Bistrots modernes et livres de recettes, le renouveau de la gastronomie palestinienne

Un cuisinier prépare des assiettes de houmous à servir aux clients dans un restaurant de la vieille ville de Jérusalem le 26 juillet 2022. (AFP)
Un cuisinier prépare des assiettes de houmous à servir aux clients dans un restaurant de la vieille ville de Jérusalem le 26 juillet 2022. (AFP)
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Publié le Jeudi 04 août 2022

Bistrots modernes et livres de recettes, le renouveau de la gastronomie palestinienne

  • Les établissements palestiniens branchés ont récemment essaimé, autant à l'intérieur de la Vieille Ville que dans le quartier palestinien de Sheikh Jarrah ou encore jusqu'à Ramallah en Cisjordanie
  • Chef palestinien renommé installé à Londres depuis plus de 20 ans, Sami Tamimi se rappelle qu'«il y a 10 ans, si vous alliez voir un éditeur pour publier un livre de recettes palestiniennes, il répondait "mais qui va l'acheter?"»

JERUSALEM: Depuis les ruelles millénaires de la Vieille Ville de Jérusalem jusqu'aux cuisines d'établissements branchés à l'étranger, un vent de renouveau souffle sur la gastronomie palestinienne qui reste attachée à ses traditions ancestrales et rencontre un franc succès.

Dès la porte d'entrée de "Taboun", les effluves du pain cuit dans le four traditionnel en terre cuite chatouillent les narines des gourmets, qui se pressent dans le bistrot du quartier chrétien de la Vieille Ville.

Au menu: des foccaccias italiennes mais surtout des mets locaux, aubergines généreusement recouvertes de tahini (crème de sésame) et de grenade, manoushé au zaatar (pain plat recouvert d'un mélange d'épices au thym) et pizzas arméniennes au boeuf haché, le lahmajoun, des plats locaux typiques et populaires qui s'arrachent aujourd'hui comme des petits pains, souligne Nassar Odeh, interrogé par l'AFP en juillet et propriétaire de l'établissement.

La scène culinaire locale est en train de "changer pour le mieux", estime-t-il. "De nombreux Palestiniens sont désireux de promouvoir leur cuisine", loin des gargotes de la Vieille Ville souvent spécialisées dans un seul type de plat, ici des falafels, là des sandwichs shawarma.

En ouvrant "Taboun" l'an passé dans ce qui était la boutique familiale de souvenirs, M. Odeh ambitionnait de mettre en avant les produits palestiniens. Dans ce restaurant à la décoration moderne et avec un bar aux pierres apparentes sont proposés des vins et bières en provenance de Cisjordanie occupée.

"C'est extrêmement important car cela met l'accent sur la présence palestinienne et l'entrepreneuriat. Nous devons être fiers de nos produits", affirme-t-il.

Tomates gazaouies 

Pour Dalia Dahdoub, manager de "Taboun" et propriétaire de bars à Bethléem et Jéricho, il s'agit aussi de cuisiner "davantage des produits que les gens ne connaissent pas", en provenance de zones locales.

Ainsi sa carte sera bientôt enrichie d'aubergines provenant des terrasses de Battir près de Bethléem, site inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco, et de tomates venant de Gaza, enclave sous blocus israélien d'où sont autorisés à sortir quelques produits agricoles.

"Lorsqu'elles viennent de Gaza, elles sont réellement rouges et elles ont meilleur goût", explique Mme Dabdoub.

Les établissements palestiniens branchés ont récemment essaimé, autant à l'intérieur de la Vieille Ville que dans le quartier palestinien de Sheikh Jarrah, dans le secteur oriental occupé et annexé par Israël, ou encore jusqu'à Ramallah en Cisjordanie.

"C'est un super départ, nous n'en sommes qu'au début", s'enthousiasme Izzeldin Bukhari, qui organise des cours de cuisine et des visites guidées sur la gastronomie locale.

"Tout le monde faisait quasiment la même chose mais récemment je vois des gens lancer de nouvelles idées", dit-il à l'AFP.

«Falastin»

Chef palestinien renommé installé à Londres depuis plus de 20 ans, Sami Tamimi se rappelle qu'"il y a 10 ans, si vous alliez voir un éditeur pour publier un livre de recettes palestiniennes, il répondait +mais qui va l'acheter?+".

