Contenir l’Iran figure en tête des priorités de la visite de Biden au Moyen-Orient

L’administration Biden participe à des pourparlers depuis avril 2021 pour que les États-Unis reviennent à l’accord sur le nucléaire. (AFP)
L’administration Biden participe à des pourparlers depuis avril 2021 pour que les États-Unis reviennent à l’accord sur le nucléaire. (AFP)
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Publié le Mercredi 13 juillet 2022

Contenir l’Iran figure en tête des priorités de la visite de Biden au Moyen-Orient

  • Dans un article d’opinion publié dans The Washington Post avant sa visite en Israël, en Cisjordanie et en Arabie saoudite, M. Biden a mis l’accent sur «la progression rapide» du programme nucléaire iranien
  • Les activités malveillantes de l’Iran menacent non seulement la stabilité régionale, mais aussi la liberté de navigation et l’économie mondiale au sens large

DJEDDAH/BOGOTA: Lorsque le président américain, Joe Biden, se rendra cette semaine à Riyad pour s’entretenir avec des dirigeants arabes, la question des prix mondiaux du pétrole à la lumière de la guerre en Ukraine et du boycott occidental des hydrocarbures russes occupera sans doute une place importante à l’ordre du jour. Il en sera de même pour la question de l’Iran.

En effet, tous les alliés du Moyen-Orient auxquels M. Biden rend visite ou qui assistent à la réunion du CCG+3 ont en commun le désir de contenir les activités extraterritoriales malveillantes de l’Iran et d’empêcher le régime d’acquérir l’arme nucléaire.

Les responsables de la Maison Blanche pensent que l’Iran disposerait désormais de suffisamment de matières fissiles et peut-être même de la technologie nécessaire pour une charge nucléaire utile, ce qui constituerait un puissant levier pour le régime en matière de négociations.

Malgré un effort concerté de l’administration Biden destiné à pousser l’Iran à se conformer à l’accord de 2015 sur le nucléaire – duquel son prédécesseur Donald Trump s’était retiré en mai 2018 –, les négociations indirectes entre les deux parties se sont heurtées à des obstacles à plusieurs reprises.

Néanmoins, M. Biden a refusé de lever les sanctions contre la République islamique avant qu’elle ne se conforme de nouveau à l’accord.

Dans un article d’opinion publié dans The Washington Post avant sa visite en Israël cette semaine en Cisjordanie et en Arabie saoudite, M. Biden a mis l’accent sur «la progression rapide» du programme nucléaire iranien après le retrait de l’ancien président Trump de l’accord.

«Après que mon prédécesseur s’est retiré d’un accord nucléaire qui fonctionnait, l’Iran a adopté une loi qui exige la progression rapide de son programme nucléaire. Ensuite, lorsque la dernière administration a cherché à condamner l’Iran pour cette action au Conseil de sécurité de l’ONU, les États-Unis se sont retrouvés seuls et marginalisés», a écrit M. Biden samedi dernier.

«Nous nous sommes réunis avec des alliés et des partenaires en Europe et dans le monde pour mettre fin à cet isolement. C’est l’Iran qui est désormais marginalisé [et il le demeurera] jusqu’à ce qu'il revienne à l’accord nucléaire que mon prédécesseur a abandonné sans aucun plan de remplacement.

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M. Biden a refusé de lever les sanctions contre la République islamique avant qu’elle se conforme de nouveau à l’accord. (Reuters)

«Le mois dernier, plus de trente pays se sont joints à nous pour condamner le manque de coopération de l’Iran avec l’Agence internationale de l’énergie atomique sur ses activités nucléaires passées. Mon administration continuera d’augmenter la pression diplomatique et économique jusqu’à ce que l'Iran soit prêt à se conformer de nouveau à l’accord de 2015 sur le nucléaire, tout comme je reste prêt à le faire.»

L’Iran, quant à lui, accuse l’administration Biden d’incohérence sur la question nucléaire.

«L’accent mis par Joe Biden sur la poursuite de la politique de pression économique et diplomatique contre l’Iran contredit la volonté des États-Unis de relancer l’accord de 2015», a déclaré mardi dernier à l’AFP le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Nasser Kanani.

Le gouvernement américain, «malgré ses slogans et sa prétendue volonté de retourner à l'accord [...], suit la même approche [que l’administration précédente] en poursuivant l’application des sanctions et des pressions économiques», a-t-il ajouté.

