En Tunisie, des ingénieurs développent une main bionique adaptée aux handicapés

L’ingénieur Mohamed Dhaouafi, concepteur du prototype de main bionique (Photo, Bechir TAIEB/AFP).
L’ingénieur Mohamed Dhaouafi, concepteur du prototype de main bionique (Photo, Bechir TAIEB/AFP).
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Publié le Mardi 03 novembre 2020

En Tunisie, des ingénieurs développent une main bionique adaptée aux handicapés

  • Mohamed Dhaouafi, 28 ans, a conçu son premier prototype pour un projet universitaire lorsqu'il étudiait à l'école nationale d'ingénieurs de Sousse (côte est)
  • « Je voulais prouver que je pouvais le faire mais aussi marquer l'histoire, changer la vie des gens », explique le jeune Tunisien, désormais installé dans une pépinière d'entreprises

SOUSSE: Des doigts en plastique commandés par les muscles du bras, des pièces imprimées en 3D faciles à remplacer, une recharge par énergie solaire : des ingénieurs tunisiens développent une main bionique adaptée aux besoins des handicapés en Tunisie et ailleurs sur le continent africain.

Mohamed Dhaouafi, 28 ans, a conçu son premier prototype pour un projet universitaire lorsqu'il étudiait à l'école nationale d'ingénieurs de Sousse (côte est).

« Nous avions prévu de créer une plateforme de distribution de produits pharmaceutiques », se souvient-il. « Mais un membre de l'équipe avait une cousine née sans main, dont les parents ne pouvaient pas investir dans des prothèses, surtout qu'elle était encore en train de grandir : du coup, on a décidé de se lancer dans la conception d'une main ».

Fraîchement diplômé, Dhaouafi lance en 2017 sa startup Cure Bionics dans une chambre chez ses parents, quand de nombreux camarades de promotion choisissaient de s'expatrier, attirés par de meilleurs salaires et par un goût d'ailleurs.

« Je voulais prouver que je pouvais le faire mais aussi marquer l'histoire, changer la vie des gens », explique le jeune Tunisien, désormais installé dans une pépinière d'entreprises adossée à son université.

Intelligence artificielle

Plusieurs bourses remportées lors de compétitions et quelques dizaines de milliers de dollars d'investissements d'une société américaine lui ont permis de recruter quatre ingénieurs.

Chacun devant son écran d'ordinateur, ils dessinent, codent ou testent une main commandée à distance.

Des capteurs sur le bras humain détectent les mouvements musculaires, un logiciel les interprète pour transmettre des consignes à la main artificielle, dotée d'un poignet articulé et de quatre doigts mus par ces impulsions musculaires. Le pouce, avec articulation mécanique, doit être mis en position manuellement.

L'intelligence artificielle permet de reconnaître les impulsions musculaires des mouvements complexes, afin de faciliter l'usage de la prothèse.

Cure Bionics espère commercialiser ses premières prothèses d'ici quelques mois, d'abord en Tunisie puis dans plusieurs pays du continent africain où plus des trois quarts des personnes ayant besoin d'assistance technique n'y ont pas accès, selon l'Organisation mondiale de la santé.

« Le but est d'être accessible financièrement mais aussi géographiquement », explique le jeune entrepreneur, qui figurait parmi les innovateurs de moins de 35 ans distingués en 2019 par la MIT Technology Review.

Prix envisagé : 2 000 à 3 000 dollars par main. Bien qu'élevé, c'est plusieurs fois inférieur à celui des prothèses bioniques importées d'Europe.

La startup souhaite produire au plus près des usagers, avec des techniciens locaux pour prendre les mesures et, grâce à son logiciel, imprimer sur place en 3D des prothèses adaptées à chaque morphologie.

« Une prothèse importée aujourd'hui, ce sont des semaines voire des mois d'attente à l'achat, et à chaque réparation », souligne Dhaouafi.