Aujourd'hui, les livres se comptent par dizaines. En 2020, il a signé avec Tara Wigley "Falastin" (Palestine en arabe), grandement inspiré de ses souvenirs culinaires, lui qui est imbattable lorsqu'il s'agit de vanter l'exquisité des feuilles de vigne et des choux-fleurs frits glissés dans du pain, son encas lorsqu'il était écolier.

A Londres, il a plusieurs restaurants chics avec son associé, le chef israélien Yotam Ottolenghi.

Les Israéliens se sont montrés plus performants pour promouvoir la gastronomie locale, souligne M. Bukhari, faisant référence à l'image répandue d'un sandwich falafel dans lequel est planté un petit drapeau israélien.

Les Palestiniens n'ont jusqu'à présent pas suffisamment exploité leur cuisine, et un "vide" s'est créé dans lequel les Israéliens se sont engouffrés, explique-t-il. "Plus on parlera de notre culture et de notre nourriture et plus on comblera ce vide", dit-il.

Le mouvement a d'ores et déjà débuté. Le chef Fadi Kattan, de Bethléem, va ouvrir un restaurant à Londres cette année.

M. Tamimi est lui attendu en octobre au prestigieux hôtel American Colony à Jérusalem, où il officiera pendant deux semaines. Une expérience qu'il renouvelle après un premier passage au cours duquel il avait adapté la carte du restaurant à la cuisine locale.

"C'était la première fois que je travaillais avec une équipe complétement palestinienne", dit-il. "C'est une bonne chose".


Le festival Balad Al-Fan de Djeddah est un havre pour les âmes créatives

Un spectacle musical régale le public du festival Balad Al-Fan à Jeddah. (Photo AN de Saleh Fareed)
Un spectacle musical régale le public du festival Balad Al-Fan à Jeddah. (Photo AN de Saleh Fareed)
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  • Le festival, qui a débuté le 5 avril est organisé par Zawiya 97 en coopération avec le ministère de la culture.
  • Le festival propose des concours artistiques, des ateliers, des débats culturels, des marchés de fin de semaine et des spectacles de musique en direct.

DJEDDAH : Le quartier historique d'Al-Balad à Jeddah s'est une fois de plus transformé en un centre artistique dynamique à l'occasion de la deuxième édition du festival Balad Al-Fan, qui se déroule jusqu'au 13 juin.

Le festival, qui a débuté le 5 avril est organisé par Zawiya 97 en coopération avec le ministère de la culture, propose plus de 90 événements, dont des concours artistiques, des ateliers créatifs, des conférences culturelles, des ateliers scolaires, des spectacles en direct et des marchés de fin de semaine. 

Hashem Al-Shawi explique aux participants le processus de fabrication du savon lors du festival, tandis que Khloud Nass se prépare pour son cours de poterie. (Photo AN de Saleh Fareed)
Hashem Al-Shawi explique aux participants le processus de fabrication du savon lors du festival, tandis que Khloud Nass se prépare pour son cours de poterie. (Photo AN de Saleh Fareed)

Abdulrahman Al-Aseri, directeur général de Zawiya 97, a déclaré à Arab News : "Dans le prolongement de la mission de Zawiya 97, qui consiste à renforcer la présence culturelle et artisanale dans la Jeddah historique, nous plaçons la créativité au cœur de notre vision en associant le patrimoine vivant à l'esprit de l'innovation contemporaine. Grâce à notre participation à Balad Al-Fann 2, nous présentons plus de 90 événements artistiques et artisanaux visant à faire revivre le Jeddah historique avec une énergie artisanale".

Le festival comprend quatre week-ends thématiques : l'artisanat, la nature et la durabilité, le week-end de la jeunesse et "A Sweet-Scented Farewell", qui met l'accent sur les apothicaires d'Al-Balad.

"Cette saison, nous avons conçu une plateforme dynamique qui célèbre l'artisanat traditionnel, en le réimaginant par le biais de la durabilité, de la narration culturelle et de l'autonomisation des jeunes", a déclaré M. Al-Aseri. "Nous pensons que la créativité ne consiste pas simplement à avoir une idée, mais à insuffler une nouvelle vie dans les ruelles intemporelles d'Al-Balad. 

