VLORA: Au pied d'une falaise de la baie de Vlora, l'un des plus beaux sites de la riviera albanaise, des munitions de la Seconde Guerre mondiale rouillent au fond de la mer, polluant les eaux cristallines de l'Adriatique.
Pour sécuriser la zone, des plongeurs démineurs français et albanais pêchent vieux obus et roquettes dans le cadre d'une mission commune.
"C’est un travail conjoint avec la marine albanaise qui connaît mieux que nous le site", dit le capitaine Aymeric Barazer de Lannurien, commandant du groupe français des plongeurs démineurs de la Méditerranée. "Nous intervenons pour coopérer avec eux dans cette mission de dépollution et de sécurisation".
A bord du bâtiment-base français Pluton, la dizaine de plongeurs démineurs français et albanais sont pressés. Malgré un soleil de plomb, les conditions sont défavorables du fait de la houle et de la puissance des vagues.
Les plongeurs "sont en train de rechercher des munitions et, au fur et à mesure, les munitions découvertes sont amenées sur la plage pour être prises en charge par l'armée albanaise", explique le capitaine Barazer de Lannurien.
Le résultat des courses est impressionnant. En moins de deux heures, ils ont ramassé 85 munitions rouillées, vraisemblablement des armes italiennes jetées à la mer il y a plus de 70 ans, raconte le capitaine albanais Ilirian Kristo, qui explique que la plongée est son "métier" mais aussi sa "passion".
Epaves
L'Albanie a été successivement occupée par l'Italie puis par l'Allemagne entre avril 1939 et novembre 1944.
"Nous avons trouvé des mortiers, des obus de différents calibres de 20 millimètres jusqu’à 155 mm", déclare à l'AFP un plongeur français, qui ne peut être nommé en raison des règles de la marine.
En 2021, une précédente mission franco-albanaise conjointe avait permis aux spécialistes de récupérer 310 engins datant de la Seconde Guerre mondiale.
Il s'agissait essentiellement d'obus d'artillerie, dit le capitaine Barazer de Lannurien. Mais "nous avions trouvé une ou deux grenades qui étaient sur le fond entre les rochers, facilement accessibles à la population et qui pourraient être dangereuses pour les usagers de la mer", se rappelle-t-il.
S'il n'existe pas d'estimations officielles sur les quantités de munitions immergées, les experts estiment qu'au moins une vingtaine d'épaves de bateaux de la Seconde Guerre se trouvent en mer Adriatique et Ionienne, théâtre de combats durant la Seconde Guerre.
Les opérations ne sont pas sans risques car, malgré la vétusté, les possibilités d'explosion persistent. Les plongeurs se passent de main en main les engins à mesure qu'ils sont repêchés et les rangent sur la plage de cailloux blancs.
C'est l'armée albanaise qui est chargée de leur identification précise et de leur destruction à Tirana, la capitale. Mais pour parer à toute éventualité, une ambulance est stationnée près de la falaise.