Attentat avorté de Villejuif: l'itinéraire express de l'accusé vers le jihadisme

« Je l'ai en horreur », confie la mère d'Aurélie Châtelain, professeure de fitness de 32 ans abattue dans sa voiture, à l'ouverture du procès de l'étudiant algérien Sid-Ahmed Ghlam, accusé d'avoir projeté un attentat contre une église en avril 2015 à Villejuif (Photo, AFP-TV)
« Je l'ai en horreur », confie la mère d'Aurélie Châtelain, professeure de fitness de 32 ans abattue dans sa voiture, à l'ouverture du procès de l'étudiant algérien Sid-Ahmed Ghlam, accusé d'avoir projeté un attentat contre une église en avril 2015 à Villejuif (Photo, AFP-TV)
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Publié le Jeudi 08 octobre 2020

Attentat avorté de Villejuif: l'itinéraire express de l'accusé vers le jihadisme

  • De retour à Paris, où il est étudiant boursier, Sid-Ahmed Ghlam abandonne sa scolarité et n'a plus qu'une idée: partir combattre en Syrie
  • Le 13 février 2015, Sid-Ahmed Ghlam est de retour en France et attend les instructions pour « passer à l'acte »

PARIS : Sid-Ahmed Ghlam, l'étudiant algérien accusé d'avoir voulu commettre un attentat contre une église de Villejuif (Val-de-Marne) et d'avoir assassiné une jeune femme, a raconté mercredi à Paris son cheminement express vers « l'islamisme » radical.

Selon le jeune homme de 29 ans, qui affirme aujourd'hui être « déradicalisé », « tout a commencé » à l'été 2014 lors de vacances à Tiaret, sa ville natale en Algérie, où il fréquente une mosquée qui épouse les thèses jihadistes.

« On regardait des vidéos de l'Etat islamique, on écoutait des prêches, on parlait des bombardements en Syrie, des musulmans attaqués partout dans le monde », se souvient-il devant la cour d'assises spéciale.

De retour à Paris, où il est étudiant boursier, Sid-Ahmed Ghlam abandonne sa scolarité et n'a plus qu'une idée: partir combattre en Syrie.

En octobre 2014, il s'envole pour Istanbul pour rejoindre l'EI. Les deux amis qui l'accompagnent passent en Syrie mais un « émir » de l'EI, que M. Ghlam présente comme « Abou Mouthana » --un des chefs de l'organisation jihadiste -- lui aurait ordonné de « retourner en France où l'EI a besoin de (lui) ».

« Vous ne le connaissiez pas et vous lui avez obéi? », s'étonne la présidente. « C'était un émir », répond le jeune homme.

L' « émir » lui donne entre 2.000 et 3.000 euros et l'accusé prend contact avec lui, fin novembre 2014, sur Skype.

Il y aura un second voyage en Turquie le 3 février 2015, moins d'un mois après les attentats contre Charlie Hebdo et l'Hyper Cacher. « Dans quel état d'esprit étiez-vous? », demande la présidente. « Mon but était toujours d'aller combattre en Syrie », répond l'accusé.

Sid-Ahmed Ghlam rencontre alors, outre « Mouthana », un dénommé « Amirouche » -- alias Samir Nouad, un cadre de l'EI aujourd'hui présumé mort. On lui montre la vidéo d'une « maternité bombardée en Syrie ». « Cette vidéo m'a fait pleurer. C'est comme ça qu'ils ont réussi à me briser », dit-il. « J'étais prêt à leur obéir aveuglément ».

Le 13 février 2015, Sid-Ahmed Ghlam est de retour en France et attend les instructions pour « passer à l'acte ».

Après l'abandon d'un projet d'attentat à la gare de Villepinte (Seine-Saint-Denis), ses commanditaires lui disent de viser « une bonne église avec du monde ».

Le 19 avril 2015, Sid-Ahmed Ghlam se rend à Villejuif. Son projet d'attentat ne sera mené à terme mais, sur son chemin, il croisera Aurélie Châtelain qu'il est accusé d'avoir froidement abattue.

Me Antoine Casubolo-Ferro, avocat des parties civiles, lui rappelle que « le 7 octobre, aujourd'hui, Aurélie Châtelain aurait du fêter ses 38 ans ». « J'ai bien retenu », répond l'accusé sans un regard vers la famille de la victime.

Fin des débats le 6 novembre.


