PARIS : Face aux innombrables photos de plats qui fleurissent sur les réseaux sociaux, l'influenceuse culinaire Constance Lasserre tente la carte de la différenciation, en proposant un «art de la dégustation» à ses abonnés.
«On me voit en train de me filmer, de filmer l'intérieur du restaurant», explique t-elle à l'AFP alors en pleine dégustation dans un restaurant parisien.
«Je décortique ce que je mange, je décris mes sensations, les saveurs au cours du repas. Le but est de transmettre mes émotions, de donner envie à ceux qui me suivent de venir dans le restaurant, si ça m'a plu», ajoute-t-elle.
Son compte Instagram, «Hungry Consti», est suivi par près de 105.000 personnes qui découvrent chaque jour ses courtes critiques en vidéo. Il a été créé il y a trois ans mais c'est début 2021 que son nombre d'abonnés a réellement commencé à grimper.
«Je me suis lancée dans un marathon des galettes. Pendant tout le mois de janvier, j'ai testé une galette différente par jour de grands boulangers, pâtissiers, etc... Et c'est là que vraiment tout a explosé, que le concept a vraiment plu», se souvient encore la jeune femme, âgée de 26 ans.
«J'avais fait 14 dégustations, donc produit 14 vidéos, la première année. Et en janvier dernier, j'en ai mangé 20, j'en ai eu marre et j'ai arrêté», avoue t-elle, un sourire aux lèvres.
Depuis un an, Constance Lasserre arrive à vivre de son activité, notamment grâce aux collaborations qu'elle met en place avec des marques agroalimentaires qui la rétribuent.
Pour les restaurants, en revanche, «c'est souvent eux qui m'invitent sur Instagram ou par mail. Ils sont prévenus que je ferai du contenu à la hauteur de mon appréciation. Je me permets toujours de nuancer mon propos: si vraiment je n'ai rien de bon à dire, je préfère ne pas faire de mauvaise pub et rester objective autant que possible, dans ce contexte d'invitation».
- Démocratiser la gourmandise -
Au fil du temps, l'ambition de son compte Instagram a petit à petit évolué, à l'image de sa bio sur ce réseau social.
«Aller manger, faire à manger, manger et parler de ce que je mange», est ainsi devenu: «Je démocratise la gourmandise».
«Je veux dédiaboliser la nourriture et montrer qu'on a le droit de se faire plaisir, avec tous les budgets, avec des restaurants très simples, avec des recettes aussi que je propose, toujours très accessibles, des produits que chacun a dans le frigo. On n'a pas besoin d'être un grand chef», assure l'influenceuse.
Constance Lasserre poursuit: «J'ai vraiment envie que les gens prennent conscience qu'être gourmand, ce n'est pas un défaut. En fait, c'est un appétit de vie et c'est une qualité.»
Sa volonté est parfois mise à mal par des commentaires sexistes ou portant sur son physique et la situation préoccupe la jeune femme sur «les mentalités malsaines» qui peuvent exister concernant la nourriture et le corps.
De quoi la convaincre de ne pas s'éterniser longtemps sur les réseaux sociaux et de se consacrer à d'autres projets.
«Pas de restaurant en vue: je préfère mettre en avant des restaurateurs. J'aimerais vraiment monter un documentaire sur la nourriture d'un pays, sur tout l'aspect sociétal, culturel, qu'elle peut avoir», prévient Constance Lasserre.
Elle s'attelle également à la rédaction d'un essai: «un plaidoyer pour la gourmandise», histoire de perpétuer une recette qui fonctionne.