PARIS: De violents orages ont traversé la France samedi, faisant une victime à Rouen et conduisant à la mise à l'abri de scouts qui campaient, mais cette activité orageuse va diminuer dimanche selon Météo-France qui a levé la vigilance orange pour les 25 derniers départements concernés.
Plus de 15.000 foyers étaient encore privés d'électricité dimanche matin, au lendemain des violents orages qui ont traversé la France et fait un mort à Rouen et quinze blessés dans l'ensemble du pays, dont deux graves.
«Il y a eu 15 blessés dont deux graves et une personne décédée à Rouen», a annoncé le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, en dressant le bilan de ce phénomène météorologique inhabituel, qui a provoqué de nombreuses perturbations dans les transports et d'importants dégâts agricoles.
A Rouen, où certaines rues ont été transformées en torrent par la violence des orages, une femme d'une trentaine d'années est morte coincée sous une voiture après avoir été emportée par les eaux, a-t-on appris auprès du cabinet du maire de la ville normande.
"Elle a été retrouvée mais elle est décédée", a précisé la même source. Un peu plus tôt, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin avait fait état d'une "femme disparue à Rouen" sur Twitter.
Météo-France a levé dimanche matin la vigilance orange "Orages" pour les 25 départements qui restaient concernés, principalement situés dans le quart nord-est de la France. Plus tôt dans la nuit l'organisme de prévisions météorologiques avait levé cette vigilance pour le Nord, le Pas-de-Calais et la Seine-et-Marne.
Dans l'Yonne, près d'Avallon, les rafales de vent ont dépassé les 100 km/h et il est tombé plus de 30 mm d'eau en 12 minutes à Dornes, dans le sud de la Nièvre, selon Météo-France.
L'activité électrique a été très intense, totalisant environ 50 000 impacts de foudre en 24h00, relève Météo-France.
Dans les Landes et le Gers, des grêlons de plusieurs centimètres sont tombés sur une partie du vignoble d'Armagnac, ont indiqué à l'AFP des viticulteurs et responsables locaux.
"Ce couloir de grêle a suivi toute la frontière lando-gersoise et on estime entre 4 à 5 000 le nombre d'hectares de vignes touchés et à plusieurs dizaines de milliers d'hectares les cultures impactées dans le Gers", a affirmé le président de la Chambre d'agriculture départementale Bernard Malabirade.
"A Montréal-du-Gers, on a eu des grêlons plus gros qu'une balle de golf!", selon le directeur de l'interprofession de l'Armagnac, Olivier Goujon.
Au Frêche (Landes), la viticultrice Nelly Lacave a retrouvé ses 8,5 hectares de vignes "hachés". "Dans les vignes, il n'y a plus rien, le toit de notre bâtiment agricole est un gruyère géant et dans la maison, des vitres ont pété. Mon père qui a bientôt 70 ans n'a jamais vu ça", a-t-elle confié à l'AFP.
Non loin de là, à Labastide-d'Armagnac (Landes), le maire Alain Gaube pense avoir "perdu entre 70 et 90% de (s)es vignes". "Par terre, il y a une grande partie des feuilles et des raisins. Les raisins qu'il reste (sur la vigne) sont déjà marron, ils sont morts", déplore-t-il.
Si aucun blessé n'est à déplorer dans les Landes, 4.500 foyers ont été privés d'électricité.
La Première ministre Elisabeth Borne a promis dans la soirée que le gouvernement serait "là pour les territoires touchés", se tournant vers les "victimes des intempéries qui frappent tout le pays et vers les équipes de secours qui ont mené des centaines d'interventions".
- Sous les tentes-
De fait, les éclairs ont illuminé le ciel aussi bien en Bretagne qu'en Centre-Val de Loire, Normandie ou Ile-de-France. Des photographes amateurs ont posté sur les réseaux des images du sommet de la Tour Eiffel frappée par la foudre.