L'artiste visuel Khloud Nass animera l'un des ateliers. (Photos AN par Saleh Fareed)
L'artiste visuel Khloud Nass animera l'un des ateliers. (Photos AN par Saleh Fareed)

"Avec un nouveau groupe d'artisans distingués rejoignant notre programme d'incubation d'artisans, nous continuons à construire une communauté qui préserve le patrimoine et innove pour l'avenir. Nous invitons tous ceux qui partagent cette passion à participer à la renaissance de la Jeddah historique".

L'artiste visuelle Khloud Nass animera l'un des ateliers. Elle a déclaré : "J'ai travaillé avec Zawi : "Je travaille avec Zawiya 97 depuis un an pour former ceux qui veulent apprendre à travers des ateliers tels que la poterie. 

Azzam Al-Ghamdi de Dar Azzam travaillera avec des parfums tels que le musc, l'oud et la rose, afin de présenter l'art de la parfumerie en utilisant des plantes indigènes d'Arabie saoudite. (Photos AN par Saleh Fareed)
Azzam Al-Ghamdi de Dar Azzam travaillera avec des parfums tels que le musc, l'oud et la rose, afin de présenter l'art de la parfumerie en utilisant des plantes indigènes d'Arabie saoudite. (Photos AN par Saleh Fareed)

Azzam Al- Ghamdi, de Dar Azzam, travaillera avec des fragrances de musc, d'oud et de rose, pour présenter l'art de la parfumerie à partir de plantes indigènes d'Arabie saoudite.

Il a déclaré à Arab News : "Le savoir-faire traditionnel et le sol parfait pour la culture des plantes aromatiques du Royaume d'Arabie saoudite ont conféré au parfum un rôle central dans notre mode de vie. (Il est profondément ancré dans la culture saoudienne. L'utilisation de parfums à des fins culturelles et religieuses remonte à plusieurs siècles dans ce pays." 

Le festival offre aux visiteurs la possibilité de participer à divers concours, dont "Votre créativité fait revivre Al Balad" et "Artisanat et calligraphie". (Photo Fournie)
Le festival offre aux visiteurs la possibilité de participer à divers concours, dont "Votre créativité fait revivre Al Balad" et "Artisanat et calligraphie". (Fourni)

Outre la présentation de sa créativité, M. Al-Ghamdi forme également les visiteurs dans ses ateliers.

Hashem Al-Shawi propose des ateliers de fabrication de savon au festival. "Les méthodes de soins biologiques se sont toujours avérées fiables et je suis très heureux de participer à ce festival et de partager les différents types de savon et le processus de fabrication du savon", a-t-il déclaré.

Le festival offre également aux visiteurs la possibilité de participer à divers concours, dont "Votre créativité fait revivre Al Balad" et "Artisanat et calligraphie", qui leur permet de transformer les trottoirs et les espaces publics d'Al Balad en œuvres d'art, avec la possibilité de gagner des prix en espèces. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com  


L'académie saoudienne conclut un programme arabe en Espagne

La conférence a présenté la vision globale de l'académie, et a mis l'accent sur ses projets internationaux et sur les partenariats futurs avec les institutions espagnoles. (SPA)
La conférence a présenté la vision globale de l'académie, et a mis l'accent sur ses projets internationaux et sur les partenariats futurs avec les institutions espagnoles. (SPA)
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  • Le programme comprenait une série d'événements éducatifs et culturels dans des villes espagnoles telles que Madrid, Grenade et Cordoue.
  • Les activités comprenaient une exposition, des séminaires, des cours de formation, des tests de compétence linguistique et des concours pour les étudiants, organisés en partenariat avec des universités et des institutions espagnoles.

RIYAD : L'Académie mondiale du roi Salman pour la langue arabe a clôturé son programme du Mois de la langue arabe en Espagne, a rapporté l'agence de presse saoudienne.

Organisée tout au long du mois d'avril, cette initiative s'inscrit dans le cadre du projet global de l'académie visant à soutenir l'enseignement de l'arabe pour les locuteurs non natifs et à promouvoir la collaboration avec les institutions universitaires et culturelles internationales.

Le programme comprenait une série d'événements éducatifs et culturels dans des villes espagnoles telles que Madrid, Grenade et Cordoue.

Les activités comprenaient une exposition, des séminaires, des cours de formation, des tests de compétence linguistique et des concours pour les étudiants, organisés en partenariat avec des universités et des institutions espagnoles.

