Renationaliser EDF, avant l'étape suivante

 Le gouvernement doit annoncer d'ici mardi son plan pour renationaliser le groupe à 100%, première étape seulement d'un vaste chantier de réformes pour le géant de l'électricité, surendetté et confronté à d'énormes paris industriels. (Reuters).
Le gouvernement doit annoncer d'ici mardi son plan pour renationaliser le groupe à 100%, première étape seulement d'un vaste chantier de réformes pour le géant de l'électricité, surendetté et confronté à d'énormes paris industriels. (Reuters).
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Publié le Dimanche 17 juillet 2022

Renationaliser EDF, avant l'étape suivante

  • Que l'État passe de 84% du capital, comme aujourd'hui, à 100%, quelle différence cela fait-il ?
  • D'abord, cela permettrait à EDF, très endetté, de se financer et d'emprunter à coût modéré. Sur fond de difficultés de production du parc nucléaire, l'agence S&P a menacé fin mai de dégrader encore sa note de solvabilité

PARIS : Quel sort pour EDF ? Le gouvernement doit annoncer d'ici mardi son plan pour renationaliser le groupe à 100%, première étape seulement d'un vaste chantier de réformes pour le géant de l'électricité, surendetté et confronté à d'énormes paris industriels.

Nationaliser : pour quoi faire ?

Que l'État passe de 84% du capital, comme aujourd'hui, à 100%, quelle différence cela fait-il ?

D'abord, cela permettrait à EDF, très endetté, de se financer et d'emprunter à coût modéré. Sur fond de difficultés de production du parc nucléaire, l'agence S&P a menacé fin mai de dégrader encore sa note de solvabilité.

Or le groupe va avoir très vite de forts besoins d'investissement, dans les renouvelables mais aussi pour son "nouveau nucléaire" (au moins six réacteurs EPR, voire quatorze, si l'État suit l'intention annoncée par Emmanuel Macron).

"Nationaliser peut rassurer les investisseurs, qui ont besoin de vision à long terme", dit Christophe Bonnery, président de l'Association des économistes de l'énergie (AEE).

Surtout, "le scénario le plus probable est la remise en route" d'un plan de réorganisation d'EDF, "ce qui sera plus simple avec un EDF nationalisé", explique Julien Teddé, directeur général d'Opéra Énergie.

"Cela permet aussi de ne pas léser les intérêts des actionnaires minoritaires, qui ne pourront plus reprocher d'éventuelles décisions défavorables".

Comment nationaliser ?

Deux options se présentent : la loi ou l'OPA (offre publique d'achat) dite simplifiée, puisque l'État détient plus de 50% d'EDF.

La France n'a pas voté de loi de nationalisation depuis 1981. Celle-ci vise à exproprier les actionnaires minoritaires, contre une "juste et préalable" indemnité. L'État ne peut fixer n'importe quel prix et il doit démontrer l'existence d'un intérêt public supérieur.

Le gouvernement devra présenter un projet de loi, qui suivra la navette parlementaire. Le Conseil constitutionnel veillera au grain.

La seconde option est l'OPA et la procédure suit alors les règles de l'Autorité des marchés financiers (AMF), notamment sur la fixation du prix de rachat des actions.

D'abord l'État communique son intention, avec un prix. Le conseil d'administration d'EDF donne sa recommandation aux actionnaires. L'AMF publie le calendrier de l'offre, avec la période pendant laquelle les minoritaires peuvent vendre leurs actions.

Le choix entre les deux options sera surtout politique : analyse du rapport de force au Parlement, poids symbolique que donnerait une loi à une reprise en main du destin énergétique de la France, etc.

L'économiste Elie Cohen ne croit pas en une loi : "L'État n'en a pas les moyens au parlement actuel. Il n'y aurait pas de majorité. La Nupes pourrait être heureuse de voir EDF nationalisé mais à condition qu'il n'y ait pas ce qu'ils appellent du démantèlement. Or, on sait que la nationalisation à 100% ne sera que la première étape d'un processus dans lequel on séparera les activités concurrentielles des non-concurrentielles".

En revanche, "la technique boursière est très simple. Il suffit que l'État achète 6%. Ça lui donne 90% et après il fera une opération de retrait et aura 100%".

À quel coût ?

