PARIS: Le divorce semble acté entre Les Républicains et Nicolas Sarkozy, qui a reçu la rivale LREM d'une candidate LR à Paris, suscitant un déluge de réactions devant ce nouveau signe de rapprochement avec Emmanuel Macron.
Selon le quotidien Le Parisien, l'ancien président -et fondateur du parti- a reçu mercredi matin dans ses bureaux Astrid Panosyan-Bouvet, candidate dans la 4e circonscription de Paris face à la sortante LR Brigitte Kuster.
Une nouvelle très mal prise par Brigitte Kuster, qui avait soutenu Nicolas Sarkozy pendant la primaire de 2016 avant de devenir oratrice de sa campagne à Paris. D'autant qu'Astrid Panosyan est l'une des fondatrices d'En marche.
« J'ai honte pour lui devant une telle trahison », a déclaré au journal Le Figaro Mme Kuster, qui aborde le deuxième tour en ballotage défavorable. Elle a fait 28,9% au premier contre 41% à son adversaire.
L'annonce de cette rencontre a suscité un flot de réactions chez LR.
« Minable. Indigne. Traître », a aussitôt tweeté le maire LR du XVIIe arrondissement Geoffroy Boulard.
Le président de LR, Christian Jacob, a rapidement affirmé le « soutien plein et entier des Républicains à Brigitte Kuster », dans un tweet en forme de désavoeu.
« C'est incompréhensible », a affirmé jeudi sur RTL le maire de Meaux Jean-François Copé. « La politique est digne quand elle est claire », a tweeté le député Eric Ciotti.
De Michel Barnier à Rachida Dati, de nombreux ténors ont affiché leur soutien, notamment le président du Sénat Gérard Larcher (avec une vidéo) et l'ancienne candidate LR Valérie Pécresse.
Le message du sénateur Pierre Charon, proche de M. Sarkozy, n'est pas passé inaperçu : « Quand on a la chance d’avoir cette députée , ON LA GARDE », a-t-il affirmé sur Twitter.
Est-ce la goutte qui fait déborder le vase? La relation entre LR et son ancien chef s'était déjà fortement distendue lors de la campagne présidentielle puisqu'il n'a jamais apporté son soutien à Valérie Pécresse.
Il la jugeait même en privé « inexistante », ou n'ayant « rien compris à la campagne », rapportait en février Le Figaro.
Logiquement, la candidate avait refusé son don de 2 000 euros lors du Pécressethon destiné à renflouer ses comptes de campagne.
Sifflets
Côté militants, la rancoeur sourde avait éclaté au dernier meeting parisien de Mme Pécresse, où le nom de Nicolas Sarkozy avait été sifflé devant les cadres effarés.
L'ancien chef de l'Etat a depuis, deux jours après le premier tour de la présidentielle, apporté son soutien à Emmanuel Macron, avec qui il cultive depuis longtemps une relation cordiale. Les rumeurs allaient bon train sur son rôle auprès du chef de l'Etat pour lui promettre le ralliement de certains députés LR.
Finalement, très peu de Républicains sont passés dans le camp présidentiel, dont la sarkozyste Constance Le Grip dans les Hauts-de-Seine.
« Sarkozy est convaincu que si on ne se rapproche pas de Macron, on va définitivement mourir », soupirait au printemps un élu LR.
Mais « il ne s’illusionne pas sur le pouvoir de Macron par rapport aux juges », ajoutait-il, en allusion aux condamnations de l'ex-président: trois ans de prison dont un ferme dans l'affaire dite « des écoutes », et un an ferme pour le financement illégal de sa campagne présidentielle de 2012 dans le dossier Bygmalion.
Dans une interview le 10 juin, M. Sarkozy se revendiquait désormais « libre comme quelqu'un qui s'est fait seul » et l'assurait: « Je ne fais plus de politique, je n'ai plus d’obligation vis-à-vis de mon parti ».
Côté LR, les ténors ont plus ou moins ouvertement pris leurs distances.
« Aujourd’hui, nous avons des visions différentes », soupirait diplomatiquement Christian Jacob fin mai.
L'eurodéputé François-Xavier Bellamy a lui appelé Nicolas Sarkozy à la « clarté », au nom de la « loyauté ».
Mais les propos les plus durs sont venus de la jeune génération: début mai, le secrétaire général du parti Aurélien Pradié a appelé à « rompre avec le sarkozysme », et le député Pierre-Henri Dumont à « tourner la page de la génération Sarkozy ».