La Casa Arabe, l'université Rey Juan Carlos, l'université autonome de Madrid et l'université de Grenade figurent parmi les principaux collaborateurs. 

Ciblant les apprenants, les éducateurs et les spécialistes de la langue arabe, le programme proposait des sessions de formation, des activités de sensibilisation et des forums académiques.

Il s'est achevé à Cordoue par une conférence d'introduction et un forum ouvert aux passionnés de la langue arabe.

Cette conférence a permis de présenter la vision globale de l'académie, de mettre en lumière ses projets internationaux et d'envisager de futurs partenariats avec des institutions espagnoles.

L'initiative a également été mise en œuvre dans des pays tels que l'Ouzbékistan, l'Indonésie, la Chine, l'Inde, la France, le Brésil, la Thaïlande et la Malaisie, élargissant ainsi sa portée mondiale. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


La montagne Al-Tharwa de Najran révèle les histoires de l'art islamique primitif

Les rochers conservent de rares inscriptions islamiques qui constituent un témoignage historique du passé ancien et de la richesse de la civilisation islamique. (SPA)
Les rochers conservent de rares inscriptions islamiques qui constituent un témoignage historique du passé ancien et de la richesse de la civilisation islamique. (SPA)
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  • Les rochers conservent des inscriptions islamiques rares

RIYAD : Cachées dans le ruisseau de la montagne Al-Tharwa, au sud du parc du Roi Fahd dans la région de Najran, se trouvent des archives vivantes qui racontent l'histoire de l'art islamique primitif.

Les caractéristiques rocheuses de la montagne regorgent de preuves archéologiques importantes de la calligraphie islamique à ses débuts.

Les rochers conservent de rares inscriptions islamiques qui servent d'archives historiques reflétant le passé ancien et la richesse de la civilisation islamique.

Ces inscriptions témoignent de la précision et de la beauté de l'art et de la calligraphie islamiques à leurs débuts, révélant une phase de transition importante dans l'histoire de l'art et des écritures arabes.

La montagne Al-Tharwa devient ainsi un musée en plein air qui raconte des chapitres des débuts de la civilisation islamique.

Salem ben Ahmad ben Tairan, professeur de langues sémitiques, d'écritures anciennes et d'archéologie à l'Université du Roi Saoud, a déclaré : "Les inscriptions islamiques sont une source importante et fondamentale pour l'étude de l'histoire et de la civilisation islamiques.

Najran regorge d'un grand nombre de ces inscriptions qui remontent au début de la période islamique.

"Grâce à l'étude archéologique des inscriptions et des écrits anciens de la région, plus de 200 inscriptions islamiques coufiques ont été identifiées et documentées sur plusieurs sites, notamment sur la montagne Al-Tharwa à Saqam, au sud du Wadi Najran, où 33 inscriptions islamiques ont été trouvées, dont 26 appartiennent à des membres d'une même famille.

Bien que ces inscriptions ne soient pas datées, le style de l'écriture et les noms des personnes mentionnées indiquent qu'elles remontent aux deuxième et troisième siècles de l'ère chrétienne.

La plupart de ces inscriptions contiennent des phrases religieuses et des prières, exprimant la croyance en la mort, la confiance en Dieu, le monothéisme et les bénédictions sur le Prophète, ainsi que les signatures de leurs auteurs.

Abdullah Al-Suqour, membre du Club touristique de Najran et guide touristique agréé, a expliqué que la montagne Al-Tharwa est considérée comme un site archéologique et touristique important en raison des preuves historiques qu'elle contient, confirmant l'importance des premières inscriptions islamiques qui se distinguent par leur beauté, leur organisation et la précision de leurs structures linguistiques.

Il a noté que parmi ces inscriptions, certaines ont été écrites par des femmes qui ont gravé leur nom sur les rochers de la montagne dans des phrases commémoratives et religieuses, signe d'une période civilisée au cours de laquelle l'éducation s'est répandue dans toutes les sociétés.

M. Al-Suqour a ajouté que la montagne Al-Tharwa est une destination culturelle de premier plan qui renferme un riche patrimoine culturel d'inscriptions islamiques anciennes.

Ces trésors archéologiques ornent la montagne et constituent l'une des preuves les plus rares du développement précoce de la gravure et de la calligraphie islamique dans le sud de la péninsule arabique.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com