La France touchée par de violents orages, une victime à Rouen

Cette photographie prise près de Sublaines, dans le centre de la France, le 3 juin 2022 montre une cellule orageuse au-dessus d'un champ (Photo, AFP).
Cette photographie prise près de Sublaines, dans le centre de la France, le 3 juin 2022 montre une cellule orageuse au-dessus d'un champ (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 05 juin 2022

La France touchée par de violents orages, une victime à Rouen

  • A Rouen, où certaines rues ont été transformées en torrent par la violence des orages, une femme d'une trentaine d'années est morte coincée sous une voiture après avoir été emportée par les eaux
  • Météo-France a levé dimanche matin la vigilance orange «Orages» pour les 25 départements qui restaient concernés, principalement situés dans le quart nord-est de la France

PARIS: De violents orages ont traversé la France samedi, faisant une victime à Rouen et conduisant à la mise à l'abri de scouts qui campaient, mais cette activité orageuse va diminuer dimanche selon Météo-France qui a levé la vigilance orange pour les 25 derniers départements concernés.

Plus de 15.000 foyers étaient encore privés d'électricité dimanche matin, au lendemain des violents orages qui ont traversé la France et fait un mort à Rouen et quinze blessés dans l'ensemble du pays, dont deux graves.

«Il y a eu 15 blessés dont deux graves et une personne décédée à Rouen», a annoncé le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, en dressant le bilan de ce phénomène météorologique inhabituel, qui a provoqué de nombreuses perturbations dans les transports et d'importants dégâts agricoles.

A Rouen, où certaines rues ont été transformées en torrent par la violence des orages, une femme d'une trentaine d'années est morte coincée sous une voiture après avoir été emportée par les eaux, a-t-on appris auprès du cabinet du maire de la ville normande.

"Elle a été retrouvée mais elle est décédée", a précisé la même source. Un peu plus tôt, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin avait fait état d'une "femme disparue à Rouen" sur Twitter.

Des scouts sortent du Château de Chambord après s'y être abrités lors de la tempête du 4 juin 2022. (AFP)
Des scouts sortent du Château de Chambord après s'y être abrités lors de la tempête du 4 juin 2022. (AFP)

Météo-France a levé dimanche matin la vigilance orange "Orages" pour les 25 départements qui restaient concernés, principalement situés dans le quart nord-est de la France. Plus tôt dans la nuit l'organisme de prévisions météorologiques avait levé cette vigilance pour le Nord, le Pas-de-Calais et la Seine-et-Marne.

Dans l'Yonne, près d'Avallon, les rafales de vent ont dépassé les 100 km/h et il est tombé plus de 30 mm d'eau en 12 minutes à Dornes, dans le sud de la Nièvre, selon Météo-France.

L'activité électrique a été très intense, totalisant environ 50 000 impacts de foudre en 24h00, relève Météo-France.

Dans les Landes et le Gers, des grêlons de plusieurs centimètres sont tombés sur une partie du vignoble d'Armagnac, ont indiqué à l'AFP des viticulteurs et responsables locaux.

"Ce couloir de grêle a suivi toute la frontière lando-gersoise et on estime entre 4 à 5 000 le nombre d'hectares de vignes touchés et à plusieurs dizaines de milliers d'hectares les cultures impactées dans le Gers", a affirmé le président de la Chambre d'agriculture départementale Bernard Malabirade.

"A Montréal-du-Gers, on a eu des grêlons plus gros qu'une balle de golf!", selon le directeur de l'interprofession de l'Armagnac, Olivier Goujon.

Au Frêche (Landes), la viticultrice Nelly Lacave a retrouvé ses 8,5 hectares de vignes "hachés". "Dans les vignes, il n'y a plus rien, le toit de notre bâtiment agricole est un gruyère géant et dans la maison, des vitres ont pété. Mon père qui a bientôt 70 ans n'a jamais vu ça", a-t-elle confié à l'AFP.

Non loin de là, à Labastide-d'Armagnac (Landes), le maire Alain Gaube pense avoir "perdu entre 70 et 90% de (s)es vignes". "Par terre, il y a une grande partie des feuilles et des raisins. Les raisins qu'il reste (sur la vigne) sont déjà marron, ils sont morts", déplore-t-il.

Si aucun blessé n'est à déplorer dans les Landes, 4.500 foyers ont été privés d'électricité.

La Première ministre Elisabeth Borne a promis dans la soirée que le gouvernement serait "là pour les territoires touchés", se tournant vers les "victimes des intempéries qui frappent tout le pays et vers les équipes de secours qui ont mené des centaines d'interventions".

- Sous les tentes-

De fait, les éclairs ont illuminé le ciel aussi bien en Bretagne qu'en Centre-Val de Loire, Normandie ou Ile-de-France. Des photographes amateurs ont posté sur les réseaux des images du sommet de la Tour Eiffel frappée par la foudre.