Les analystes reconnaissent que l’administration Biden a fait monter les enchères sur l’Iran ces dernières semaines, mais ils contestent qu’il y ait eu un changement fondamental de politique.

«L’approche américaine vis-à-vis de l’Iran évolue de manière tactique, mais non stratégique, à ce stade», déclare Jason Brodsky, directeur des politiques chez United Against Nuclear Iran, à Arab News.

«Au cours des dernières semaines, Washington a renforcé son application des sanctions américaines. Il s’agit d’un changement puisque l’administration Biden avait imposé, auparavant, des sanctions en vertu de pouvoirs qui ne seraient pas levés en cas de retour des États-Unis au Plan d’action global commun [PAGC].»

«Cependant, ces dernières semaines, les États-Unis ont désigné des entités et des individus en vertu du décret exécutif 13846, dont les sanctions seraient levées en cas de retour à l’accord de Vienne. C’est donc un signal subtil adressé aux dirigeants iraniens pour montrer que l’administration Biden augmente la pression.»

«Cependant, cette pression, selon le dernier éditorial du président, est orientée vers le respect du PAGC et non vers un accord plus long et plus solide. Cela reste donc problématique et ce n’est pas ce que les dirigeants arabes du Golfe et Israël aimeraient entendre.»

L’administration Biden participe à des pourparlers depuis avril 2021 pour que les États-Unis reviennent à l’accord, notamment au moyen de la levée des sanctions contre l’Iran et du plein respect par Téhéran de ses engagements.

Cependant, les négociations nucléaires intermittentes qui se tiennent dans la capitale autrichienne, Vienne, sont au point mort depuis mars, plusieurs problèmes demeurant irrésolus entre les États-Unis et l’Iran.

À la fin du mois de juin, le Qatar a organisé des pourparlers indirects entre les États-Unis et l’Iran dans le but de remettre le processus de Vienne sur le droit chemin, mais ces discussions ont débouché deux jours plus tard sur une impasse.

Les détracteurs de l’accord – qui propose d’alléger les sanctions imposées à Téhéran en échange de la réduction de son programme nucléaire – ont déclaré à plusieurs reprises que le plan n’empêche ni l’Iran d’élargir son programme de missiles balistiques ni sa marine de perpétrer des actes répréhensibles parrainés par l’État. Par ailleurs, le soutien de la République islamique à ses mandataires se poursuit dans l’ensemble de la région.

Téhéran a longtemps financé et équipé des groupes armés en Irak. Les milices ont régulièrement attaqué le personnel militaire occidental, les missions diplomatiques et les infrastructures civiles du pays, tout en cherchant à renverser ses institutions politiques.

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«Je pense que le Plan d’action global commun est pratiquement mort, mais toujours pas enterré», rapporte Jason Brodsky, directeur des politiques chez United Against Nuclear Iran, à Arab News. (AP)

En Syrie, l’Iran a cherché à renforcer le régime de Bachar al-Assad en envoyant du matériel militaire de pointe et des mercenaires venus des théâtres de conflit de toute la région. Les responsables de la défense israélienne craignent que Téhéran n’utilise la Syrie comme rampe de lancement pour attaquer Israël.

Ailleurs dans la région, l’Iran a longtemps soutenu le Hezbollah au Liban, aggravant la paralysie politique du pays et l’effondrement de sa société. Au Yémen, le soutien iranien à la milice houthie n’a fait que prolonger la guerre et les souffrances du peuple yéménite.

Ces mandataires et les territoires où ils opèrent ont été utilisés pour lancer des attaques transfrontalières de missiles et de drones contre des infrastructures civiles et pétrolières à la fois en Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis. Les milices ont également ciblé le transport maritime commercial dans les voies navigables de la région.

Les activités malveillantes de l’Iran menacent donc non seulement la stabilité régionale, mais aussi la liberté de navigation et l’économie mondiale au sens large.

Ainsi, les critiques du Plan d’action global commun affirment que la question est bien plus vaste que le seul dossier nucléaire et que tout accord avec Téhéran devrait également décourager de telles activités.

«Pendant près d’une décennie, l’accord de Vienne, présenté par les administrations Obama et Biden, n’a connu aucun changement», a déclaré le Dr Hamdan al-Shehri, analyste politique et spécialiste des relations internationales, à Arab News.