"Les services de l'Etat et les moyens de la @SecCivileFrance sont mobilisés, prêts à intervenir", a tweeté Gérald Darmanin, invitant la population "à suivre les conseils des autorités et à rester très vigilante".
A Vincennes, à l'est de Paris, le festival de musique We love green a dû s'interrompre car "les conditions ne sont agréables ni pour le public ni pour les artistes", a annoncé un speaker sur scène, selon une journaliste de l'AFP.
Sur le Domaine national de Chambord (Loir-et-Cher), 30.000 scouts unitaires de France réunis à l'occasion du week-end de la Pentecôte ont dû être mis à l'abri, dont un tiers à l'intérieur du château lui-même.
"L'orage est passé vers 16H30. Ca a duré quelques minutes mais c'était relativement fort et un coup de vent a fait tomber les tentes des louveteaux", a expliqué à l'AFP Damien Tardy, chargé des relations presse du mouvement.
"Dix mille jeunes, âgés de 8 à 12 ans, ont été mis à l'abri dans le château en coopération avec la préfecture", les plus âgés "dans une plaine en pente", selon lui.
Loin de cette supercellule orageuse, la Corse a elle vu le mercure s'envoler: un record de chaleur pour un mois de juin a été enregistré au Cap Corse, dans le nord de l'île, avec 37,4 degrés, selon Météo-France.
Grêle: «une vraie catastrophe» pour l'agriculture, selon la FNSEA
L'orage intense qui a traversé la France a été une «vraie catastrophe» pour l'agriculture, la grêle ayant touché aussi bien des vignes, des cultures de céréales que des bâtiments, a déclaré dimanche la présidente de la FNSEA, Christiane Lambert.
«Des viticulteurs ont une vigne totalement hachée», tandis que les intempéries ont touché «aussi du blé, de l'orge», et que l'on compte également «des dégâts sur les bâtiments, des toitures totalement percées», a indiqué la responsable du principal syndicat agricole français.
Les dégâts ont été relevés à travers la France, avec «plus de 40 départements touchés par la grêle», a-t-elle ajouté. «C'est une vraie catastrophe».
Les dégâts vont de la Bretagne au Gers et aux Landes en passant par l'Indre-et-Loire ou encore l'Allier, a-t-elle noté.
Les violents orages qui ont traversé la France samedi ont fait un mort à Rouen et quinze blessés dans l'ensemble de l'Hexagone, dont deux graves.
Le vent a soufflé à plus de 100 km/h par endroits, par exemple 103 km/h à Saint-André-en-Terre-Plaine dans l'Yonne, selon Météo-France.
Dans certaines communes, il est tombé l'équivalent d'un mois de juin normal de pluie en seulement 12 heures: par exemple 74 mm à Saint-Yan en Saône-et-Loire, ou Donnemarie-Dontilly en Seine-et-Marne, selon Météo-France.
Les départements les plus foudroyés ont été l'Allier, l'Aveyron et la Saône-et-Loire.
Pour les agriculteurs, le fléau de la grêle s'ajoute à d'autres difficultés rencontrées ces dernières semaines, après un mois de mai classé comme le plus chaud et sec jamais enregistré en France, un épisode de chaleur inhabituel rendu plus probable avec le changement climatique. Le lien entre orages et dérèglement du climat reste en revanche incertain.
«C'est l'année des superlatifs: la plus chaude, la plus sèche et maintenant avec le plus de grêle», a déploré Christiane Lambert. «L'accumulation, la multiplication et même l'addition de ces événements climatiques est déconcertante».
Les filets anti-grêle sont impuissants face aux intempéries très intenses comme la France vient d'en connaître, a-t-elle aussi relevé. «Quand il s'agit de grêlons gros comme des balles de ping-pong ou de tennis, même les toits en tôle des bâtiments sont percés. Donc il n'y a pas de protection possible».
«Nous allons étudier, département par département, là où il faut déclencher le dispositif de calamité agricole, et nous le ferons au plus vite», a promis dimanche Bruno Le Maire, ministre de l'Economie, sur CNews.