Le prince héritier Mohammed ben Salmane a commencé sa tournée régionale par l’Égypte lundi. Le président américain Joe Biden doit se rendre en Arabie saoudite le mois prochain, où il rencontrera de nombreux dirigeants arabes. Il semble donc que certaines constantes seront définies dans le cadre des relations interarabes et des relations des pays arabes avec les autres pays du monde.
Dans un mois de tournées diplomatiques dans la région, la visite du prince héritier au Caire met en lumière une première constante, la solidité et la pérennité des relations égypto-saoudiennes. Celles-ci ont atteint le niveau d'un partenariat stratégique à la lumière des positions historiquement harmonieuses entre les deux pays et d'un destin commun qui les a réunis. Cette relation s'est renforcée ces dernières années, avec des contacts permanents et des visites fructueuses entre les dirigeants des deux pays, afin de consolider leurs relations dans divers domaines.
Ces développements importants dans les relations égypto-saoudiennes se sont produits parallèlement à un consensus clair sur diverses questions régionales et internationales. L'Égypte et l'Arabie saoudite portent le plus lourd fardeau concernant la concrétisation de la solidarité arabe et la réalisation des objectifs auxquels aspirent les peuples arabes, de l'océan Atlantique au golfe Arabique.
Par ailleurs, la visite de Biden en Arabie saoudite est considérée comme très importante pour les deux parties. Les États-Unis cherchent à régler leurs différends et à renforcer leur partenariat avec Riyad et avec tous les pays arabes en général, en particulier dans la perspective des élections de mi-mandat de novembre et d’enjeux internes. L'administration américaine est très préoccupée par tout ce qui pourrait influencer sa popularité, en raison de ses chances qui s’amenuisent de conserver une majorité au Congrès. Il est donc logique que Washington ait besoin du soutien arabe, notamment sur la question des prix du pétrole.
La rencontre de Biden avec le prince héritier sera très importante car elle viendra souligner que les deux parties ont réglé les différends qui sont récemment apparus à la suite de leurs visions divergentes sur certaines questions. Elle soulignera également la position de l'Arabie saoudite et son rôle important au niveau de la stratégie américaine dans la région, ainsi que son rôle dans les mondes arabe et islamique.
Le communiqué de l'attachée de presse de la Maison Blanche, Karine Jean-Pierre, l’a énoncé clairement, en soulignant que Biden «apprécie le leadership du roi Salmane et son invitation», ajoutant que le président américain «est enthousiaste à l’idée de cette visite importante en Arabie saoudite, qui est un partenaire stratégique des États-Unis depuis près de huit décennies».
Les États-Unis cherchent à régler leurs différends et à renforcer leur partenariat avec Riyad et avec tous les pays arabes en général.
Dr. Abdellatif El-Menawy
Toujours selon le communiqué, Biden abordera lors de sa visite un certain nombre de questions bilatérales, régionales et mondiales, notamment la situation au Yémen et son soutien à la trêve négociée par l'ONU, qui a conduit à la période la plus pacifique dans le pays depuis le déclenchement de la guerre il y a sept ans. Il discutera également des moyens d'élargir la coopération en matière de sécurité économique et régionale, notamment les nouvelles initiatives prometteuses en matière d'infrastructure et de climat, les moyens de dissuasion contre les menaces de l'Iran, ainsi que la sécurité énergétique et alimentaire mondiale. Karine Jean-Pierre a souligné que «le président a hâte de présenter sa vision positive de l'engagement américain dans la région au cours des mois et des années à venir».
Il ne fait aucun doute que la position arabe envers la guerre en Ukraine est politiquement et économiquement unique. Le bloc arabe ne s'est pas précipité derrière l'Occident pour soutenir l'Ukraine et n'a pas non plus défendu la position russe.
Les pays arabes, conduits par l'Égypte, l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, sont dans une position de non-alignement par rapport au conflit, malgré les répercussions évidentes sur l'exportation de céréales et les prix élevés des matières premières et des produits sur le marché mondial, ce qui a sans aucun doute épuisé les peuples arabes.
Par conséquent, le sommet entre les pays du Golfe, la Jordanie, l'Égypte, l'Irak et les États-Unis lors de la visite de Biden abordera sans aucun doute les prix de l'énergie et mettra en place un système pour garantir la sécurité alimentaire mondiale, compte tenu des répercussions de la guerre en Ukraine et des menaces de l'Iran.
Biden pouvait peut-être se douter que la position arabe sur cette question ne fléchirait pas avec le temps. C’est pourquoi, au cours de sa visite, il pourrait faire un nombre important de propositions avantageuses pour que les pays arabes soient plus souples. Toutefois, leur position est ferme, surtout en ce moment, car basée sur une pensée rationnelle et une prise de conscience de la situation internationale. Les pays arabes réalisent également qu’ils possèdent une richesse intérieure que d’autres non pas, et peuvent influencer le monde entier.
On pourrait également observer des développements sur la cause palestinienne. Karine Jean-Pierre a affirmé que Biden se rendra en Israël, où il discutera de la sécurité, de la prospérité et de l'intégration croissante de Tel-Aviv dans la région. Il se rendra en Cisjordanie «pour se concerter avec l'Autorité palestinienne et réitérer son ferme soutien à une solution à deux États, avec des mesures égales de sécurité, de liberté et d'opportunités pour le peuple palestinien».
Bien que la déclaration de l’attachée de presse de la Maison Blanche semble diplomatique, elle peut en réalité véhiculer un espoir clair de l'établissement de la sécurité et de la paix dans les Territoires occupés. Il pourrait y avoir un changement dans la position américaine sur la situation en Palestine, après que la crise a atteint son paroxysme sous la précédente administration américaine, qui a insisté pour déplacer son ambassade de Tel-Aviv à Jérusalem pour souligner le droit d'Israël à la ville sainte islamique. Les pays arabes se sont opposés à cette décision avec beaucoup de courage dans les forums mondiaux et les institutions internationales.
Je n'exagère pas en affirmant que la région arabe se trouve à un moment très sensible de son histoire. Le président américain, qui est le chef d'État le plus important au monde, se rend en terre arabe, après une période de réflexion et de consultations, reconnaissant la dimension et le poids des pays de cette région.
Le Dr Abdellatif El-Menawy est un journaliste multimédia, écrivain et éditorialiste de renom qui a couvert les zones de guerre et les conflits dans le monde entier. Twitter: @ALMenawy
NDLR: Les opinions exprimées par les rédacteurs dans cette section sont les leurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue d'Arab News.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com