"Les services de l'Etat et les moyens de la @SecCivileFrance sont mobilisés, prêts à intervenir", a tweeté Gérald Darmanin, invitant la population "à suivre les conseils des autorités et à rester très vigilante".

A Vincennes, à l'est de Paris, le festival de musique We love green a dû s'interrompre car "les conditions ne sont agréables ni pour le public ni pour les artistes", a annoncé un speaker sur scène, selon une journaliste de l'AFP.

Sur le Domaine national de Chambord (Loir-et-Cher), 30.000 scouts unitaires de France réunis à l'occasion du week-end de la Pentecôte ont dû être mis à l'abri, dont un tiers à l'intérieur du château lui-même.

"L'orage est passé vers 16H30. Ca a duré quelques minutes mais c'était relativement fort et un coup de vent a fait tomber les tentes des louveteaux", a expliqué à l'AFP Damien Tardy, chargé des relations presse du mouvement.

"Dix mille jeunes, âgés de 8 à 12 ans, ont été mis à l'abri dans le château en coopération avec la préfecture", les plus âgés "dans une plaine en pente", selon lui.

Loin de cette supercellule orageuse, la Corse a elle vu le mercure s'envoler: un record de chaleur pour un mois de juin a été enregistré au Cap Corse, dans le nord de l'île, avec 37,4 degrés, selon Météo-France.

Grêle: «une vraie catastrophe» pour l'agriculture, selon la FNSEA

L'orage intense qui a traversé la France a été une «vraie catastrophe» pour l'agriculture, la grêle ayant touché aussi bien des vignes, des cultures de céréales que des bâtiments, a déclaré dimanche la présidente de la FNSEA, Christiane Lambert.

«Des viticulteurs ont une vigne totalement hachée», tandis que les intempéries ont touché «aussi du blé, de l'orge», et que l'on compte également «des dégâts sur les bâtiments, des toitures totalement percées», a indiqué la responsable du principal syndicat agricole français.

Les dégâts ont été relevés à travers la France, avec «plus de 40 départements touchés par la grêle», a-t-elle ajouté. «C'est une vraie catastrophe».

Les dégâts vont de la Bretagne au Gers et aux Landes en passant par l'Indre-et-Loire ou encore l'Allier, a-t-elle noté.

Les violents orages qui ont traversé la France samedi ont fait un mort à Rouen et quinze blessés dans l'ensemble de l'Hexagone, dont deux graves.

Le vent a soufflé à plus de 100 km/h par endroits, par exemple 103 km/h à Saint-André-en-Terre-Plaine dans l'Yonne, selon Météo-France.

Dans certaines communes, il est tombé l'équivalent d'un mois de juin normal de pluie en seulement 12 heures: par exemple 74 mm à Saint-Yan en Saône-et-Loire, ou Donnemarie-Dontilly en Seine-et-Marne, selon Météo-France.

Les départements les plus foudroyés ont été l'Allier, l'Aveyron et la Saône-et-Loire.

Pour les agriculteurs, le fléau de la grêle s'ajoute à d'autres difficultés rencontrées ces dernières semaines, après un mois de mai classé comme le plus chaud et sec jamais enregistré en France, un épisode de chaleur inhabituel rendu plus probable avec le changement climatique. Le lien entre orages et dérèglement du climat reste en revanche incertain.

«C'est l'année des superlatifs: la plus chaude, la plus sèche et maintenant avec le plus de grêle», a déploré Christiane Lambert. «L'accumulation, la multiplication et même l'addition de ces événements climatiques est déconcertante».

Les filets anti-grêle sont impuissants face aux intempéries très intenses comme la France vient d'en connaître, a-t-elle aussi relevé. «Quand il s'agit de grêlons gros comme des balles de ping-pong ou de tennis, même les toits en tôle des bâtiments sont percés. Donc il n'y a pas de protection possible».

«Nous allons étudier, département par département, là où il faut déclencher le dispositif de calamité agricole, et nous le ferons au plus vite», a promis dimanche Bruno Le Maire, ministre de l'Economie, sur CNews.


Agriculteurs: la Coordination rurale bloque toujours le port de Bordeaux

 La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'Agriculture visite une exploitation dans le Pas-de-Calais. (AFP)
La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'Agriculture visite une exploitation dans le Pas-de-Calais. (AFP)
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  • La ministre Annie Genevard est arrivée peu avant 10H30 dans une exploitation d'endives à La Couture, première étape de son déplacement dans le Pas-de-Calais, sans s'exprimer immédiatement auprès de la presse sur place
  • Les panneaux d'entrée et de sortie du village et des alentours étaient barrés d'autocollants "Paraguay", "Brésil" ou "Argentine", en référence à l'accord de libre-échange UE-Mercosur en négociation avec ces pays d'Amérique latine

BORDEAUX: La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'Agriculture visite une exploitation dans le Pas-de-Calais.