Manque de visionnaires

La main de Cure Bionics se compose d'éléments emboîtés, ce qui permet de remplacer facilement un élément endommagé ou trop petit, pour les enfants en pleine croissance. Sa batterie est rechargeable par énergie solaire, pour les régions sans électricité.

Elle peut aussi être personnalisée, comme un accessoire de mode ou « un équipement de super-héros ».

L'impression 3D, utilisée par d'ingénieux bricoleurs ayant fabriqué des mains mécaniques rudimentaires au début des années 2010, est en train de s'imposer dans la fabrication des prothèses.

« La technologie en est encore à ses débuts mais un changement majeur est en cours », indique Jerry Evans, patron de l'entreprise canadienne à but non lucratif Nia Technologies, spécialisée dans l'impression en 3D de membres inférieurs.

« Les pays moins développés vont probablement passer directement des techniques archaïques à ces technologies, qui sont beaucoup moins coûteuses » et qui font gagner un temps précieux à des praticiens trop peu nombreux, explique-t-il.

Mais l'impression 3D n'est pas une solution magique, avertit Evans : un savoir-faire médical reste nécessaire pour créer des prothèses réellement fonctionnelles.

Mohamed Dhaouafi s'inquiète des difficultés pour innover en Tunisie, malgré des améliorations apportées par une loi sur les startup en 2018 : impossibilité de commander des pièces sur les plateformes internationales de commerce (contraintes administratives et bancaires), manque d'accès aux financements.

« La douane n'est pas bien formée pour identifier les composants et l'importation est trop compliquée, on est parfois bloqués plusieurs mois », explique-t-il.

Et de souligner : « En Tunisie, on a tout pour réussir mais on manque de visionnaires au sein de l'Etat ».


L'armée israélienne dit avoir frappé plusieurs cibles du Hezbollah au Liban

Jeudi, l'armée israélienne avait annoncé avoir "intercepté" un drone du Hezbollah, lancé selon elle en direction du territoire israélien. L'armée a dénoncé vendredi une "violation" de l'accord de cessez-le-feu qui a mis fin à la guerre le 27 novembre entre Israël et le mouvement pro-iranien. (AFP)
Jeudi, l'armée israélienne avait annoncé avoir "intercepté" un drone du Hezbollah, lancé selon elle en direction du territoire israélien. L'armée a dénoncé vendredi une "violation" de l'accord de cessez-le-feu qui a mis fin à la guerre le 27 novembre entre Israël et le mouvement pro-iranien. (AFP)
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  • "Dans la nuit (jeudi) (...), l'armée de l'air israélienne a frappé de multiples cibles terroristes du Hezbollah dans la vallée de la Békaa (...) qui présentaient une menace", a indiqué l'armée dans un message sur les réseaux sociaux
  • Un des sites visés renferme une "infrastructure souterraine, utilisée pour le développement et la fabrication d'armement", a ajouté l'armée

JERUSALEM: L'armée israélienne a annoncé vendredi matin avoir frappé dans la nuit plusieurs cibles du mouvement islamiste Hezbollah dans l'est du Liban, malgré un cessez-le-feu en vigueur depuis fin novembre.

"Dans la nuit (jeudi) (...), l'armée de l'air israélienne a frappé de multiples cibles terroristes du Hezbollah dans la vallée de la Békaa (...) qui présentaient une menace", a indiqué l'armée dans un message sur les réseaux sociaux, affirmant rester "engagée" dans le cessez-le-feu entre Israël et le mouvement libanais.

Un des sites visés renferme une "infrastructure souterraine, utilisée pour le développement et la fabrication d'armement", a ajouté l'armée, qui dit avoir également frappé des installations "à la frontière syro-libanaise utilisées par le Hezbollah pour le trafic d'armes à destination du Liban".

Jeudi, l'armée israélienne avait annoncé avoir "intercepté" un drone du Hezbollah, lancé selon elle en direction du territoire israélien. L'armée a dénoncé vendredi une "violation" de l'accord de cessez-le-feu qui a mis fin à la guerre le 27 novembre entre Israël et le mouvement pro-iranien.

