passage à l'acte des autres membres de la cellule jihadiste.


L'aide américaine n'est pas une «baguette magique» pour l'Ukraine

Des militants brandissent des drapeaux ukrainiens devant le Capitole américain à Washington, DC, le 23 avril 2024. (AFP)
Des militants brandissent des drapeaux ukrainiens devant le Capitole américain à Washington, DC, le 23 avril 2024. (AFP)
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  • «Cela a été un parcours difficile. Cela aurait dû être plus facile. Cela aurait dû arriver plus vite», a reconnu Joe Biden mercredi
  • Jake Sullivan a averti qu'il était "possible que la Russie réalise des avancées tactiques supplémentaires dans les semaines à venir", alors que Kiev s'attend à une nouvelle offensive russe prochaine

WASHINGTON: Un soutien massif, pas une "baguette magique": l'aide américaine à l'Ukraine ne résoudra pas tous les problèmes sur les fronts, et les Etats-Unis sont les premiers à le reconnaître.

"Cela a été un parcours difficile. Cela aurait dû être plus facile. Cela aurait dû arriver plus vite", a reconnu Joe Biden mercredi.

Il venait de promulguer une loi, âprement débattue pendant des mois au Congrès américain, qui prévoit 61 milliards de dollars d'aide militaire et économique pour Kiev.

"C'est un montant important", mais "ce délai a coûté cher", souligne Garret Martin, chercheur à l'American University de Washington.

Le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan, en a convenu lui-même.

"Il va falloir du temps pour sortir du fossé creusé par les six mois d'attente" au Congrès, a-t-il dit lors d'une conférence de presse.

Il a averti qu'il était "possible que la Russie réalise des avancées tactiques supplémentaires dans les semaines à venir", alors que Kiev s'attend à une nouvelle offensive russe prochaine.

"Le chemin qui est devant nous n'est pas facile", mais "nous pensons que l'Ukraine peut, et va, gagner", a encore indiqué" Jake Sullivan, en se gardant bien toutefois de définir ce que serait une "victoire" ukrainienne.

Au-delà du montant très conséquent voté par le Congrès, les Etats-Unis ont aussi décidé d'aller plus loin dans la nature des armes fournies.

Ils ont ainsi commencé, discrètement, à livrer aux Ukrainiens des missiles longue portée de type "ATACMS", et vont continuer à le faire.

Mobilisation

L'Ukraine avait utilisé pour la première fois en octobre contre la Russie des missiles américains ATACMS, mais ceux dont il est question désormais peuvent frapper plus loin, jusqu'à 300 km de distance.

"Cela aura un impact", mais "ce n'est pas un seul équipement qui résoudra tout", a dit le conseiller à la sécurité nationale.

Par ailleurs, "il y a une chose que cette aide ne peut pas faire, à savoir résoudre le problème du manque de combattants" de Kiev, souligne Garret Martin, même s'il estime que le vote du Congrès américain pourrait doper le moral des troupes ukrainiennes.

Ce sujet de la mobilisation a fait l'objet de discussions entre Joe Biden et son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, selon la Maison Blanche.

L'Ukraine est confrontée à une pénurie de soldats volontaires, après plus de deux ans de guerre contre l'envahisseur russe, qui ont fait des dizaines de milliers de morts.

Kiev vient d'élargir la mobilisation, abaissant l'âge des Ukrainiens pouvant être appelés de 27 à 25 ans.

Le pays, qui cherche à faire revenir sur son territoire ses citoyens en âge de combattre, ne délivrera par ailleurs plus de passeports à l'étranger aux hommes âgés de 18 à 60 ans, selon un texte publié par le gouvernement mercredi.

Max Bergmann, Directeur au Centre des études stratégiques et internationales (CSIS), souligne lui que l'impact de l'aide américaine dépendra aussi, en partie, de l'attitude des Européens.

Ces derniers "doivent doper dès maintenant la production" d'armement, écrit-il dans une note récente, avec pour "objectif de pouvoir combler la lacune que laisseraient les Etats-Unis" si le financement américain devait s'arrêter pour de bon, par exemple en cas de victoire du républicain Donald Trump à la présidentielle de novembre.

Pour l'expert, l'Ukraine devra s'attacher en 2024 à "tenir ses positions, fatiguer les forces russes, reconstruire et restaurer ses propres forces et ses capacités de défense civile", avant, éventuellement, de repartir "à l'offensive" l'an prochain.