Assassinat de Samuel Paty: procès en appel début 2026

Le procès en appel de quatre personnes soupçonnées d'être impliquées, à des degrés divers, dans l'assassinat du professeur Samuel Paty, décapité par un islamiste tchétchène en octobre 2020, aura lieu du 26 janvier au 27 février 2026, a-t-on appris mercredi de source proche du dossier. (AFP)
Le procès en appel de quatre personnes soupçonnées d'être impliquées, à des degrés divers, dans l'assassinat du professeur Samuel Paty, décapité par un islamiste tchétchène en octobre 2020, aura lieu du 26 janvier au 27 février 2026, a-t-on appris mercredi de source proche du dossier. (AFP)
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  • A l'issue du procès en première instance, en décembre dernier, et après sept semaines de débat, les huit accusés avaient été tous reconnus coupables et condamnés à des peines de un à seize ans de prison
  • Quatre d'entre eux ont fait appel et seront rejugés par la cour d'assises d'appel spéciale de Paris

PARIS: Le procès en appel de quatre personnes soupçonnées d'être impliquées, à des degrés divers, dans l'assassinat du professeur Samuel Paty, décapité par un islamiste tchétchène en octobre 2020, aura lieu du 26 janvier au 27 février 2026, a-t-on appris mercredi de source proche du dossier.

A l'issue du procès en première instance, en décembre dernier, et après sept semaines de débat, les huit accusés avaient été tous reconnus coupables et condamnés à des peines de un à seize ans de prison.

Quatre d'entre eux ont fait appel et seront rejugés par la cour d'assises d'appel spéciale de Paris.

Cela concerne les deux amis de l'assassin du professeur Samuel Paty, Naïm Boudaoud et Azim Epsirkhanov, reconnus coupables de complicité d'assassinat et condamnés à 16 ans de réclusion criminelle.

Les deux autres condamnés à avoir interjeté appel sont Brahim Chnina et le prédicateur islamiste Abdelhakim Sefrioui qui avaient écopé respectivement de 13 et 15 ans de réclusion criminelle après avoir été reconnus coupables d'association de malfaiteurs terroriste, pour avoir lancé une "campagne de haine" ayant fait de Samuel Paty une "cible".


Voter une loi pour «sauver Marine Le Pen» est «impensable», estime Xavier Bertand

Xavier Bertrand a martelé que Marine Le Pen "n'était pas une victime" et regrette que certains soient tombés dans le "piège de la victimisation", appelant les responsables politiques à préserver "la stabilité des institutions et donc le respect de la séparation des pouvoirs". (AFP)
Xavier Bertrand a martelé que Marine Le Pen "n'était pas une victime" et regrette que certains soient tombés dans le "piège de la victimisation", appelant les responsables politiques à préserver "la stabilité des institutions et donc le respect de la séparation des pouvoirs". (AFP)
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  • Il a dénoncé la pression que subissaient les magistrats, ajoutant ne pas vouloir "qu'on joue un mauvais remake du Capitole", faisant référence à l'assaut du Capitole par les soutiens de Donald Trump après sa défaite à l'élection présidentielle de 2020
  • Xavier Bertrand a déploré un traitement de faveur envers la patronne des députés RN à l'Assemblée pour laquelle "on trouverait la place pour une loi d'exception pour (la) sauver", alors qu'"on ne trouve pas la place" pour voter les "urgences"

PARIS: Il est "impensable" de faire un traitement de faveur avec "une loi d'exception pour sauver Madame Le Pen", a fustigé mercredi Xavier Bertrand, en référence à la proposition de loi pour supprimer l'exécution provisoire qu'Eric Ciotti veut déposer.

"Ce serait impensable parce que ça voudrait dire que l'Assemblée nationale remplace la Cour d'appel, que l'Assemblée nationale intervient avant la Cour d'appel, arrêtons cette confusion des genres", s'est insurgé le président LR de la région Hauts-de-France sur RTL.

Eric Ciotti, patron des députés UDR à l'Assemblée et allié du RN, a annoncé mardi que son groupe déposerait une proposition de loi en juin pour "supprimer" l'exécution provisoire après la condamnation choc de Marine Le Pen à une peine d'inéligibilité de cinq ans avec effet immédiat.

Xavier Bertrand a déploré un traitement de faveur envers la patronne des députés RN à l'Assemblée pour laquelle "on trouverait la place pour une loi d'exception pour (la) sauver", alors qu'"on ne trouve pas la place" pour voter les "urgences", évoquant notamment la loi sur les homicides routiers ou celle sur la justice des mineurs.

Pour l'élu LR, cette proposition de "loi Ciotti, Le Pen" reviendrait à "contourner la justice".

Il a dénoncé la pression que subissaient les magistrats, ajoutant ne pas vouloir "qu'on joue un mauvais remake du Capitole", faisant référence à l'assaut du Capitole par les soutiens de Donald Trump après sa défaite à l'élection présidentielle de 2020.

M. Bertrand se réjouit de l'annonce de la Cour d'appel qui devrait rendre une décision à "l'été 2026", qui prouve selon lui qu'"il n'y a aucun complot contre Madame Le Pen" qui va pouvoir "épuiser les voies de recours".

