PARIS: La famille de Rayana, passagère de 21 ans tuée samedi à Paris par des tirs de policiers sur une voiture dont le conducteur est soupçonné d'avoir foncé sur eux, va porter plainte contre le conducteur et les policiers, a annoncé mercredi son avocate.
Me Sylvie Noachovitch a confirmé à l'AFP son intention de déposer plainte au nom de la famille, annoncée sur RTL.
"La famille va déposer plainte dès ce jour (mercredi) contre le conducteur du chef d'homicide involontaire, car en refusant d'obtempérer alors que les passagers le suppliaient de s'arrêter, il a commis une violation délibérée aux règles de prudence et de sécurité et a causé la mort de cette jeune fille", a-t-elle dit.
Me Noachovitch a précisé que Rayana, "sans casier judiciaire, ne connaissait pas le conducteur (...) Ils se sont rencontrés dans la boîte de nuit".
Selon elle, le conducteur "a proposé de ramener les trois passagers (...) Cet homme a refusé d'obtempérer à deux reprises. Les policiers vont tirer la deuxième fois, lorsque cet homme à nouveau n'a pas voulu obtempérer parce qu'il s'est retrouvé avec la vitre brisée, également il a été braqué".
Rayana "n'a jamais approuvé toutes ses fuites, à chaque fois elle hurlait dans la cabine de la voiture, comme les autres passagers, pour qu'ils sortent de la voiture et cet homme ne répondait pas. Il est en premier responsable de cette mort", a estimé l'avocate.
La famille va également déposer une plainte contre X visant les policiers, "pour violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner et homicide involontaire également car, selon la version de plusieurs témoins, il n'y avait plus de danger pour leur vie au moment du tir" des policiers, a ajouté Me Noachovitch.
Pour le conseil, "la légitime défense ne peut être invoquée" par ces fonctionnaires.
"On ne comprend pas pourquoi on a tiré six coups de feu devant la passagère, pourquoi elle s'est retrouvée avec une balle dans la tête, tout ça devrait être expliqué avec une autopsie", a-t-elle ajouté, évoquant aussi l'existence de "vidéos" des faits et de "témoins" qui accréditeraient des fautes imputables aux policiers.
Marie Violleau, avocate d'Inès, passagère à l'arrière du véhicule, a indiqué mercredi sur BFMTV que sa cliente était "profondément choquée" par ce qu'elle a vécu.
"On se constitue partie civile car on veut faire partie de cette procédure et on veut être proactifs", a-t-elle annoncé.
Mais la responsabilité du conducteur, "c'est pas notre sujet" ni "le sujet principal", a ajouté Me Violleau, excluant une plainte le visant, et pointant du doigt "les tirs des policiers".
Les trois policiers sont ressortis libres mardi de garde à vue, sans poursuites judiciaires à ce stade. Une information judiciaire a été ouverte et confiée à un juge d'instruction, pour retracer précisément le déroulement des faits.
Le conducteur est en garde à vue depuis mardi, celle-ci a été prolongée mercredi, selon une source proche du dossier.