Macron veut une diplomatie plus « réactive» face aux crises

Le président français Emmanuel Macron s'adresse aux médias lors d'une conférence de presse à l'Elysée à Paris le 1er septembre 2022. (Photo, AFP)
Le président français Emmanuel Macron s'adresse aux médias lors d'une conférence de presse à l'Elysée à Paris le 1er septembre 2022. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 01 septembre 2022

Macron veut une diplomatie plus « réactive» face aux crises

  • Dans un discours de deux heures tenu devant les ambassadeurs français réunis à l'Elysée, le chef de l'Etat a prévenu que « d'immenses travaux» attendaient la diplomatie française
  • Se posant une nouvelle fois en diplomate en chef pour les cinq années à venir, après un premier mandat où il a été très actif sur la scène mondiale, M. Macron a dressé un constat sombre

PARIS : Dans un contexte de "grande bascule" géopolitique, Emmanuel Macron a affirmé jeudi les ambitions diplomatiques de son second mandat pour que la France soit "une nation forte" qui, avec l'Europe, "ne se laisse pas intimider".

Dans un discours de deux heures tenu devant les ambassadeurs français réunis à l'Elysée, le chef de l'Etat a prévenu que "d'immenses travaux" attendaient la diplomatie française.

Se posant une nouvelle fois en diplomate en chef pour les cinq années à venir, après un premier mandat où il a été très actif sur la scène mondiale, M. Macron a dressé un constat sombre.

"Ces dernières années, l'impensable est arrivé à plusieurs reprises" avec notamment les crises de la Covid-19 et de la guerre en Ukraine, a-t-il souligné d'emblée.

Selon lui, la France doit s'imposer comme une "puissance d'équilibres" à l'heure où "l'ordre international est bousculé" par "la logique impérialiste" de la Russie, la volonté de la Chine de "redéfinir les règles du jeu" et "l'affirmation de puissances autoritaires et de déséquilibre".

Toutefois, il a "assumé" de poursuivre le dialogue avec la Russie, une stratégie qui a été critiquée depuis le début de la guerre en Ukraine.

"Qui a envie que la Turquie soit la seule puissance du monde qui continue à parler à la Russie ?", a-t-il lancé, plaidant pour un dialogue avec Moscou "en cohérence avec nos alliés".

Elargissement de l'UE

La France doit s'appuyer sur ses forces mais aussi sur celles de l'Europe, a réitéré le président français.

Il a d'ailleurs "salué" le discours prononcé lundi par le chancelier allemand Olaf Scholz sur l'avenir de l'Union européenne, qui a livré en début de semaine un plaidoyer pour rendre l'UE plus efficace, notamment avec la fin d'un droit de veto, mais aussi en faveur de son élargissement jusqu'à "30 ou 36 membres".

Le chancelier allemand a également appuyé le projet d'Emmanuel Macron de Communauté politique européenne, un nouveau forum ouvert aux pays non-membres de l'UE, qui doit se réunir une première fois en octobre en République Tchèque, présidant actuellement l'UE.

Le chef de l'Etat entend en outre se battre pour que les Européens s'affirment au sein de l'Otan pour ne pas être "simplement des partenaires vassalisés" des Etats-Unis.

Faisant allusion à l'achat d'armements américains par plusieurs pays, comme l'Allemagne, il les a appelés à "une cohérence plus forte": "si chaque État européen dépense davantage, ce n'est pas pour acheter non-européen", a-t-il lancé.

Dans tous les domaines, Emmanuel Macron a demandé aux diplomates français d'adopter "une approche plus hybride" de leur action, en "associant davantage la société civile" et en étant "plus réactifs sur les réseaux sociaux", en particulier en Afrique.

«On subit trop»

Car il s'agit, selon lui, de riposter aux "narratifs russe, chinois ou turc" qui expliquent aux opinions publiques "que la France est un pays qui fait de la néo-colonisation et installe son armée sur leur sol".

"Aujourd'hui on subit trop", a-t-il regretté, alors que la France a notamment été visée par des campagnes de désinformation au Mali, sur fond de tensions diplomatiques entre Paris et Bamako.

La conférence des ambassadeurs, qui n'avait pu se tenir en 2020 et 2021 à cause de la Covid-19, a en outre permis à Emmanuel Macron à défendre sa réforme controversée de la haute fonction publique, à l'origine d'un mouvement de contestation inédit chez les diplomates.

Reconnaissant "le trouble" qu'elle a suscité, il a assuré qu'elle était "bonne pour le Quai d'Orsay" car elle allait rendre la diplomatie française "plus agile, plus experte, plus forte".

Cette réforme prévoit la "mise en extinction" des deux corps historiques de la diplomatie d'ici la fin 2023 et la création d'un nouveau corps de l'Etat. Les hauts fonctionnaires ne seront plus rattachés à une administration spécifique et pourront en changer en cours de carrière.