Les hostilités entre Israël et le Hezbollah avaient débuté le 8 octobre 2023 au lendemain de l'attaque sans précédent du Hamas, allié du mouvement libanais, contre Israël, qui a déclenché la guerre dans la bande de Gaza.

 


Liesse à Ramallah à l'arrivée des prisonniers palestiniens libérés

A l'arrivée des deux bus transportant les prisonniers libérés, les policiers palestiniens ont eu du mal à retenir la foule. (AFP)
A l'arrivée des deux bus transportant les prisonniers libérés, les policiers palestiniens ont eu du mal à retenir la foule. (AFP)
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  • Des coups de feu ont été tirés en guise de célébration
  • Au total, 110 Palestiniens ont été libérés jeudi, selon les autorités israéliennes et palestiniennes

RAMALLAH: Agitant des drapeaux et tirant des coups de feu en l'air, des milliers de Palestiniens en liesse ont accueilli les prisonniers libérés par Israël à Ramallah en Cisjordanie occupée.

Pour ce troisième échange d'otages israéliens à Gaza contre des prisonniers palestiniens dans le cadre de l'accord de trêve entre Israël et le Hamas, l'Autorité palestinienne dirigée par Mahmoud Abbas a organisé l'accueil et seuls les drapeaux jaunes du parti Fatah de M. Abbas étaient visibles au départ.

Mais à l'arrivée des deux bus transportant les prisonniers libérés, les policiers palestiniens ont eu du mal à retenir la foule, selon un correspondant de l'AFP sur place.

Des coups de feu ont été tirés en guise de célébration. Plusieurs Palestiniens ont scandé des slogans pro-Hamas et d'autres ont agité le drapeau vert du mouvement islamiste palestinien qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007.

Au total, 110 Palestiniens ont été libérés jeudi, selon les autorités israéliennes et palestiniennes.

Selon Amin Shuman, chef du comité chargé des affaires des prisonniers palestiniens à Ramallah, 66 sont arrivés en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, 21 ont été expulsés, 14 ont été transféré à Jérusalem-Est et neuf à Gaza.

Ils ont tous été libérés en échange de trois Israéliens enlevés lors de l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 et retenus depuis à Gaza.

Après plusieurs heures d'attente, la foule a fait exploser sa joie à la vue des bus affrétés par la Croix-Rouge internationale.

"Où est papa?" 

"Où est papa?" En larmes, Raghda Nasser, 21 ans, s'est faufilée dans la foule pour atteindre son père, Hussein Nasser, qu'elle serrait dans ses bras pour la première fois.

Hussein Nasser avait été emprisonné alors que sa femme était enceinte il y a 22 ans, pour des motifs que Raghda n'a pas révélés. Elle et sa sœur Hedaya, 22 ans, ont enlacé leur père qui pleurait avec elles.

Quelques heures avant sa libération, Raghda Nasser a raconté à l'AFP qu'elle venait de lui rendre visite en prison "derrière la vitre".

Elle et sa soeur avaient quitté tôt le matin leur village près de Naplouse (nord) pour venir à Ramallah. Pour l'occasion, elles ont porté des robes noires traditionnelles palestiniennes avec des motifs rouges finement cousus.

Etudiante en littérature anglaise, Raghda Nasser a dit avoir de la chance car son père serait présent pour sa remise de diplôme dans quelques mois.

Porté en triomphe 

Parmi les prisonniers libérés jeudi, figurent Mohammad Abou Warda qui purgeait 48 peines de prison à vie et Zakaria al-Zoubeidi, responsable d'attentats anti-israéliens et ex-leader local de la branche armée du Fatah.

Drapeau palestinien autour du cou, souriant et faisant le V de la victoire, Zakaria al-Zoubeidi a été porté en triomphe par la foule à sa descente du bus l'ayant emmené de la prison militaire israélienne d'Ofer en Cisjordanie.