Le gouvernement n'a pas livré le montant de l'opération.

Le ministre de l'Économie Bruno Le Maire a prévu une enveloppe de 12,7 milliards d'euros pour financer la renationalisation d'EDF mais aussi "d'éventuelles autres opérations."

Nicolas Goldberg, expert chez Colombus Consulting, a d'abord estimé l'addition entre six et huit milliards d'euros. Mais avec le bond de 30% fait par l'action après l'annonce de nationalisation le 6 juillet, on est "plus proche de dix milliards", dit-il.

Et après ?

C'est là que tout commence, disent les analystes.

Dix-sept ans après son entrée en Bourse, "la nationalisation d'EDF, c'est le constat d'un triple échec : économique car l'entreprise n'a pas été capable d'assurer sa pérennité, industriel car elle n'a pas réussi à maintenir un outil performant, et politique", dit Elie Cohen.

Les experts notent les "hésitations de la stratégie industrielle" de l'État, en matière de nucléaire comme de renouvelables.

EDF a aujourd'hui des chantiers prioritaires : quelle régulation pour le partage du nucléaire actuel, dont les revenus partent largement aux concurrents d'EDF via la vente d'électricité à bas coût, et comment financer le nouveau nucléaire, le tout impliquant des discussions avec Bruxelles et d'éventuelles réformes pour le groupe.

Le précédent plan "Hercule" a été suspendu. Il prévoyait une unité publique incluant le nucléaire, et une autre dédiée à des activités ouvertes à la concurrence – renouvelables, mais aussi le réseau de distribution Enedis, ce qui avait généré des critiques car considéré comme une activité régalienne.

Pour Nicolas Goldberg, "il n'y a pas de bon choix, juste un choix politique". Mais "il ne faut pas que ça traîne", tant pour la transition énergétique que pour les consommateurs, notamment industriels, qui ont besoin de visibilité sur leur approvisionnement.


« Attentat terroriste » en France : un mort, le ministre de l'Intérieur blâme l'Algérie sur l'immigration

La police scientifique française travaille sur le site d'une attaque au couteau où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux policiers à Mulhouse, dans l'est de la France, le 22 février 2025. (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
La police scientifique française travaille sur le site d'une attaque au couteau où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux policiers à Mulhouse, dans l'est de la France, le 22 février 2025. (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
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  • dans l'est de la France, un homme de 37 ans, fiché pour risque de « terrorisme », a tué une personne et blessé au moins trois policiers à l'arme blanche.
  • Selon le président Emmanuel Macron, il s'agit d'un « acte de terrorisme », tandis que le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a mis en cause la non-coopération de l'Algérie sur l'immigration.

MULHOUSE, FRANCE : Samedi, dans l'est de la France, un homme de 37 ans, fiché pour risque de « terrorisme », a tué une personne et blessé au moins trois policiers à l'arme blanche. Selon le président Emmanuel Macron, il s'agit d'un « acte de terrorisme », tandis que le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a mis en cause la non-coopération de l'Algérie sur l'immigration.

Selon des témoignages concordants obtenus par l'AFP, l'assaillant a crié « Allah u Akbar » (« Dieu est le plus grand » en arabe) à plusieurs reprises samedi, lors de l'attaque menée dans la ville de Mulhouse, ainsi que lors de son interpellation par les forces de l'ordre.

Selon le parquet de Mulhouse, l'assaillant a agressé les victimes avec un couteau, blessant notamment un Portugais de 69 ans qui est décédé.

Deux policiers municipaux ont été grièvement blessés, l'un à la carotide et l'autre au thorax, a affirmé à l'AFP le procureur de Mulhouse Nicolas Heitz. Si le second a pu sortir de l'hôpital, le premier doit être transféré dimanche au centre hospitalier de Colmar, à environ 40 kilomètres de Mulhouse. Trois autres policiers municipaux auraient été plus légèrement atteints, a précisé le procureur.

En déplacement au Salon de l'agriculture à Paris, Emmanuel Macron a dénoncé un « acte de terrorisme islamiste » qui ne fait pas de doute.

Nicolas Heitz a déclaré que le suspect était inscrit au fichier de traitement des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste.

Interrogé sur la chaîne TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et accusé l'Algérie de l'avoir refusé à dix reprises.

