AL-MOUKALLA: La milice houthie, soutenue par l’Iran, a enlevé près de cent femmes à leur domicile pour des allégations de prostitution depuis le début du mois de juillet dans la province de Hajjah, au nord-ouest du Yémen, ont averti lundi des militants et des groupes de défense des droits yéménites.
L’organisation SAM pour les droits et les libertés, basée à Genève, déclare avoir reçu des informations selon lesquelles les autorités houthies de la ville de Hajjah, capitale du gouvernorat de Hajjah, étaient entrées par effraction dans des maisons de la ville, arrêtant quelque soixante femmes avant de les jeter en prison.
«Nous tenons à dire que ce qui s’est passé avec ces femmes est un crime d’enlèvement à part entière qui ne tient pas compte des contrôles juridiques imposés par la loi», déclare l’organisation. «Nous appelons les Houthis à libérer toutes les femmes immédiatement et sans condition.»
L’organisation affirme que plusieurs responsables houthis, dont le chef de la sécurité de la ville, Mohammed Salbah, et une autre personnalité, Hisham Wahban, ont pris d’assaut des rassemblements de femmes et des maisons à Hajjah.
Des responsables yéménites et des militants des droits de l’homme estiment que le nombre de femmes enlevées s’élève à près de cent, avertissant que les Houthis accusent à tort les prisonnières de prostitution sans apporter de preuves pour appuyer leurs allégations.
De nombreuses femmes enlevées ont souffert d’une intense stigmatisation sociale à la suite des arrestations, certaines étant même ostracisées par des membres de leur famille.
Hadi Wardan, avocat et membre du Comité national pour les allégations de violations des droits de l’homme au Yémen, déclare à Arab News que des Houthis armés ont pris d’assaut des maisons et des logements pour étudiantes dans la ville de Hajjah et qu’ils ont arrêté au moins quatre-vingt-quinze femmes, dont de nombreuses personnes originaires des quartiers voisins de Haresh et d’Abes. La milice a jeté les femmes dans des prisons et des cellules de détention secrètes au sein de la ville, ajoute M. Wardan.
«Ils font peur aux gens en expliquant que ces femmes pratiquent l’adultère, la prostitution et des actes immoraux. Aucune d’entre elles n’a cependant été prise en flagrant délit», souligne M. Wardan, ajoutant qu’aucun homme n’avait été arrêté lors des raids.
Les Houthis ont également rejeté une proposition de médiation des dignitaires locaux et des chefs tribaux qui tentaient d’obtenir la libération des femmes enlevées, déclare le militant yéménite.
Les militants pensent que les Houthis ont recouru aux enlèvements après avoir suscité une colère locale croissante face aux répressions morales de la milice, qui prend pour cible des femmes ayant prétendument violé les codes vestimentaires islamiques ou fréquenté des hommes.
M. Wardan ajoute: «Comment autant de femmes peuvent-elles être impliquées dans la prostitution et pourquoi n’ont-ils arrêté aucun homme?»
À la suite de ces raids, certains maris ont divorcé de leurs femmes enlevées tandis que d’autres femmes sont devenues des parias de la société.
«De nombreuses femmes préfèrent désormais rester en prison plutôt que de retourner chez elles après que les Houthis ont souillé leur réputation. Dans l’un des cas, ils ont arrêté une mère, sa fille et sa belle-fille», précise M. Wardan.
M. Wardan accuse des membres houthis de la province, dont Naïf Abdullah Abu Khorfesha, chef de la sécurité de la province de Hajjah; Mohammed Salbah, chef de la sécurité de la ville de Hajjah; Sadeq al-Gailil, un officier, et Mohammed al-Madwami, directeur adjoint des enquêtes criminelles dans la ville de Hajjah, d’avoir orchestré les enlèvements.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com