«Les négociations sont toujours au point mort parce que l’administration du président Biden refuse de faire quoi que ce soit pour finaliser un accord qui pourrait freiner les ambitions nucléaires de l’Iran – un pays qui s’est révélé dangereux pour la région par l’intermédiaire de ses mandataires.»

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L’Iran a longtemps financé et équipé des groupes armés en Irak. (AFP)

Compte tenu des activités de Téhéran et de ses progrès rapides vers l’acquisition de l’arme nucléaire, de nombreux observateurs se demandent si le PAGC peut être sauvé.

«Je pense que le PAGC est pratiquement mort, mais toujours pas enterré», a affirmé M. Brodsky. «Il pourrait encore être relancé, même si les chances sont très faibles.»

«Les dirigeants iraniens ne subissent pas la même pression qu’en 2013 pour relancer l’accord, avec des sanctions multilatérales et la menace plus crédible de force militaire pour détruire l’ensemble de l’infrastructure nucléaire de l’Iran en place à l'époque.»

«C’est pour cette raison que le pays ne ressent aucune urgence, misant sur les prix élevés du pétrole, l’application laxiste des sanctions américaines et un calcul selon lequel, quoi qu’il fasse, les États-Unis et l’E3 [la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni] ne quitteront jamais la table des négociations. Les États-Unis et leurs alliés européens doivent absolument modifier cette perception.»

C’est pour cette raison que la visite de M. Biden au Moyen-Orient est considérée comme une occasion particulièrement précieuse pour changer le cours des événements et proposer des moyens de dissuasion plus agressifs. Cela peut prendre la forme d’une nouvelle alliance de défense aérienne au Moyen-Orient destinée à contrer militairement l’Iran ou, au moins, d’un effort plus concerté afin de priver l’Iran des fonds dont il a besoin pour financer les activités de ses mandataires dans la région.

«Il est absolument essentiel que le président démontre lors de ce voyage que l’Iran n'est pas seulement un dossier nucléaire et qu’il est prêt à poursuivre une stratégie de dissuasion agressive qui vise à contrer son comportement malveillant dans le domaine non nucléaire. C’est ce que la région veut entendre de lui», a ajouté M. Brodsky.

«Des initiatives comme l’alliance de défense aérienne au Moyen-Orient sont nécessaires, mais non suffisantes. L’interdiction et l’action cinétique qui ont pour objectif de repousser l’agression iranienne ainsi que d’endiguer le flux d’argent vers le réseau de mandataires et de partenaires de l’Iran sont absolument vitales. Mais le Plan d’action global commun finance ces activités. C’est à cette contradiction fondamentale au sein de la politique américaine que le président devrait s’attaquer.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Abbas appelle le Hamas à libérer les otages à Gaza, frappes israéliennes meurtrières

Le président palestinien Mahmoud Abbas a appelé mercredi le Hamas à libérer les derniers otages retenus à Gaza, où des frappes israéliennes ont fait 25 morts, selon les secours, laissant des "corps calcinés" et des victimes ensevelies sous les décombres. (AFP)
Le président palestinien Mahmoud Abbas a appelé mercredi le Hamas à libérer les derniers otages retenus à Gaza, où des frappes israéliennes ont fait 25 morts, selon les secours, laissant des "corps calcinés" et des victimes ensevelies sous les décombres. (AFP)
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  • Le président palestinien a affirmé mercredi depuis Ramallah, en Cisjordanie occupée, que le Hamas avait fourni à Israël "des prétextes pour commettre ses crimes dans la bande de Gaza, le plus flagrant (de ces prétextes) étant la détention d'otages"
  • "C'est moi qui en paie le prix, notre peuple en paie le prix, pas Israël (...) Libérez-les", a déclaré Mahmoud Abbas, qui n'exerce plus d'autorité sur Gaza depuis que le Hamas y a pris le pouvoir en 2007

GAZA: Le président palestinien Mahmoud Abbas a appelé mercredi le Hamas à libérer les derniers otages retenus à Gaza, où des frappes israéliennes ont fait 25 morts, selon les secours, laissant des "corps calcinés" et des victimes ensevelies sous les décombres.

Rompant une trêve de deux mois, Israël a repris le 18 mars son offensive sur le territoire palestinien, affirmant vouloir contraindre le mouvement islamiste à libérer les otages qu'il retient depuis l'attaque du 7 octobre 2023.

