PARIS: Le ministère de l’Économie a annoncé jeudi lancer "dès à présent" le processus de succession du PDG d'EDF Jean-Bernard Lévy, afin de mettre "rapidement" en œuvre la renationalisation de l'énergéticien désirée par le gouvernement.
"Alors que des chantiers d’envergure seront lancés par l’entreprise dans les prochains mois, l’Etat et Jean-Bernard Lévy sont convenus de lancer dès à présent le processus de succession de ce dernier à la tête d’EDF", dont le mandat devrait prendre fin au plus tard le 18 mars 2023, a indiqué Bercy dans un communiqué.
"Le nouveau président-directeur général d’EDF pourra être désigné avant cette échéance afin que le nouveau dirigeant soit rapidement en mesure de mettre en œuvre les chantiers stratégiques et industriels annoncés par le président de la République", a précisé Bercy, citant "notamment le lancement du programme de construction de six réacteurs nucléaires EPR 2 et la contribution d’EDF au développement accéléré des énergies renouvelables".
"Je souhaite que la nouvelle direction d’EDF soit opérationnelle dès la rentrée prochaine", a précisé sur Europe 1 le ministre de l’Économie Bruno Le Maire.
"Nationaliser EDF, c'est nous donner toutes les chances d'être plus indépendants dans les années qui viennent en matière énergétique. C'est une décision stratégique forte et nécessaire pour le pays", a ajouté le ministre.
Mercredi, la Première ministre Élisabeth Borne avait annoncé l'intention du gouvernement de renationaliser à 100% l'énergéticien EDF, lourdement endetté et mis au défi de lancer un nouveau programme nucléaire.
Dix-sept ans après l'ouverture de son capital et son entrée en Bourse fin 2005, l'électricien reste largement public, détenu par l'État à près de 84%, par les salariés qui en possèdent 1% et par des actionnaires institutionnels et individuels pour les 15% restants.
Mais le groupe est fortement endetté et confronté à de lourdes charges financières, présentes et à venir. L'énergéticien a subi des déboires, notamment dans la construction de son nouveau modèle de réacteur, l'EPR en cours d'installation à Flamanville (Manche), qui a plus de dix ans de retard et dont le coût a quasiment quadruplé.
Sa situation financière s'est également dégradée avec la décision du gouvernement de le contraindre à vendre davantage d'électricité bon marché à ses concurrents, pour contenir la facture d'électricité des ménages et des petits professionnels.
Dans un communiqué séparé, le conseil d'administration d'EDF a indiqué avoir "pris connaissance de la décision conjointe" de l’État et de son PDG concernant ce remplacement anticipé.
"Conformément aux dispositions applicables, cette nomination fera l’objet d’une proposition du conseil d’administration à l’État", précisent les administrateurs dans leur communiqué.