PARIS : La France n'est pas dans une "logique confrontationnelle" avec la Chine dans l'espace Indo-Pacifique, a affirmé jeudi le président français Emmanuel Macron, alors que Washington, l'allié traditionnel de Paris, et Pékin bandent les muscles autour de Taïwan.
La France et l'Europe doivent bâtir une "indépendance géopolitique" par rapport au "duopole" sino-américain, a observé le chef d'Etat français. "Nous n'avons pas à être sommés de choisir", "nous devons partout pouvoir garder cette liberté d'action", a-t-il poursuivi.
"Nous ne sommes pas prêts à avoir une stratégie de confrontation avec la Chine dans l'espace Indo-Pacifique (...). Nous ne sommes pas dans une logique confrontationnelle et nous ne considérons pas que des alliances qui ont été structurées pour certaines oppositions doivent s'étendre sur l'espace Indo-Pacifique", a-t-il encore répété devant les ambassadeurs français.
Concernant les Etats-Unis, M. Macron a souligné la "forte" convergence de valeurs avec Washington. Mais "nous n'avons jamais été ni aligné ni vassalisé derrière quelque puissance que ce soit", a-t-il tranché.
La région Asie-Pacifique, qui s'étend de l'Inde à la région du sud du Pacifique, en passant par la Chine, l’Asie du sud-est, l'Australie et la Nouvelle-Zélande, a connu une forte poussée de fièvre en août après la visite de la présidente de la Chambre des représentants américaine Nancy Pelosi à Taïwan, que Pékin a vécu comme une provocation majeure, la Chine considérant l'île comme une partie de son territoire à réunifier, par la force si nécessaire.
Pékin a procédé à des manœuvres militaires terrestres et maritimes sans précédent en représailles: navires de guerre, missiles et avions de chasse ont été déployés cinq jours durant pour simuler un blocus de Taïwan.
La Chine a "choisi de sur-réagir" à la visite de Nancy Pelosi en tirant 11 missiles balistiques autour de Taïwan, une activité militaire "provocatrice", avait alors déclaré un porte-parole de la Maison Blanche.
De son côté, Taipei avait réalisé ses propres exercices de défense pour simuler une riposte à une invasion par la Chine.
Mi-août, Berlin, allié traditionnel de Washington, avait envoyé six avions de combat Eurofighter dans la zone indo-pacifique, soit "le plus grand et du plus ambitieux déploiement jamais réalisé par l'armée de l'air", avait souligné son chef d'état major de l'armée de l'air.
"Nous envoyons un signal clair: les forces aériennes peuvent être engagées rapidement et dans le monde entier même en cas de missions multiples à accomplir en parallèle", avait-il encore assuré.