« Une fois de plus, c'est le terrorisme islamiste qui a frappé. Et, une fois de plus, j'ajoute que ce sont les désordres migratoires qui sont aussi à l'origine de cet acte terroriste », a-t-il lancé.

Devant l'hôtel de police de Mulhouse, où il a rendu hommage au sang-froid des policiers, M. Retailleau a précisé que le suspect présentait également « un profil schizophrène » et que son acte présentait « une dimension psychiatrique ».

Selon des sources syndicales, le suspect était placé sous contrôle judiciaire avec assignation à résidence.

Les faits se sont déroulés à 15 h 40 (14 h 40 GMT), près d'un marché très animé du quartier populaire.

L'homme a d'abord blessé grièvement des agents de stationnement, puis un sexagénaire portugais, mortellement atteint d'un coup de couteau.

« Nous ne savons pas s'il s'est trouvé par hasard sur son chemin ou s'il a fait un acte de bravoure en s'interposant », a indiqué le ministre.

L'assaillant a ensuite été poursuivi par des policiers municipaux qui sont parvenus à le maîtriser sans faire usage d'armes à feu.

À la nuit tombée, plusieurs membres de la police scientifique s'affairaient encore à la lueur d'un projecteur sur la dalle située à l'extérieur du marché couvert. Le périmètre était gardé par des militaires.

« Le fanatisme a encore frappé et nous sommes en deuil », a réagi le Premier ministre centriste François Bayrou, qui a adressé ses « félicitations aux forces de l'ordre pour leur intervention rapide ».

« L'horreur vient de saisir notre ville », a déploré la maire de Mulhouse, Michèle Lutz, sur Facebook.

En janvier, un homme de 32 ans avait blessé une personne au couteau dans un supermarché d'Apt, dans le sud de la France, en criant « Allah Akbar ». Il a été inculpé et écroué pour tentative d'assassinat en relation avec une entreprise terroriste.

Fin janvier, le procureur antiterroriste, Olivier Christen, avait souligné que « l'absence d'actes terroristes mortels en France en 2024 ne reflète pas une diminution du risque terroriste », rappelant que neuf attentats ont été déjoués l'an dernier sur le territoire français.


Plusieurs centaines de personnes ont manifesté lors d'un rassemblement antifasciste à Paris

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  • Plusieurs centaines de personnes étaient rassemblées samedi après-midi à Paris contre le fascisme, après l'agression d'un homme à l'arme blanche devant une association culturelle turque la semaine passée.
  • « Nous sommes là car nous avons été attaqués. Nous sommes là pour montrer que Paris n'est pas à eux. Nous continuerons la lutte antifasciste et révolutionnaire », a lancé au micro un leader de Young Struggle.

PARIS : Plusieurs centaines de personnes étaient rassemblées samedi après-midi à Paris contre le fascisme, après l'agression d'un homme à l'arme blanche devant une association culturelle turque la semaine passée, pour laquelle six membres de l'ultradroite ont été inculpés, a constaté un journaliste de l'AFP.

« Paris, Paris, Antifa ! », « Pas de quartier pour les fachos, pas de fachos dans nos quartiers », « Nous sommes tous antifascistes », ont scandé les manifestants réunis place de la République. Un drapeau rouge « No pasaran » a été accroché sur un flanc de la statue, au centre de la place emblématique.

Ce rassemblement se tient six jours après l'agression à l'arme blanche d'un homme membre du collectif Young Struggle, qui se présente comme une « organisation de jeunesse socialiste » et adhérent au syndicat CGT. Il avait dû être hospitalisé quelques heures.

Dimanche dernier, « une vingtaine de personnes » appartenant à la mouvance d'ultradroite, « cagoulées et munies de tessons de bouteille » selon la préfecture de police, avaient pénétré dans la cour d'un immeuble où se situe une association culturelle de travailleurs immigrés de Turquie et agressé une personne avant de prendre la fuite.

Six jeunes hommes ont été inculpés pour violences volontaires aggravées. L'un d'eux, qui avait du sang sur ses vêtements et qui a reconnu sa participation, a été incarcéré.