Xavier Bertrand a martelé que Marine Le Pen "n'était pas une victime" et regrette que certains soient tombés dans le "piège de la victimisation", appelant les responsables politiques à préserver "la stabilité des institutions et donc le respect de la séparation des pouvoirs".


L'Assemblée s'empare de la sensible réforme du scrutin à Paris, Lyon et Marseille

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  • La commission des lois doit examiner dans la matinée une proposition de loi initialement portée par le député Sylvain Maillard, ancien président du groupe Renaissance, et chef des macronistes à Paris.
  • Le texte a le soutien du Premier ministre, à défaut de celui de Bruno Retailleau.

PARIS : Modifier le mode d'élection à Paris, Lyon et Marseille à un an des municipales : une gageure, tant le sujet est épineux et les oppositions nombreuses, y compris au sein de la coalition gouvernementale. Mais alors que le sujet fait ses premiers pas à l'Assemblée mercredi, les défenseurs du texte veulent croire au succès d'une réforme « populaire ».

La commission des lois doit examiner dans la matinée une proposition de loi initialement portée par le député Sylvain Maillard, ancien président du groupe Renaissance, et chef des macronistes à Paris. Son arrivée dans l'hémicycle est prévue en début de semaine prochaine.

Le texte a le soutien du Premier ministre, à défaut de celui de Bruno Retailleau, qui se fait l'écho des sénateurs LR dont il était encore il y a peu le chef. 

Selon les promoteurs de la proposition de loi, les sénateurs LR de Paris rejettent une réforme qui fragiliserait leur réélection.

Pour l'essentiel, cette réforme prévoit de mettre en place deux scrutins distincts pour les trois métropoles : l'un pour élire les conseillers d'arrondissement ou de secteur, l'autre pour élire ceux du conseil municipal, sur une circonscription unique.

Actuellement, les électeurs votent dans chaque arrondissement pour une liste de conseillers d'arrondissement, et les élus du haut de la liste siègent à la fois au conseil d'arrondissement et au conseil municipal.

Ce mode de scrutin est décrié, car il peut aboutir à l'élection d'un maire ayant réuni une minorité de voix. De plus, l'élection se joue dans une poignée d'arrondissements clés.

Dans ces trois villes, « tout se joue sur deux ou trois arrondissements, tout le reste ça ne compte pas », ce qui conduit les maires à s'occuper « en priorité » des arrondissements qui les ont élus, explique M. Maillard à l'AFP. « On pense que c’est un problème démocratique », ajoute-t-il, en défendant le principe « un électeur, une voix », et en soulignant le soutien dont bénéficie la réforme dans l'opinion.

Le texte prévoit aussi de modifier la prime majoritaire accordée à la liste arrivée en tête, en l'abaissant à 25 % au lieu de 50 % comme c'est le cas actuellement dans l'ensemble des communes.

- LR grand perdant ? 

Mais les oppositions sont multiples, issues de la droite comme de la gauche hors LFI (le RN et les Insoumis se montrant plus enclins au changement, alors qu'ils n'ont quasiment pas d'élus dans ces villes). Les députés Léa Balage, El Mariky (EELV), Sandrine Runel (PS) et Olivier Marleix (LR) ont ainsi déposé des amendements de suppression du principal article du texte.

La porte-parole du groupe écologiste dénonce une « réforme précipitée, sources d'inégalités, de déséquilibres démocratiques et d'évidentes difficultés pratiques ».

Sur le fond, certains s'étonnent notamment qu'une réforme prétendant rapprocher le scrutin municipal des trois villes opte pour une prime majoritaire spécifique. D'autres encore craignent une dilution du rôle des arrondissements.

Sur la forme, beaucoup contestent la volonté d'appliquer le texte dès 2026, alors que le code électoral prévoit qu'on ne puisse modifier le mode de scrutin ou le périmètre des circonscriptions moins d'un an avant le premier tour d'une élection.

Désigné rapporteur du texte, le député MoDem Jean-Paul Mattei s'est efforcé de déminer le sujet en multipliant les rencontres et en proposant des amendements de réécriture avec différents scénarios.

Cet effort a contribué à décaler l'examen en commission, initialement prévu le 12 mars. Il a aussi conduit le président de la Commission des lois, Florent Boudié (Renaissance), à demander au ministère de l'Intérieur des projections sur les conséquences des modifications envisagées, en se fondant sur les résultats de 2020.

Selon ces projections consultées par l'AFP, le nombre de sièges de LR connaîtrait un très net recul, tandis que celui des macronistes augmenterait. À Paris, par exemple, la droite aurait obtenu, avec la réforme proposée par Sylvain Maillard, 34 sièges de conseillers de Paris, contre 55, et les listes conduites par Agnès Buzyn et Cédric Villani 31 sièges, au lieu de 11.

« On ne peut pas dire qu'il y ait un énorme consensus », convient M. Mattei, qui ne désespère pas cependant de parvenir à une réforme qui s'applique dès 2026.