Le président palestinien a affirmé mercredi depuis Ramallah, en Cisjordanie occupée, que le Hamas avait fourni à Israël "des prétextes pour commettre ses crimes dans la bande de Gaza, le plus flagrant (de ces prétextes) étant la détention d'otages".

"C'est moi qui en paie le prix, notre peuple en paie le prix, pas Israël (...) Libérez-les", a déclaré Mahmoud Abbas, qui n'exerce plus d'autorité sur Gaza depuis que le Hamas y a pris le pouvoir en 2007.

Après plus de 18 mois de guerre, l'ONU a fait état de cas de "malnutrition aiguë sévère" parmi les 2,4 millions d'habitants du territoire, dont la plupart ont été déplacés par les combats.

Selon un responsable du mouvement, une délégation du Hamas se trouve actuellement au Caire pour discuter avec les médiateurs de "nouvelles idées" visant à rétablir un cessez-le-feu.

"Vivre comme les autres" 

Mercredi, la frappe israélienne la plus meurtrière a détruit une école qui abritait des déplacés dans la ville de Gaza, dans le nord, faisant onze morts et 17 blessés, "y compris des femmes et des enfants", a déclaré à l'AFP le porte-parole de la Défense civile palestinienne, Mahmoud Bassal.

"Le bombardement a provoqué un incendie massif dans le bâtiment et plusieurs corps calcinés ont été retrouvés", a-t-il dit.

Au total, 25 personnes ont été tuées dans les frappes qui ont visé plusieurs secteurs du nord de Gaza ainsi que Khan Younès, dans le sud, selon la Défense civile.

"Nous avons reçu des appels de détresse signalant plusieurs personnes disparues sous les décombres dans différentes zones de la bande de Gaza ", a affirmé Mahmoud Bassal.

Plusieurs corps enveloppés dans des linceuls blancs ont été transportés à l'hôpital al-Chifa, où se recueillaient des femmes éplorées.

"Nous ne voulons rien d'autre que la fin de la guerre pour pouvoir vivre comme le font les gens dans le reste du monde", s'exclamait Walid Al Najjar, un habitant de Khan Younès.

Selon Mahmoud Bassal, les secouristes manquent "des outils et équipements nécessaires pour les opérations de sauvetage et pour récupérer les corps".

L'armée israélienne n'a pas commenté dans l'immédiat.

Mardi, elle avait dit avoir détruit environ "40 engins du génie utilisés à des fins terroristes, y compris lors du massacre du 7 octobre".

Elle affirme que le Hamas utilise ces engins "pour poser des explosifs, creuser des tunnels souterrains, percer des clôtures de sécurité et dégager les gravats pour retrouver des armes et du matériel militaire".

Mesure "intolérable" 

Selon le ministère de la Santé du Hamas, 1.928 Palestiniens ont été tués depuis le 18 mars, portant à 51.305 le nombre de morts à Gaza depuis le début de l'offensive de représailles israélienne.

La guerre a été déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

Sur les 251 personnes enlevées, 58 sont toujours otages à Gaza dont 34 sont mortes, selon l'armée israélienne.

La situation est aggravée par le blocage de l'aide humanitaire imposé par Israël depuis le 2 mars.

Les ministres des Affaires étrangères français, britannique et allemand ont conjointement exhorté mercredi Israël à cesser ce blocage, y voyant une mesure "intolérable" qui expose les civils à "la famine, des épidémies et la mort".

"Plusieurs personnes souffrant de malnutrition aiguë sévère à Gaza ont été admises à l'hôpital cette semaine", a indiqué mardi le bureau des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), ajoutant que ces cas étaient "en augmentation".

"Malgré des approvisionnements extrêmement faibles, environ 180 cuisines communautaires continuent de fonctionner chaque jour. Cependant, beaucoup d'entre elles sont sur le point de fermer car les stocks s'épuisent", a-t-il prévenu.

