BERLIN : La police berlinoise a annoncé vendredi l'ouverture d'une enquête pour soupçons "d'incitation à la haine" contre le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, après ses propos controversés sur l'Holocauste lors d'une récente visite à Berlin.
La police a reçu une plainte contre M. Abbas pour "relativisation de la Shoah" en lien avec ses déclarations lors d'une conférence de presse commune mardi avec le chancelier Olaf Scholz, a indiqué une porte-parole de la police à l'AFP, confirmant des informations de médias.
Le dirigeant palestinien avait alors comparé la politique israélienne envers les Palestiniens au génocide juif par les Nazis, déclenchant une vague d'indignation essentiellement en Allemagne et en Israël.
Le commissariat spécialisé de la police judiciaire du Land de Berlin a entamé une enquête, dont il prévoit d'informer "prochainement" le parquet, qui décidera ou non de donner suite, a précisé la porte-parole.
La procédure risque toutefois de tourner court, car M. Abbas devrait être protégé par l'immunité en vertu du droit international, a estimé le ministère des Affaires étrangères.
"Et ce parce qu'il s'agissait d'une visite officielle et dans sa fonction en tant que représentant de l'Autorité autonome palestinienne, et même si l'Allemagne ne reconnaît pas à ce stade la Palestine comme Etat", a déclaré un porte-parole, Christofer Burger, lors d'une conférence de presse régulière.
Le spécialiste en droit pénal Michael Kubiciel, cité dans le quotidien Bild, estime de son côté que l'immunité peut être revendiquée seulement en tant que "représentant d'un autre Etat".
Plus de 130 pays reconnaissent la Palestine en tant qu'Etat, mais pas l'Allemagne, comme la plupart des pays occidentaux. Berlin a toutefois noué des relations diplomatiques avec l'Autorité palestinienne.
"De 1947 à aujourd'hui, Israël a commis 50 massacres dans 50 villes palestiniennes (...), 50 massacres, 50 holocaustes et encore aujourd'hui il y a chaque jour des morts causées par l'armée israélienne", avait déclaré M. Abbas.
Il répondait à une question sur l'attentat lors des Jeux Olympiques de Munich de 1972, perpétré par un commando palestinien et qui a coûté la vie à 11 athlètes israéliens.
Le porte-parole de M. Abbas, Nabil Abou Roudeina, a dénoncé auprès de l'AFP une "campagne" "injustifiée" contre le président de l'Autorité et le "projet national" palestinien.
"Nous affirmons que les positions du président et des dirigeants palestiniens sont claires sur l'ensemble de ces sujets et sont connues de tous", a-il ajouté en référence à la clarification mercredi de M. Abbas, qui avait qualifié la Shoah de "pire crime haineux de l’ère moderne" et affirmé ne pas chercher à "nier sa singularité".