PARIS : De son propre aveu, Abdelkader Jalal se considère comme « un délinquant multirécidiviste ». Mais il ne comprend toujours pas pourquoi il comparaît devant la cour d'assises spéciale de Paris pour un projet d'attentat en avril 2015 contre une église de Villejuif (Val-de-Marne).
Depuis l'ouverture du procès de Sid-Ahmed Ghlam, un étudiant algérien accusé d'avoir projeté cet attentat et d'avoir assassiné le même jour une jeune mère de famille de 32 ans, Abdelkader Jalal ne cesse de pester contre lui. « Il ment »... « J'ai envie de vomir quand je l'entends »..., dit-il avec dépit.
Âgé de 39 ans, ce père de trois enfants est accusé d'avoir acquis des gilets pare-balles récupérés chez Sid-Ahmed Ghlam et d'avoir convoyé jusqu'à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) une voiture volée qui a servi ensuite de cache d'armes au principal accusé.
« Rabah Boukaouma (un autre accusé) savait que j'étais un voleur. Un jour, peut-être un mois avant les faits, il m'a demandé si je pouvais avoir des gilets pare-balles et des armes de poing », a raconté lundi Abdelkader Jalal.
A l'époque, Jalal est employé dans une crêperie des Mureaux (Yvelines). Boukaouma en est un des clients. Qualifiée de « crêperie conspirative » par les enquêteurs, l'établissement a réuni au début des années 2010 nombre d'acteurs du jihadisme.
Mais Abdelkader Jalal dit ignorer tout ça. « Pour moi, la demande de Boukaouma (surnommé « le Kabyle ») c'était pour braquer un dealer », dit-il. « Je vais voir ce que je peux faire », promet-il à Boukaouma sans poser davantage de questions. Il se met à la recherche de gilets par-balles « mais pas d'armes ».
Grâce à une succession d'heureux hasards, il parvient à se procurer cinq de ces vestes auprès d'un mystérieux vendeur pour 1.600 euros que, faute de liquidités, il s'engage à régler plus tard...
« On peut dire que vous avez fait bonne pioche », dit la présidente avec ironie.
Jalal remet les gilets à Boukaouma, qui n'évoque plus l'achat d'armes mais lui réclame une voiture volée.
Toujours prêt à rendre service, l'accusé accepte et se met en contact avec un ami « voleur de voitures » qui lui fournit un véhicule qu'il conduit jusqu'à Aulnay, comme le lui a demandé Boukaouma.
Lorsque ce dernier le ramène chez lui aux Mureaux, Jalal se souvient d'un détail. En chemin, il est près de minuit, Boukaouma s'arrête pour aller dans un cybercafé. On est le 13 avril... Le lendemain, 14 avril, Sid-Ahmed Ghlam recevra un message de ses commanditaires en Syrie pour aller récupérer des armes, des gilets pare-balles dans la voiture volée.