Il y a quatre ans, une succession de sondages dans les journaux américains prévoyaient que Hillary Clinton gagnerait facilement l'élection présidentielle et battrait Donald Trump. Le jour des élections, Trump leur a prouvé qu'ils avaient tous tort. Comment donc en est-on arrivé là?
D’une part, Clinton a considéré que sa victoire face à Donald Trump était déjà acquise, de manière arrogante et légitime, déclarant que ses partisans n’étaient qu’un « panier de gens déplorables ». Par ailleurs, la plupart des médias ont eu la même attitude, refusant de le prendre au sérieux, l’attendant à chaque tournant et guettant le moindre faux pas et dérapage de langage.
Ce que Clinton et les différents médias mainstream n’ont pas compris, c’est que leurs attaques contre les partisans de Trump ne feraient que renforcer leur loyauté envers lui. Qualifier les partisans de Trump de « déplorables » n’a fait que multiplier leur colère contre la candidate démocrate et les médias. Se sentant insultés, ils n’ont plus concentré leur attention sur Trump et son programme. Cette arrogance d'Hillary Clinton et la partialité des médias ont finalement fait de Trump le vainqueur de l’élection présidentielle. « La division haineuse » qui a séparé le pays en deux a figé l’électorat, de telle manière que chacun est resté campé sur ses positions, et peu enclin à changer d’opinion.
Depuis quatre ans, peu de choses ont vraiment changé. Les attaques politiques contre Trump sont toujours aussi brutales - bien plus qu’elles ne l’étaient pour le premier président afro-américain des États-Unis, Barack Obama - et la perception partiale incessante des médias continue de renforcer la base électorale du président américain.
Au fil des ans, il y a au moins une chose sur laquelle les sondages ne se sont pas trompés : la méfiance des Américains envers les médias d’actualité. Une enquête récente conjointement menée par Gallup et par la Knight Foundation a révélé que près des trois quarts (73%) des Américains considéraient que la partialité exagérée dans les médias représentait un « problème majeur. »
Des secteurs entiers des médias continuent de faire porter à Trump la responsabilité de la « division haineuse » qui secoue le pays. Mais la président gère seul sa propre communication, multipliant les déclarations à l’emporte-pièce et s’adressant directement aux médias qui l’ont férocement attaqué tout au long de son mandat.
Cette division haineuse entretenue en permanence a durablement fragmenté le pays, avec une moitié soutenant le président quoi qu’il arrive, et une autre moitié s’opposant à lui coûte que coûte. Ce qui signifie que les attaques brutales menées tout au long de la campagne électorale ne feront changer d’avis aucun des deux camps.
Quand les médias ignorent sciemment les erreurs de Biden
À la suite de sa récente interview dans l’émission populaire « 60 minutes » sur CBS News, la performance de Trump a été décrite comme assez mauvaise. Le pire est que les médias l’ont décrit comme moins bonne que celle de son rival Joe Biden. En réalité, Biden a fait de nombreux faux pas, et cela a été sciemment passé sous silence par les médias. La présentatrice Norah O’Donnell a même rectifié Joe Biden sur une de ses affirmations.
Norah O'Donnell a interrogé les deux hommes sur la politique étrangère et les plus grands défis qui les attendaient. Dans sa réponse, Biden a en effet déclaré : « Ce qui se passe maintenant en Corée, c’est qu’ils possèdent plus de missiles mortels et une capacité militaire accrue par rapport à avant ». La présentatrice a rapidement corrigé le candidat, en disant « Corée du Nord », minimisant ainsi la portée de son erreur. Biden a par la suite répondu en confirmant : « Corée du Nord ». Si c’est Trump qui avait commis cette erreur, cela aurait créé une vaste polémique, les médias seraient devenus enragés, auraient écrit abondamment sur la rhétorique du président américain, susceptible de déclencher une guerre nucléaire avec un allié ami plutôt qu'un ennemi fou.
« Si vous voulez savoir ce qui se passe lors des élections de la semaine prochaine, ne vous fiez pas aux principaux médias d’actualités américains »
Ray Hanania
Après l’interview, l’équipe de campagne de Biden a également dû corriger un chiffre qu’il avait cité. Il a été expliqué que le candidat démocrate s'était « mal exprimé » et que le coût de l'enseignement public gratuit dans les collèges pourrait être deux fois plus élevé que les 150 milliards de dollars évoqués lors du débat. Les médias s’en seraient donnés à cœur joie si Trump avait affirmé une chose pareille.
Cependant, c’est bien la perception de médias partiaux – exagérée par ses partisans et marginalisée par ses détracteurs – qui pourrait bien mener Trump à la victoire. Ses partisans se préoccupent moins de sa personne et ses qualités que des préjugés qui se répandent à son égard.
Pourquoi les sondages se sont-ils tous trompés en 2016 ? Parce que les « déplorables » étaient en colère, suite aux commentaires de Clinton. Quand les médias leur demandent comment ils voteront cette fois, combien de partisans de Trump décrochent et mentent pour éviter d’être critiqués ?
Si vous voulez savoir ce qui se passera lors des élections de la semaine prochaine, ne vous fiez pas aux principaux médias d’actualités américains. Surveillez plutôt les résultats dans les quatre États suivants : la Caroline du Nord, la Pennsylvanie, le Wisconsin et la Floride. Ensuite, vous saurez qui gagnera, et je pense que Trump continue de garder l’avantage dans les quatre.
Ray Hanania est un ancien journaliste politique et chroniqueur à l'hôtel de ville de Chicago. Il est joignable sur son site web à l'adresse www.hanania.com.
Twitter: @RayHanania
NDLR : L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com