 


Turquie: puissant séisme de magnitude 6,2 au large d'Istanbul

Deux secousses au moins, à une fraction de seconde d'intervalle, ont été fortement ressenties dans tous les quartiers de l'immense ville de 16 millions d'habitants située sur le Bosphore et la Mer de Marmara. (AFP)
Deux secousses au moins, à une fraction de seconde d'intervalle, ont été fortement ressenties dans tous les quartiers de l'immense ville de 16 millions d'habitants située sur le Bosphore et la Mer de Marmara. (AFP)
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  • Deux secousses au moins, à une fraction de seconde d'intervalle, ont été fortement ressenties dans tous les quartiers de l'immense ville de 16 millions d'habitants située sur le Bosphore et la Mer de Marmara
  • Des milliers de personnes se sont jetées dans les rues en proie à la panique

ISTANBUL: Un puissant séisme de magnitude 6,2, dont l'épicentre est situé en mer de Marmara, a secoué mercredi Istanbul, sans faire de victime ni de dégât, selon les autorités turques.

Selon l'Agence nationale de la gestion des catastrophes AFAD et le ministre de l'Intérieur Ali Yerlikaya, "un séisme de 6,2 s'est produit au large de Silivri, en mer de Marmara" peu avant 13H00 (10H00 GMT).

Deux secousses au moins, à une fraction de seconde d'intervalle, ont été fortement ressenties dans tous les quartiers de l'immense ville de 16 millions d'habitants située sur le Bosphore et la Mer de Marmara.

Des milliers de personnes se sont jetées dans les rues en proie à la panique, ont constaté les journalistes de l'AFP.

"J'ai senti la secousse je me suis jeté dehors" confie un peintre, rencontré près de la Tour de Galata après avoir dévalé ses quatre étages.

Les autorités n'ont pas fait état de victimes ni de dégâts.

Le président Recep Tayyip Erdogan a indiqué "suivre les développements de près".

"Tous nos services d'urgence sont en état d'alerte. Aucun bâtiment ne s'est effondré selon les informations dont nous  disposons à ce stade. Nous poursuivons les recherches", a indiqué le gouvernorat d'Istanbul qui appelle "les citoyens à ne pas s'approcher de bâtiments endommagés".

La municipalité indique elle aussi suivre la situation, précisant qu'"aucun cas grave n'a été sigalé jusqu'à présent".

La hantise du "Big one" 

Outre le séisme principal, l'AFAD précise avoir enregistré trois autres secousses de magnitude 3.9 à 4.9 dans la même zone.

La Turquie est traversée par deux failles qui ont causé de nombreux drames par le passé.

Istanbul vit dans la hantise du "Big one": elle est située à 20 km de la faille nord-anatolienne et les plus pessimistes des experts prévoient un séime de magnitude 7 au moins d'ici à 2030, qui provoquerait l'effondrement partiel ou total de centaines de milliers d'édifices.

Le sud-est du pays a subi un violent tremblement de terre en février 2023 qui a fait au moins 53.000 morts et dévasté la cité antique d'Antakya, l'ex Antioche.

Le district de Silivri abrite notamment l'une des principales prisons du pays, où se trouvent notamment incarcérés le maire d'oppposition d'Istanbul Ekrem Imamoglu et le mécène et philanthrope Osman Kavala.

C'est également là qu'ont été conduits de très nombreux manifestants interpellés lors de la vague de contestation qui a suivi l'arrestation de M. Imamgolu le 19 mars, incarcéré à Silivri six jours plus tard.

Le réseau d'entraide des parents des jeunes détenus a affirmé sur X que l'établissement n'avait pas subi de dégâts.

 


1978 - Les Accords de Camp David: Un chemin trompeur vers la paix

Anouar el-Sadate (gauche) serre la main de Menahem Begin en présence du président américain Jimmy Carter. (AFP)
Anouar el-Sadate (gauche) serre la main de Menahem Begin en présence du président américain Jimmy Carter. (AFP)
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  • Si les accords ont valu à Sadate et Begin le prix Nobel, ils n'ont que peu contribué à l'établissement d'une paix durable au Moyen-Orient
  • En 1978, la population de colons ne comptait que 75,000 personnes. En 1990, elle avait triplé pour atteindre 228,000. Aujourd'hui, plus d'un demi-million de colons israéliens occupent au moins 370 colonies

CHICAGO — En se rendant à Jérusalem, le président égyptien Anouar el-Sadate poursuivait une vision ambitieuse: prévenir tout nouveau conflit et résoudre la crise israélo-arabe par voie diplomatique. Sa démarche reposait sur la conviction profonde qu'une paix véritable ne pourrait être fragmentaire. Elle devait, selon lui, englober non seulement l'Égypte et ses voisins arabes — Jordanie, Syrie et Liban — mais s'articuler essentiellement autour d'un engagement formel d'Israël à se retirer des territoires occupés et à permettre l'émergence d'un État palestinien souverain.

