CASABLANCA: La destination Ouarzazate semble compromise. Alors que la plupart des destinations touristiques du Maroc ont repris du poil de la bête après deux années catastrophiques en raison de la Covid-19, Ouarzazate, elle, peine à retrouver des couleurs. Grâce à ses paysages somptueux, ses casbahs et ses oasis, cette ville a longtemps eu la réputation d’une destination de choix pour les grandes productions cinématographiques, comme Lawrence d'Arabie, Astérix et Obélix: Mission Cléopâtre, Kingdom of Heaven ou encore Gladiator.
Aujourd’hui, la Hollywood d’Afrique manque d’attrait et l’incertitude reste de mise. C’est ce que confie en tout cas à Arab News en français Zoubir Bouhout, expert en tourisme et ancien directeur du Conseil provincial du tourisme de la ville. Selon lui, trois principales raisons freinent une reprise de l’activité touristique: l’insuffisance des liaisons aériennes, un climat des affaires en berne et l’absence de moyens de promotion.
«Après deux années de baisse due à la pandémie, le secteur du tourisme a commencé à se redresser dans de nombreuses destinations touristiques marocaines, où le trafic aérien et maritime et le nombre d'arrivées et de nuitées dans les établissements d'hébergement touristique ont connu une importante reprise, en particulier à partir de mai 2022. En revanche, la destination Ouarzazate souffre toujours d’une grave crise structurelle qui s’est accélérée depuis 2018, mais qui s’est nettement aggravée à cause de la pandémie», commente Zoubir Bouhout.
Rappelons que les aéroports du Maroc ont connu une reprise remarquable en juin 2022, puisque le nombre de passagers a dépassé 1,87 million, ce qui représente environ 89% du niveau d’avant-crise. Le nombre cumulé pour les six premiers mois s'élève à plus de 7,43 millions. Alors que la plupart des aéroports du pays ont enregistré des taux de récupération importants, tels que ceux de Tétouan (444%), d’Oujda (104%) et d’Agadir (63%), à Ouarzazate, l’aéroport n'a enregistré qu'un taux de récupération de 45%. Pire, Ouarzazate n’est plus programmée par plusieurs compagnies aériennes low cost, ce qui augure d’un avenir incertain pour cette destination qui vit essentiellement grâce au tourisme et à la production cinématographique.
Si Ouarzazate a perdu de son attrait, c’est principalement à cause d’un manque de promotion de la part des autorités. D’ailleurs, le conseil provincial du tourisme de la région ne dispose pas d’un budget nécessaire pour communiquer autour des atouts touristiques de la ville ou pour participer aux manifestations et salons internationaux. Résultat: les touristes ne se bousculent pas au portillon et les hôtels mettent la clé sous le paillasson. En tout, dix-huit établissements ont dû fermer leurs portes à cause de la crise structurelle que traverse cette destination, ce qui a un impact considérable sur la capacité litière de la région.
«La situation actuelle est catastrophique. Nous avons nourri beaucoup d’espoir par rapport à la reprise de l’activité touristique dans le pays, mais, à cause d’une absence de promotion, de liaisons aériennes et d’investissement, année après année, Ouarzazate ne fait que s’enfoncer dans sa crise. Si les autorités ne prennent pas ce dossier au sérieux et se contentent de sauver les meubles, je ne peux que m’inquiéter pour l’avenir de cette magnifique destination», avertit Zoubir Bouhout