L'ex-détenu qui portait toujours son survêtement gris de prisonnier, a embrassé des bébés et serré la main des gens.

Plus d'une heure après l'arrivée des bus, la foule a commencé à se disperser dans la nuit alors que les familles ramenaient leurs proches libérés à la maison, au milieu d'une parade de scooters klaxonnant joyeusement.

 


L'émir du Qatar est le premier dirigeant arabe à se rendre en Syrie depuis la chute d'Assad

L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al-Thani, et Ahmed Al-Sharaa, le président intérimaire de la Syrie. (QNA)
L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al-Thani, et Ahmed Al-Sharaa, le président intérimaire de la Syrie. (QNA)
L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al-Thani, est arrivé à Damas, en Syrie. (QNA)
L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al-Thani, est arrivé à Damas, en Syrie. (QNA)
Ahmed Al-Sharaa a été déclaré président intérimaire de la Syrie lors d'une conférence tenue cette semaine. (QNA)
Ahmed Al-Sharaa a été déclaré président intérimaire de la Syrie lors d'une conférence tenue cette semaine. (QNA)
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  • Le président intérimaire de la Syrie, Ahmed Al-Sharaa, accueille le cheikh Tamim bin Hamad Al-Thani à l'aéroport de Damas
  • Cette visite marque une reprise significative des relations entre le Qatar et la Syrie, le Qatar étant appelé à jouer un rôle majeur dans la reconstruction

LONDRES : L'émir du Qatar, le cheikh Tamim bin Hamad Al-Thani, est arrivé à Damas jeudi, devenant ainsi le premier dirigeant arabe à se rendre en Syrie depuis l'effondrement du régime de Bachar Assad.

Ahmed Al-Sharaa, déclaré président intérimaire de la Syrie lors d'une conférence mercredi soir, a accueilli le cheikh Tamim à son arrivée à l'aéroport international de Damas.

Le premier ministre syrien Mohammed Al-Bashir, le ministre des affaires étrangères Asaad Al-Shaibani et le ministre de la défense Murhaf Abu Qasra étaient également présents.

Le Qatar a soutenu les factions de l'opposition syrienne pendant les 13 années de guerre civile qu'a connues le pays avant que M. Assad ne quitte Damas pour Moscou au début du mois de décembre.

La visite du cheikh Tamim marque une reprise significative des relations entre le Qatar et la Syrie, le Qatar devant jouer un rôle majeur dans la reconstruction, selon l'agence de presse du Qatar.

L'analyste politique et auteur Khaled Walid Mahmoud a déclaré à la QNA que la visite de Cheikh Tamim était "hautement symbolique et historiquement significative, étant la première d'un dirigeant arabe depuis la chute de l'ancien régime".

La visite pourrait rouvrir les canaux diplomatiques et soutenir une résolution politique durable à Damas, en soulignant les liens étroits du Qatar avec les États-Unis et la Turquie, ainsi que son rôle de médiateur de confiance en Syrie et au Moyen-Orient, a-t-il ajouté.

Le Qatar jouera un rôle crucial dans la reconstruction de la Syrie, en particulier dans des secteurs clés tels que l'énergie, les transports et le logement, qui ont été dévastés par la guerre civile.

Ahmed Qassim Hussein, chercheur au Centre arabe de recherche et d'études politiques, a déclaré à la QNA que la visite de l'émir était le signe d'une évolution du rôle du Qatar dans les sphères politique, économique et sécuritaire de la Syrie.

Le soutien du Qatar aux nouveaux dirigeants syriens dirigés par le président Al-Sharaa, devenu insurgé, s'est manifesté par sa décision de rouvrir l'ambassade à Damas après sa fermeture en 2011.

Il a déclaré que "la visite reflète l'engagement du Qatar à rétablir les relations diplomatiques et à favoriser la coopération avec la Syrie", ajoutant que Doha aide les dirigeants syriens à traverser la phase de transition de la Syrie et à favoriser la stabilité à long terme.