« Nous sommes là car nous avons été attaqués. Nous sommes là pour montrer que Paris n'est pas à eux. Nous continuerons la lutte antifasciste et révolutionnaire », a lancé au micro un leader de Young Struggle, avant de faire siffler le nom de Bruno Retailleau, ministre français de l'Intérieur et connu pour ses positions très conservatrices.

« Partout, l'extrême droite se répand, encouragée par les saluts nazis de Elon Musk et Steve Bannon », a déclaré à sa suite Mathilde Panot, cheffe des députés du parti de gauche radicale LFI (La France Insoumise).

Steve Bannon, ancien conseiller de Donald Trump, a récemment été sous le feu des projecteurs pour un geste qualifié de salut nazi lors de la convention CPAC, la grand-messe des conservateurs américains près de Washington.

Il a brièvement tendu sa main en l'air après avoir déclaré devant les supporters de Donald Trump : « Nous n'allons pas reculer, nous n'allons pas capituler, nous n'allons pas abandonner. Luttez, luttez, luttez ! »

En janvier, le milliardaire Elon Musk, conseiller de Donald Trump, avait lui-même été épinglé pour un geste ambigu analogue.


Macron dira à Trump qu'entre alliés on ne peut pas "faire souffrir l'autre" avec des droits de douane

Le président français Emmanuel Macron (C) et la ministre française de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Annie Genevard (D) écoutent des artisans du cuir lors de la journée d'ouverture et de l'inauguration par le président français du 61e Salon international de l'agriculture au parc des expositions de la Porte de Versailles à Paris, le 22 février 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron (C) et la ministre française de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Annie Genevard (D) écoutent des artisans du cuir lors de la journée d'ouverture et de l'inauguration par le président français du 61e Salon international de l'agriculture au parc des expositions de la Porte de Versailles à Paris, le 22 février 2025. (AFP)
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  • "Entre alliés, on ne peut pas faire souffrir l'autre avec des tarifs" douaniers, a déclaré Emmanuel Macron samedi au premier jour de l'ouverture du Salon de l'agriculture à Paris
  • Depuis son retour à la Maison-Blanche, Donald Trump a annoncé la mise en place de droits de douane réciproques

PARIS: "Entre alliés, on ne peut pas faire souffrir l'autre avec des tarifs" douaniers, a déclaré Emmanuel Macron samedi au premier jour de l'ouverture du Salon de l'agriculture à Paris alors que Donald Trump menace d'imposer des droits de douane sur de multiples produits européens.

"Je vais (lui) en parler parce qu'on a besoin d'apaiser tout ça", a relevé le président français qui doit rencontrer son homologue américain lundi à Washington.

"La filière agricole et agroalimentaire (française), c'est une grande filière d'exportation, donc il faut la défendre pour la rendre encore plus compétitive", a-t-il ajouté.

Depuis son retour à la Maison-Blanche, Donald Trump a annoncé la mise en place de droits de douane réciproques, c'est-à-dire que les États-Unis appliqueront le même niveau de droits de douane sur les produits en provenance d'un pays que le niveau appliqué dans ce pays aux produits américains.

Il a également annoncé le retour de droits de douane sur l'acier et l'aluminium. Et, s'il a déjà visé le Canada, le Mexique et la Chine, il a régulièrement assuré que les pays européens étaient également menacés.

En France, les viticulteurs sont particulièrement inquiets d'un retour des droits de douane américains sur le cognac et le vin, qu'ils exportent en masse vers les États-Unis, d'autant que le cognac souffre déjà d'un différend commercial entre l'UE et la Chine, son premier marché en valeur.

"Je suis déterminé sur tous les sujets pour avoir un échange" avec Donald Trump, a encore dit Emmanuel Macron. "On partagera nos accords, nos désaccords et j'espère surtout qu'on trouvera des solutions sur la question de l'Ukraine".

Le président américain est reparti à la charge vendredi contre son homologue ukrainien. Tout en estimant que Volodymyr Zelensky et Vladimir Poutine allaient "devoir se parler", pour "mettre fin au massacre de millions de personnes", il a jugé que la présence de l'Ukrainien n'était "pas importante" dans des négociations avec la Russie.

Il a ciblé par ailleurs Emmanuel Macron, et Keir Starmer, qui n'ont selon lui "rien fait" pour mettre un terme à la guerre. Le Premier ministre britannique est attendu jeudi à Washington.