ANKARA : Des centaines de personnes se sont rassemblées mardi devant le Conseil d'Etat à Ankara qui débattait du retrait de la Turquie d'un traité international protégeant les droits des femmes.
Des représentants des barreaux de différentes villes du pays, de nombreuses associations féministes et autres défenseurs des droits de l'homme ont réclamé une nouvelle fois l'annulation du retrait de la Turquie de la Convention d'Istanbul, décidé par le président turc Recep Tayyip Erdogan en 2021.
"Nous ne renonçons pas car nous avons raison!", "La Convention d'Istanbul fait vivre les femmes!" ont lancé les manifestants agitant des bannières violettes, la couleur du mouvement féministe en Turquie.
De nombreux groupes, dont des partis politiques et des ONG de défense des droits, ont saisi le Conseil d'Etat demandant l'annulation de la décision de retrait de la Convention d'Istanbul, qui établit un cadre légal et institutionnel pour lutter contre les violences sexistes.
Le gouvernement turc avait justifié sa décision d'abandonner le traité en lui reprochant d'encourager l'homosexualité et de menacer la structure familiale traditionnelle.
"Le retrait de la Turquie de cette convention est contraire aux droits humains fondamentaux et à la démocratie. Nous le disons au Conseil d'État aujourd'hui", a affirmé Yelda Kocak, avocate, membre de la Plateforme des femmes pour l'égalité.
"Depuis des semaines, toutes les couches de la société nous disent pourquoi il est urgent de revenir à la Convention. Aujourd'hui, nous essaierons d'expliquer ce que la Convention signifie pour nous devant le Conseil d'Etat", a indiqué de son côté Banu Tuna, présidente de la branche d'Istanbul du Syndicat des journalistes de Turquie.
Des défenseurs des droits des femmes estiment que le retrait de la Turquie de la Convention d'Istanbul a rendu les femmes turques plus vulnérables face aux violences dont elles sont victimes.
Selon la plateforme "We Will Stop Feminicide", 166 femmes ont été tuées depuis le début de cette année en Turquie, dont la majorité par des membres de leur famille.
Le décompte des victimes de féminicides l'an dernier s'est élevé à 423.
Au Conseil d'Etat, l'audience était toujours en cours mardi après-midi.