Pakistan: Malala critiquée pour une comédie musicale produite avec Hillary Clinton

La Pakistanaise Malala Yousafzai, prix Nobel de la paix, est sous le feu des critiques dans son pays natal après une publicité réalisée pour une comédie musicale sur les suffragettes qu'elle produit avec Hillary Clinton. (AFP).
La Pakistanaise Malala Yousafzai, prix Nobel de la paix, est sous le feu des critiques dans son pays natal après une publicité réalisée pour une comédie musicale sur les suffragettes qu'elle produit avec Hillary Clinton. (AFP).
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  • Sur X, anonymes et commentateurs lui reprochent d'être apparue à Broadway aux côtés de l'ex-secrétaire d'Etat américaine -sous le mandat de laquelle des frappes de drones ont tué des civils au Pakistan- et de ne pas se prononcer sur la guerre à Gaza
  • Si Malala Yousafzai, 26 ans, est une militante obstinée des droits des femmes louée à travers le monde, les cercles islamistes et une partie importante de l'opinion publique pakistanaise voient en elle un "agent des Etats-Unis"

LAHORE: La Pakistanaise Malala Yousafzai, prix Nobel de la paix, est sous le feu des critiques dans son pays natal après une publicité réalisée pour une comédie musicale sur les suffragettes qu'elle produit avec Hillary Clinton.

Sur X, anonymes et commentateurs lui reprochent d'être apparue à Broadway aux côtés de l'ex-secrétaire d'Etat américaine -sous le mandat de laquelle des frappes de drones ont tué des civils au Pakistan- et de ne pas se prononcer sur la guerre à Gaza, y voyant un "deux poids, deux mesures".

Si Malala Yousafzai, 26 ans, est une militante obstinée des droits des femmes louée à travers le monde, les cercles islamistes et une partie importante de l'opinion publique pakistanaise voient en elle un "agent des Etats-Unis" créé pour corrompre la jeunesse.

Après la première représentation de "Suffs", le cercle des critiques semble s'être élargi à des figures du féminisme au Pakistan.

"J'ai défendu bec et ongle Malala toutes ces années mais, là, je ne la suis pas. C'est vraiment difficile de la défendre depuis six mois", écrit ainsi la militante Leena Ghani, en référence à la guerre lancée par Israël à Gaza en réponse à l'attaque meurtrière du Hamas sur son sol le 7 octobre.

"J'admire Malala depuis 2011", affirme l'éditorialiste Mehr Tarar sur X, mais "sa collaboration théâtrale avec Hillary Clinton -qui défend le soutien infaillible de l'Amérique au génocide des Palestiniens- est un vrai coup à sa crédibilité comme défenseuse des droits humains".

« Tu nous as laissés tomber »

Mme Clinton a dit soutenir la guerre contre le Hamas et rejeté des appels au cessez-le-feu à Gaza. Elle a aussi réclamé la protection des civils dans le petit territoire contrôlé par le mouvement islamiste depuis 2007.

"Quelle déception Malala, tu nous as laissés tomber", écrit de son côté la professeure et militante féministe Nida Kirmani.

De nombreuses voix au Pakistan ont accusé Malala Yousafzai de ne pas avoir exprimé sa solidarité avec les Palestiniens. La jeune femme avait pourtant précédemment publiquement condamné la mort de civils à Gaza et réclamé un cessez-le-feu.

Le New York Times rapporte qu'elle portait un pin's rouge et noir pour la première représentation de "Suffs", un signe de soutien au cessez-le-feu.

Après ces critiques, la jeune femme a affirmé mardi sur le réseau social X son soutien aux habitants de Gaza et condamné la guerre menée par Israël.

"Je veux qu'il n'y ait aucune confusion quant à mon soutien à la population de Gaza", a écrit Malala Yousafzai.

"Nous n'avons pas besoin de voir davantage de cadavres, d'écoles bombardées et d'enfants affamés pour comprendre qu'un cessez-le-feu est urgent et nécessaire".

"J'ai condamné et je continuerai à condamner le gouvernement israélien pour ses violations du droit international et ses crimes de guerre", a-t-elle ajouté.

La jeune fille originaire de la verdoyante vallée de Swat, dans le nord-ouest du Pakistan, avait été blessée par balle au visage en 2012 par des islamistes.

Soignée en urgence en Grande-Bretagne, elle est ensuite devenue un symbole mondial de résistance à l'extrémisme religieux et la porte-voix des filles privées d'instruction, puis en 2014 la plus jeune prix Nobel de la Paix de l'histoire.

Depuis qu'elle a été attaquée, elle n'est revenue que deux fois dans son pays.


Gaza: montée des tensions entre étudiants et la police sur les campus américains

La colère d'étudiants américains pro-palestiniens contre la guerre que mène Israël contre le Hamas dans la bande de Gaza a grossi mercredi aux Etats-Unis, avec des face-à-face tendus avec la police au Texas, à New York, en Nouvelle-Angleterre et en Californie. (AFP).
La colère d'étudiants américains pro-palestiniens contre la guerre que mène Israël contre le Hamas dans la bande de Gaza a grossi mercredi aux Etats-Unis, avec des face-à-face tendus avec la police au Texas, à New York, en Nouvelle-Angleterre et en Californie. (AFP).
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  • "Si la situation n'est pas maîtrisée rapidement et si les menaces et intimidations ne cessent pas, il sera alors temps de faire appel à la Garde nationale"
  • Depuis le regain de tensions la semaine dernière à Columbia, le mouvement s'est étendu à d'autres campus

AUSTIN: La colère d'étudiants américains pro-palestiniens contre la guerre que mène Israël contre le Hamas dans la bande de Gaza a grossi mercredi aux Etats-Unis, avec des face-à-face tendus avec la police au Texas, à New York, en Nouvelle-Angleterre et en Californie.

