CHENNAI: Un film à suspense explosif qui mêle enquête policière et éléments de science-fiction et de surnaturel, Ashkal, a été présenté à la Quinzaine des réalisateurs lors de la dernière édition du Festival de Cannes. C’est le premier long-métrage du réalisateur tunisien Youssef Chebbi, qui était jusqu’ici davantage connu pour ses courts-métrages – l’un d’entre eux aborde la traite des êtres humains – et son documentaire primé, Babylon.
Dans Ashkal, film à suspense se déroulant dans un monde mystérieux, il semble que l'auteur ait utilisé son expérience antérieure des courts-métrage.
Le film se déroule dans les jardins de Carthage, au nord de Tunis, juste après le Printemps arabe. C'est dans ce décor inquiétant que Chebbi met en scène des meurtres mystérieux. La construction du site avait été interrompue après l'éviction du président tunisien, Zine el-Abidine ben Ali, face aux manifestations de colère. Quel meilleur cadre choisir pour installer une atmosphère poisseuse, dans une banlieue sinistre avec des immeubles à moitié finis?
Un horrible corps brûlé est retrouvé sur un chantier inachevé, amenant la police à se demander s'il s'agit d'un meurtre ou d'un suicide par immolation. Deux détectives, Fatma (Fatma Oussaifi) et Batal (Mohammed Houcine Grayaa), sont chargés de résoudre ce mystère, mais un autre corps brûlé est découvert avant qu'ils ne puissent en démêler l’écheveau. La chasse au tueur est lancée, mais il semble que l'agresseur ait toujours une longueur d'avance alors que l'atmosphère est de plus en plus tendue et qu'un sentiment de violence écoeurant s'infiltre dans le psychisme des personnages. En toile de fond, la Commission Vérité et Dignité cherche à lutter contre la corruption policière et à obtenir justice pour les victimes de torture d'État.
Le film se passant de nuit, le directeur de la photographie Hazem Berrabah a réussi à l’imprégner d’un écrasant sentiment de mélancolie. C'est dans cet esprit qu’Ashkal devient un peu étrange dans ce troisième acte, passant de la police scientifique au surnaturel. Là, il semble tâtonner et s'égarer, terminant sans explication plausible pour son étrange parcours hors normes. Cependant, le travail de caméra ainsi que l'éclairage de Berrabah recréent magnifiquement l'ambiance et le cadre mélancoliques, jouant entre ombre et pénombre de manière troublante.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com