BEERSHEVA: Après six ans de procédures, l'ex-directeur palestinien de l'ONG World Vision à Gaza, Mohammed Halabi, a été reconnu coupable mercredi par un tribunal israélien de détournement de fonds au profit du Hamas, un verdict aussitôt qualifié de « politique » par ses avocats.
L'Etat hébreu accuse M. Halabi d'avoir détourné des dizaines de millions de dollars au profit du Hamas, mouvement islamiste armé au pouvoir dans cette enclave palestinienne. M. Halabi avait, lui, plaidé non coupable à l'ensemble des charges retenues contre lui.
Après son arrestation en juin 2016, l'Australie, qui avait donné des millions de dollars pour des oeuvres caritatives dans les Territoires palestiniens, notamment pour World Vision (organisation caritative américaine) avait annoncé l'interruption de son financement des programmes dans la bande de Gaza et l'ouverture d'une enquête. Celle-ci avait conclu que rien ne suggérait un détournement de fonds.
Une autre enquête commandée par l'ONG World Vision avait conclu en 2017 qu'il n'y avait aucune preuve de détournement de fonds ou d'appartenance au Hamas.
Mais après des années de procédures judiciaires secrètes, Israël évoquant des raisons de sécurité, le tribunal du district de Beershava (sud) a reconnu coupable M. Halabi d'appartenance à un groupe terroriste, le Hamas, de financement d'activité terroristes, et d'avoir « transmis des informations à l'ennemi », selon le jugement consulté sur place par l'AFP.
« Les charges contre l'accusé pointent un large soutien financier et le partage d'informations avec le Hamas », poursuit le jugement.
La décision « n'a rien à voir avec les faits, elle est totalement politique », a dénoncé Maher Hanna, l'avocat de M. Halabi, qui a annoncé son intention d'interjeter appel.
Le Haut-commissariat des droits de l'Homme de l'ONU a fait part mardi soir de ses « graves préoccupations », notamment concernant le « manque de preuves ».
« Qu'importe le verdict qui sera rendu demain (mercredi), le bureau de l'ONU pour les droits de l'Homme réitère ses inquiétudes sur le fait que les normes internationales pour un procès équitable n'ont pas été respectées dans cette affaire, notamment sur la période de détention considérablement prolongée ce qui a peut-être déjà fait de la détention de M. Halabi une détention arbitraire », a-t-il ajouté.
World Vision se présente comme l'une des plus importantes organisations humanitaires avec plus de 40 000 employés dans près de 100 pays et se consacre notamment au parrainage d'enfants.