Face aux parlementaires israéliens réunis à la Knesset, Sadate a prononcé un discours-fleuve dont l'une des déclarations les plus marquantes résonne encore aujourd'hui : "Mon voyage n'a pas pour objectif un accord bilatéral isolant l'Égypte... Car même si tous les États du front parvenaient à un accord avec Israël, cette paix resterait fragile et illusoire tant qu'une solution équitable à la question palestinienne ne sera pas trouvée. C'est cette paix juste et pérenne que la communauté internationale appelle unanimement de ses vœux."

Sadate n'aura pas vécu assez longtemps pour constater à quel point il avait raison:  l'obstination israélienne à maintenir son emprise sur les territoires occupés allait effectivement déclencher un engrenage fatal. Cette politique d'occupation a progressivement nourri les courants extrémistes, multipliés les cycles de violence, fragilisée la stabilité de l'Égypte elle-même, et fait voler en éclats tout espoir d'une réconciliation durable dans la région.

L'objectif unique du Premier ministre israélien Menahem Begin était d'éliminer la menace militaire égyptienne, de diviser les "États du front" arabes et de bloquer les revendications en faveur d'un État palestinien.

Sadate fut naïf de faire confiance à Begin, l'un des terroristes les plus impitoyables du Moyen-Orient. Begin avait orchestré certaines des atrocités civiles les plus odieuses durant le conflit israélo-arabe de 1947-1948, notamment le massacre de près de 100 civils dans le petit village palestinien de Deir Yassine. 

Légende: La une du journal relatait l'avancement des accords, notant que le sommet avait atteint "une étape décisive".
Légende: La une du journal relatait l'avancement des accords, notant que le sommet avait atteint "une étape décisive".

Ce massacre, au cours duquel des femmes enceintes furent sauvagement assassinées et leurs corps jetés dans le puits du village, a profondément choqué la population arabe de Palestine, provoquant un exode massif de réfugiés terrorisés. Avant son discours à la Knesset, Sadate avait visité le mémorial de l'Holocauste Yad Vashem qui, ironie du sort, est édifié sur les vestiges de Deir Yassine.

Déroulé tapis rouge par Israël et les États-Unis, Sadate se vit propulsé au rang de chef d'État modèle pour son audace pacificatrice. Sa tournée américaine de 1978 prit des allures de triomphe: banquets somptueux et réceptions officielles dans les métropoles du pays. À Chicago, pourtant, un autre accueil l'attendait. J'étais là, mêlé à une foule de 500 Américains d'origine arabe, scandant notre opposition à ce que nous considérions comme une véritable reddition diplomatique.

Les Accords de Camp David ont valu à Sadate et Begin le Prix Nobel de la paix 1978, mais aussi l'opprobre du monde arabe. La Ligue arabe réagit en excluant l'Égypte et en transférant le siège de l'organisation du Caire à Tunis.

La stratégie d'Israël était transparente pour tous, sauf pour Sadate. Il signa les accords après 12 jours d'intenses négociations en 1978, du 5 au 17 septembre. Mais quelques semaines auparavant, Begin avait inauguré la colonie d'Ariel, sur des terres confisquées en Cisjordanie à plus de 16 kilomètres à l'est de la Ligne verte, devenue depuis un symbole de la guerre continue d'Israël contre l'État palestinien et le centre de l'expansion des colonies israéliennes.

Malgré cette réalité troublante sur le terrain, Sadate signa un traité de paix formel avec Israël à la Maison Blanche le 26 mars 1979, mettant officiellement fin au conflit entre les deux pays.

Dates clés

14 février 1977
Le président américain Jimmy Carter écrit à son homologue égyptien Anouar el-Sadate et au Premier ministre israélien Yitzhak Rabin pour exprimer son engagement à trouver "un règlement de paix durable au Moyen-Orient".

 21 octobre 1977
Dans une lettre manuscrite, Carter fait appel à Sadate: "Le moment est venu d'avancer, et votre soutien public précoce à notre approche est extrêmement important — peut-être vital".

 11 novembre 1977
Après l'annonce par Sadate de son intention de visiter Israël, le nouveau Premier ministre israélien, Menahem Begin, s'adresse au peuple égyptien depuis Jérusalem en plaidant pour "plus de guerres, plus d'effusion de sang".