La ministre des Affaires étrangères Catherine Colonna doit lancer prochainement des Etats généraux de la diplomatie dans le but d'"enrichir" la réforme.

Emmanuel Macron devrait multiplier les déplacements internationaux d'ici la fin de l'année, en se rendant à New York pour l'Assemblée générale de l'ONU, puis à la COP en Egypte, au G20 en Indonésie...


Première mission du porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle aux Philippines

Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
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  • L'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.
  • La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

SUBIC BAY FREEPORT ZONE PHILIPPINES : Le porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle a effectué sa première mission aux Philippines, où l'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.

« Compte tenu de la montée des tensions, il est d’autant plus important de défendre le droit international et la liberté de navigation, que ce soit en mer ou dans les airs », a déclaré l'ambassadrice Marie Fontanel sur le pont du porte-avions, dans la baie de Subic, au nord de Manille.

Le groupe aéronaval a rejoint la marine des Philippines vendredi pour ces exercices.

Constitué de quelque 3 000 marins, il avait quitté le port de Brest en novembre pour une mission de plusieurs mois en mer Rouge, dans l'océan Indien et dans le Pacifique, durant laquelle il doit intégrer régulièrement des frégates ou des sous-marins de pays étrangers.

La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

Les Philippines cherchent pour leur part à renforcer leurs relations avec leurs alliés face aux confrontations régulières entre Manille et Pékin concernant la mer de Chine méridionale. Pékin y revendique en effet la majeure partie de cette voie navigable stratégique.

En novembre, Manille avait annoncé l'achat à la France de 40 vedettes rapides de patrouille dans le cadre d'un accord de 440 millions de dollars (environ 420 millions d'euros).


L'écrivain Boualem Sansal a entamé une grève de la faim, a déclaré son avocat

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  • « Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.
  • Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

PARIS : L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, incarcéré en Algérie depuis mi-novembre, a entamé lundi une grève de la faim, a indiqué son avocat dimanche à l'AFP, précisant tenir cette information d'une source judiciaire.

« Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.

Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

« Ni la pondération dans l'expression de sa défense, ni la retenue face à la campagne abjecte que j'ai subie dans certains médias algériens, ni le respect du cadre judiciaire de ce pays ne semblent avoir été appréciés par un régime qui persiste à me refuser le visa sans raison valable, privant Boualem Sansal de la défense de son choix », a martelé l'avocat.

Ce dernier a également affirmé que le protocole de soin suivi par Boualem Sansal avait été interrompu, alors que l'écrivain souffrirait d'un cancer, d'après des informations de presse.

Boualem Sansal est poursuivi en vertu de l'article 87 bis du Code pénal algérien, qui sanctionne comme acte terroriste ou subversif tout acte visant la sûreté de l'État, l'intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions.

Selon le quotidien français Le Monde, le pouvoir algérien aurait mal pris les déclarations de Boualem Sansal au média français Frontières, réputé d'extrême droite, reprenant la position du Maroc selon laquelle le territoire de ce dernier pays aurait été amputé sous la colonisation française au profit de l'Algérie.

Son incarcération a provoqué les protestations de nombreux intellectuels et écrivains, qui estiment les poursuites sans aucun fondement.

Boualem Sansal a longtemps affirmé être né en 1949, ce qui lui donnerait aujourd'hui 75 ans. En décembre, son éditeur Antoine Gallimard avait pour sa part indiqué qu'il était en vérité né en 1944 et avait donc 80 ans.


Immigration : un conseil interministériel se réunit mercredi

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
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  • Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.
  • Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

PARIS : Le gouvernement français réunira un conseil interministériel de contrôle de l'immigration mercredi, alors qu'une attaque au couteau, perpétrée par un Algérien en situation irrégulière, a fait un mort samedi à Mulhouse, a assuré dimanche le ministre des Affaires étrangères.

Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.

Au cours de l'entretien, le ministre a été interrogé sur les discussions avec ses homologues algériens concernant les obligations de quitter le territoire français (OQTF).

« Cette attaque terroriste nous appelle à amplifier encore la mobilisation qui est la nôtre pour mieux contenir et prévenir les conséquences de la présence de ce terroriste islamiste sur le territoire national », a estimé le ministre avant d'évoquer le conseil interministériel.

Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

Le Premier ministre, François Bayrou, a d'ailleurs convoqué un conseil interministériel de contrôle de l'immigration ce mercredi. « Nous devons faire plus et nous devons faire mieux », a-t-il déclaré.

M. Barrot a également affirmé avoir demandé « aux 19 ambassadeurs, dans les pays où nous rencontrons le plus de difficultés pour renvoyer les étrangers en situation irrégulière, à me faire un rapport circonstanciel dont je présenterai les résultats ce mercredi au Premier ministre pour que nous puissions prendre des mesures fortes ».

« Il y a des pays vis-à-vis desquels il nous faut effectivement prendre des mesures fortes. Il y en a d'autres où, au contraire, il nous faut des mesures d'accompagnement », a-t-il ajouté.