Malheureusement, l'administration Biden se montre trop indulgente avec le régime iranien. Il incombe désormais à la Maison-Blanche d'adopter une position ferme à l'égard du régime avant qu'il ne soit trop tard.
Depuis que le président américain, Joe Biden, a pris ses fonctions, Téhéran s'en tire avec un niveau de violation sans précédent. En ce qui concerne son programme nucléaire, l'establishment théocratique a désormais atteint un niveau d'avancement record. Le New York Times a rapporté le mois dernier: «De l'avis général, l'Iran est plus près de pouvoir produire une bombe aujourd'hui qu'à n'importe quelle autre période de la saga de son programme nucléaire, qui dure depuis deux décennies – même s'il prévoit, comme le pensent de nombreux responsables de la sécurité nationale, de s'arrêter juste avant de produire une arme réelle.»
Certaines des avancées critiques comprennent l'enrichissement d'une quantité substantielle d'uranium – jusqu'à une pureté de 60 %, soit une courte étape technique pour atteindre la pureté de 90 % nécessaire à la fabrication d'une arme nucléaire. Le mois dernier, la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni, alliés des États-Unis, ont averti que les dernières actions du gouvernement iranien «réduisent davantage le temps que mettrait l'Iran à développer une première arme nucléaire et... alimentent la méfiance quant aux intentions de l'Iran». Même l'un des hauts fonctionnaires de l'administration Biden a reconnu que l'Iran n'est qu'à quelques semaines de la capacité nucléaire. Le secrétaire d'État, Antony Blinken, a lancé cet avertissement en avril devant la Commission des affaires étrangères du Sénat.
Le régime iranien est également en train de creuser une installation nucléaire souterraine à Natanz qui serait extrêmement difficile à bombarder. Même Israël n'a pas la capacité militaire d'attaquer ce site nucléaire souterrain. Dans un rapport publié au début de cette année, le président de l'Institut pour la science et la sécurité internationale, David Albright, a souligné: «Fordo est déjà considéré comme si profondément enfoui qu'il serait difficile de le détruire par une attaque aérienne. Le nouveau site de Natanz pourrait être encore plus compliqué à supprimer.»
De telles violations nucléaires auraient été considérées comme des transgressions majeures sous les administrations américaines précédentes et elles auraient probablement déclenché des réactions adéquates contre l'establishment clérical de l'Iran.
Depuis l'entrée en fonction de Joe Biden, Téhéran s'en tire avec un niveau de violation sans précédent.
Dr Majid Rafizadeh
Constatant que l'administration Biden ne prend aucune mesure ferme à leur encontre, les dirigeants iraniens accélèrent leur programme nucléaire. Le dernier rapport de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) sur le programme nucléaire iranien a révélé que le régime se prépare à augmenter son enrichissement d'uranium à l'usine de Fordo. Selon un rapport de Reuters du 20 juin, l'Iran «intensifie encore son enrichissement d'uranium en se préparant à utiliser des centrifugeuses IR-6 avancées sur son site souterrain de Fordo, qui peuvent plus facilement passer d'un niveau d'enrichissement à l'autre».
Par ailleurs, l'administration Biden ne semble pas demander des comptes à ceux qui violent les sanctions contre l'Iran. À titre d’exemple, depuis que M. Biden a pris ses fonctions, les exportations de pétrole de l'Iran sont en hausse malgré les sanctions américaines. Sous l'administration Trump, les exportations de pétrole de l'Iran ont été réduites à seulement 100 000 à 200 000 barils par jour (bpj). Mais le pays exporte actuellement plus d'un million de bpj, dont près de 70 à 80 % sont destinés à la Chine. «Les ventes de pétrole ont doublé. Nous ne sommes pas inquiets au sujet des ventes de pétrole», s'est vanté en mai le président de la ligne dure, Ebrahim Raïssi.
L'Iran exporte également des quantités considérables de pétrole à destination du Venezuela sans qu'aucun des deux pays ne subisse de conséquences ou ne craigne des répercussions de la part de l'administration Biden. Le mois dernier, un pétrolier battant pavillon iranien et transportant près d'un million de barils de pétrole brut est arrivé dans les eaux vénézuéliennes. Il s'agissait de la troisième livraison de brut fournie par la société iranienne Naftiran Intertrade Company à la société pétrolière publique vénézuélienne, PDVSA.
Au Moyen-Orient, le régime iranien a monté d’un cran son action déstabilisatrice et destructrice. Il intensifie par exemple la contrebande d'armes à destination de la milice houthie au Yémen. Dans un rapport publié en février, le groupe d'experts des Nations unies sur le Yémen a déclaré que «plusieurs éléments de preuve essentiels indiquent que la République islamique a fait passer des armes en contrebande au Yémen, en violation de la résolution 2 140 du Conseil de sécurité des nations unies. L'année dernière, on a découvert un cargo se dirigeant vers le Yémen depuis le port de Jask, dans le sud de l'Iran, qui transportait plusieurs fusils et lanceurs. Ils avaient à leur tour été saisis sur des navires en provenance d'Iran.»
Le régime a également intensifié son parrainage et l'emploi de cellules terroristes dans des pays étrangers.
En un mot, l'administration Biden a été trop indulgente avec le régime iranien malgré le niveau sans précédent de ses violations. Cette stratégie ne fera que renforcer le régime.
Le Dr Majid Rafizadeh est un politologue irano-américain formé à Harvard.
Twitter : @Dr_Rafizadeh
NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.
Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com