3 août 1978
Carter adresse des lettres confidentielles à Sadate et Begin, leur proposant une rencontre.

5 septembre 1978
Sadate et Begin arrivent à Camp David pour dix jours de pourparlers.

17 septembre 1978
À 21h37, Carter, Begin et Sadate embarquent à bord de l'hélicoptère présidentiel Marine 1 et s'envolent du Maryland vers la Maison Blanche. À 22h31, Begin et Sadate signent un cadre pour la paix.

27 octobre 1978
Sadate et Begin reçoivent conjointement le Prix Nobel de la paix.

26 mars 1979
Sadate et Begin signent le traité de paix égypto israélien à Washington.

6 octobre 1981
Sadate est assassiné au Caire par des extrémistes islamiques opposés au traité de paix.

Si l'on examine les cinq fondements de l'accord, seuls deux ont franchi le cap de la concrétisation. L'Égypte a récupéré le Sinaï, sous conditions de démilitarisation, et la normalisation diplomatique formelle entre Le Caire et Tel-Aviv, mettant officiellement un terme à l'état de belligérance.
 
Les trois autres engagements sont restés lettre morte: les négociations pour résoudre la question palestinienne, avec la participation jordanienne, ont stagné; l'introduction de l'autonomie palestinienne en Cisjordanie et à Gaza dans un délai de cinq ans a échoué; et la fin des colonies israéliennes n'a même jamais été amorcée.

Les accords n'ont jamais été autorisés à entraver les plans visant à renforcer l'emprise d'Israël sur les territoires occupés. Lorsque le président américain Jimmy Carter a perdu sa réélection le 4 novembre 1980, et que Sadate a été assassiné lors d'un défilé militaire le 6 octobre 1981, Begin a reçu carte blanche pour enterrer définitivement le "rêve" de Sadate.

Malgré leurs divergences politiques, le président américain Ronald Reagan tenta de poursuivre la vision de paix au Moyen-Orient portée par Carter et proposa, en août 1982, un "gel" des colonies, exhortant Israël à accorder aux Palestiniens une "autonomie" comme étape vers un État. 

Le Premier ministre israélien Menahem Begin (gauche) et le président égyptien Anouar el-Sadate conversent et plaisantent lors d'une rencontre en juillet 1979 à Alexandrie. AFP
Le Premier ministre israélien Menahem Begin (gauche) et le président égyptien Anouar el-Sadate conversent et plaisantent lors d'une rencontre en juillet 1979 à Alexandrie. AFP

La réaction de Begin fut immédiate. Le 2 septembre 1982, avec Carter et Sadate hors-jeu, il conduisit une initiative à la Knesset pour consolider l'emprise d'Israël sur la Cisjordanie, Jérusalem Est et le plateau du Golan, augmentant la population de colons juifs. Israël, déclara le Cabinet, "se réserve le droit d'appliquer sa souveraineté sur les territoires à l'issue de la période de transition de cinq ans" vers "l'autonomie" palestinienne explicitement envisagée dans les Accords de Camp David.

En 1978, la population de colons ne comptait que 75,000 personnes. En 1990, elle avait triplé pour atteindre 228,000. Aujourd'hui, plus d'un demi-million de colons israéliens occupent au moins 370 colonies ou "avant-postes" en Cisjordanie et à Jérusalem Est.

Cette année, le 20 janvier, premier jour de son second mandat, le président américain Donald Trump a levé les sanctions imposées par l'administration Biden sur des groupes de colons d'extrême droite accusés de violences contre les Palestiniens.

Ironie du sort, alors que les accords de Camp David devaient créer un climat d'espoir et d'optimisme, leur progression limitée au seul retour du Sinaï a engendré un sentiment de fatalisme nourrissant l'extrémisme, comme en témoignent de façon dramatique les attaques meurtrières du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.

Si le cessez-le-feu entre Le Caire et Tel-Aviv tient toujours, l'incapacité chronique à résoudre la question palestinienne a considérablement affaibli la portée historique des accords. Ce qui devait incarner une paix globale s'est progressivement dégradé en un simple pacte de non-agression formalisé. Aujourd'hui, les relations égypto-israéliennes se résument essentiellement à une collaboration sécuritaire.

Ray Hanania est un ancien journaliste politique primé de la mairie de Chicago. Il est chroniqueur pour Arab News et anime l'émission de radio Ray Hanania. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com