En visite à l'université Columbia à Manhattan -- d'où est parti cette dernière vague de manifestations étudiantes commencées en octobre -- le président républicain de la Chambre des représentants du Congrès, Mike Johnson, a menacé: "si la situation n'est pas maîtrisée rapidement et si les menaces et intimidations ne cessent pas, il sera alors temps de faire appel à la Garde nationale".

Pour "rétablir l'ordre sur ces campus", a martelé le dirigeant conservateur.

Un avertissement qui résonne douloureusement aux Etats-Unis: le 4 mai 1970, la Garde nationale de l'Ohio avait ouvert le feu à l'université d'Etat de Kent sur des manifestants étudiants pacifiques, dont quatre avaient été tués.

M. Johnson, proche de l'ex-président républicain Donald Trump candidat à sa réélection, a averti qu'il exigerait du président démocrate Joe Biden d'"agir" et jugé que les manifestations pro-palestiniennes "mettaient une cible sur le dos d'étudiants juifs aux Etats-Unis", qui comptent le plus de juifs au monde (quelque six millions) après Israël.

« Liberté d'expression »

Depuis le début du conflit à Gaza en octobre, les universités américaines sont secouées par des débats parfois violents sur la liberté d'expression et des accusations d'antisémitisme et d'antisionisme qui ont coûté leurs postes cet hiver aux présidentes de Harvard et de l'université de Pennsylvanie.

"Profitez de votre liberté d'expression", a lancé, provocateur, M. Johnson, hué par des centaines d'étudiants de Columbia vent debout contre la guerre d'Israël contre le Hamas qui a tué quelque 34.200 personnes, la plupart des civils, selon le ministère de la Santé du mouvement islamiste palestinien.

L'attaque sans précédent du 7 octobre 2023 menée par le Hamas a fait 1.170 morts, essentiellement civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles.

Mercredi, la Maison Blanche a réaffirmé que le président Biden, qui espère être réélu en novembre, "soutenait la liberté d'expression, le débat et la non discrimination" dans les universités.

Depuis le regain de tensions la semaine dernière à Columbia, le mouvement s'est étendu à d'autres campus.

Alliance Etats-Unis-Israël 

Notamment dans les Etats de la Nouvelle-Angleterre, dans le nord-est, où des prestigieuses universités ont demandé à la police d'interpeller des manifestants étudiants qui dénoncent l'alliance militaire, diplomatique et économique des Etats-Unis avec Israël et critiquent les conditions actuelles des Palestiniens.

"En tant que Palestinien, est-ce de ma responsabilité d'être là et de montrer ma solidarité avec la population de Gaza? Absolument!", a répondu à l'AFP Yazen, un Américain de 23 ans d'origine palestinienne qui campe depuis quelques jours dans des tentes montées sur le campus de Columbia.

La présidence de l'université a salué "des progrès importants" dans les discussions avec des étudiants pour évacuer ce campement d'ici vendredi.

Dans la nuit de lundi à mardi, 120 personnes avaient été brièvement interpellées devant l'université de New York (NYU), au coeur de Manhattan. A Yale, dans le Connecticut, une cinquantaine de manifestants ont aussi été interpellés.

Sa concurrente Harvard, la plus ancienne des Etats-Unis, en banlieue de la cité historique de Boston, a vu aussi mercredi se monter sur son campus arboré un campement.

Police anti-émeute 

A l'autre bout du pays, l'université du Texas à Austin a été le théâtre d'un face-à-face, finalement bon enfant, entre des centaines d'étudiants pro-palestiniens et la police, dont nombre d'officiers à cheval et en tenue anti-émeute.

Certains brandissaient des drapeaux palestiniens et portaient le keffieh, d'autres, encadrés par des policiers, s'étaient enveloppés dans des drapeaux d'Israël.

Et à l’université de Californie du sud (USC), plusieurs centaines d’étudiants ont manifesté aux cris de "libérez la Palestine", "révolution par l'intifada".

Dans la foule très diverse, certains agitaient des drapeaux palestiniens, d'autres portaient des keffiehs et des pancartes appelant à "arrêter le génocide" et à un  "cessez-le-feu".

Des centaines de manifestants s'étaient rassemblés mardi soir à Brooklyn, le plus grand arrondissement de New York, à l'appel de Jewish Voice for Peace, un groupe d'Américains juifs de gauche pro-palestiniens, à l'occasion du séder, le rituel de la Pâque juive. Nombre d'entre eux ont été interpellés.

"Nous sommes (les Américains) les instigateurs d'une telle violence, d'une telle haine, c'est terrible", a tonné sur place Rebecca Lurie.