BEYROUTH: Le Royaume rejette les tentatives d’utiliser l’Islam comme bouclier à des fins politiques alimentant la haine, l’extrémisme et le terrorisme, a déclaré lundi l’ambassadeur de l’Arabie saoudite au Liban, Walid Boukhari.
Ses remarques sont intervenues à la suite de son entretien avec le Grand mufti du Liban, Cheikh Abdel Latif Derian.
Derian est l’une des figures les plus importantes de l’unité nationale au Liban et le Royaume tient à respecter toutes les figures et positions islamiques et chrétiennes car elles sont chargées de l’unité, de l’arabité et la coexistence du Liban, a-t-il ajouté.
Il a ajouté que le Royaume soutient la promotion de l’unité et le rapprochement entre les Libanais.
Sa visite à Dar al-Fatwa a coïncidé avec la critique d’une déclaration de l’ambassadeur iranien au Liban, Mojtaba Amani, lors de sa visite à Derian la semaine dernière.
Amani l’a décrit comme «le mufti des sunnites» au lieu de son titre officiel, «le Grand mufti du Liban».
Selon une source de Dar al-Fatwa, c’est la première fois qu’un diplomate commet une telle erreur.
Ce faux pas s’est déroulé dans un contexte de forte tension politique au Liban entre le Hezbollah et ses alliés et ceux qui réclament la souveraineté du Liban et le retrait de l’Iran.
Des personnalités politiques ont condamné l’erreur de l’ambassadeur, affirmant qu’il avait réduit le rôle de Derian «et que son discours était destiné à provoquer des dissensions».
Selon les lois libanaises, le Grand mufti est le président direct de tous les érudits musulmans et la référence suprême en matière de donations islamiques.
Il exerce tous les pouvoirs qui lui sont conférés par les lois et les règlements islamiques.
Il rencontre également tous les muftis locaux à travers le Liban pour examiner les conditions religieuses et sociales des musulmans dans leurs régions et fournir les instructions nécessaires aux érudits.
Le Dr Mohammed al-Sammak, secrétaire général du Comité de dialogue islamo-chrétien, a déclaré à Arab News que le Grand mufti est considéré comme la première référence religieuse officielle au Liban.
Selon Al-Sammak, l’ambassadeur iranien a corrigé son erreur mais a tardé à le faire et à gérer le chaos qu’il a provoqué, ajoutant qu’il l’a fait après que plusieurs personnalités politiques et religieuses ont condamné sa déclaration.
Le diplomate iranien a précisé deux jours après sa visite à Dar al-Fatwa, que l’Iran «tient à maintenir l’unité islamique et à respecter toutes les références religieuses».
«Nous avons une bonne relation fraternelle avec le cheikh Abdel Latif Derian, qui reflète les valeurs islamiques et nationales authentiques. Cette relation ne peut pas être affectée par ceux qui ont mal interprété ce qui a été dit sans prendre en considération sa signification et son essence», a-t-il ajouté.
Après avoir rencontré Boukhari, Derian a salué les efforts déployés par l’Arabie saoudite pour renforcer et approfondir la culture de la modération, soutenir les affaires du monde islamique et arabe, et défendre la justice dans le monde.
Il a de même salué le rôle du Royaume – mené par le roi Salmane et le prince héritier, Mohammed ben Salmane – dans le soutien des affaires islamiques et arabes, ainsi que l’attention spéciale accordée au Liban et son désir d’assurer la sûreté, la sécurité et la stabilité du Liban et des Libanais.
Le Conseil suprême de la Charia du Liban, qui a tenu une réunion samedi dernier, sous la présidence de Derian, a consacré une partie de sa déclaration à appeler le roi Salmane, le prince héritier saoudien et le Conseil de coopération du Golfe à soutenir le Liban et à ne pas l’abandonner durant sa crise.
Le Conseil a indiqué que le Liban est de nationalité et d’affiliation arabe et qu’il serait toujours aux côtés de frères arabes.
Le député Imad al-Hout, du groupe islamique, figurait parmi ceux qui ont appelé l’ambassadeur iranien à s’excuser pour son «erreur intentionnelle ou non».
Le député Mohammed Sleiman a déclaré: «Le diplomate iranien est tombé dans le piège de ses propres actions adoptées pour diviser le peuple libanais.»
Il a ajouté que Dar al-Fatwa et son mufti ne sont pas sujets de division, ni ne représentent une partie des Libanais et des musulmans seulement.
«Vos excuses ne rectifient pas vos déclarations tant que vos actions montrent que vous voulez diviser le peuple libanais selon la religion et la confession de chacun afin de créer le chaos entre les citoyens d’un même pays.»
Le ministre intérimaire de l’Intérieur, Bassam Mawlawi, a souligné l’importance de la sécurité dans le cadre des circonstances difficiles que subit le Liban.
Il a mis en garde contre la surpopulation carcérale et le manque de discipline, révélant que des opérations d’inspection rigoureuses avaient été menées dans les bâtiments de la prison centrale de Roumieh depuis dimanche.
Des téléphones portables et des couteaux fabriqués à l’intérieur de la prison ont été trouvés, et il a appelé les détenus à être patients et le système judiciaire à accélérer le processus de poursuites.
Il a révélé qu’environ 79% des prisonniers n’avaient pas encore été condamnés et que 43%de prisonniers étaient étrangers.
Le nombre de détenus au Liban est trois fois supérieur à la capacité de ses prisons, ce qui crée une pression dans le contexte de la dépréciation de la monnaie nationale et augmente la charge ministérielle, a-t-il dit.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com