La ministre Annie Genevard est arrivée peu avant 10H30 dans une exploitation d'endives à La Couture, première étape de son déplacement dans le Pas-de-Calais, sans s'exprimer immédiatement auprès de la presse sur place.

Les panneaux d'entrée et de sortie du village et des alentours étaient barrés d'autocollants "Paraguay", "Brésil" ou "Argentine", en référence à l'accord de libre-échange UE-Mercosur en négociation avec ces pays d'Amérique latine et auquel les agriculteurs comme la classe politique française s'opposent.

Il s'agit de la première visite de la ministre sur le terrain depuis le retour des paysans dans la rue, une mobilisation surtout marquée en fin de semaine par les actions des bonnets jaunes de la Coordination rurale.

A Bordeaux, ils bloquent ainsi les accès au port et au dépôt pétrolier DPA: des pneus, des câbles et un tracteur entravent l'entrée du site.

Sous une pluie battante, les agriculteurs s'abritent autour d'un feu et de deux barnums tanguant avec le vent. Une file de camions bloqués dont des camions citernes s'allonge aux abords.

Les manifestants ont tenté dans la matinée de joindre Annie Genevard, sans succès.

"On bloque tant que Mme Genevard et M. Barnier [Michel Barnier, Premier ministre] ne mettent pas en place des solutions pour la profession. Des choses structurelles, (...), on ne veut pas un peu d'argent aujourd'hui pour rentrer dans nos fermes, on veut des réformes pour vivre, avoir un salaire décent", a déclaré à l'AFP Aurélie Armand, directrice de la CR du Lot-et-Garonne.

"Le temps est avec nous parce que quand il pleut on ne peut pas travailler dans les fermes, donc c'est très bien", a-t-elle lancé, alors qu'une pluie battante balaye la Gironde avec le passage de la tempête Caetano.

Plus au sud, dans les Landes, des agriculteurs de la CR40 occupent toujours une centrale d'achat Leclerc à Mont-de-Marsan mais les autorités leur ont donné jusqu'à vendredi inclus pour libérer les lieux, a-t-on appris auprès de la préfecture.

Tassement du mouvement, avant une reprise 

La préfète du département a par ailleurs condamné "les dégradations commises par des membres de la Coordination rurale" mercredi soir sur des sites de la Mutualité sociale agricole (MSA), visée par des dépôts sauvages, et de la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM), ciblée par un incendie "volontairement déclenché" dans son enceinte.

Sur Europe1/Cnews, le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a redit que les agriculteurs avaient "parfaitement le droit de manifester", mais qu'il y avait "des lignes rouges" à ne pas dépasser: "pas d'enkystement", "pas de blocage".

A l'autre bout de la France, à Strasbourg, des membres de la CR se sont installés dans le centre avec une dizaine de tracteurs pour y distribuer 600 kilos de pommes aux passants.

"Nous, on propose un pacte avec le consommateur, c'est-à-dire lui fournir une alimentation de qualité en quantité suffisante et en contrepartie, le consommateur nous paye un prix correct", a souligné le président de la CR départementale, Paul Fritsch.

Les autorités constatent une "légère baisse" de la mobilisation à l'échelle du pays par rapport au début de la semaine, quand les syndicats majoritaires FNSEA et JA étaient aussi sur le terrain.

Ce nouvel épisode de manifestations agricoles intervient à quelques semaines d'élections professionnelles. La CR, qui préside aujourd'hui trois chambres d'agriculture, espère à cette occasion briser l'hégémonie de l'alliance FNSEA-JA et ravir "15 à 20 chambres" supplémentaires.

Le président de la FNSEA Arnaud Rousseau a annoncé mercredi que les prochaines manifestations emmenées par ses membres auraient lieu la semaine prochaine, "mardi, mercredi et jeudi", "pour dénoncer les entraves à l'agriculture".

FNSEA et JA avaient prévenu qu'ils se mobiliseraient jusqu'à la mi-décembre contre l'accord le Mercosur, contre les normes selon eux excessives et pour un meilleur revenu.

Troisième syndicat représentatif, la Confédération paysanne organise aussi des actions ponctuelles, contre les traités de libre-échange ou les installations énergétiques sur les terres agricoles.


Les députés approuvent en commission l'abrogation de la réforme des retraites

L'ancien Premier ministre français Elisabeth Borne arrive pour son audition devant une mission d'information du Sénat français sur la dégradation des finances publiques de la France depuis 2023 au Sénat français à Paris le 15 novembre 2024. (Photo / AFP)
L'ancien Premier ministre français Elisabeth Borne arrive pour son audition devant une mission d'information du Sénat français sur la dégradation des finances publiques de la France depuis 2023 au Sénat français à Paris le 15 novembre 2024. (Photo / AFP)
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  • La réforme, adoptée en 2023 sous le gouvernement d'Élisabeth Borne, était « injuste démocratiquement et socialement, et inefficace économiquement », a plaidé le rapporteur (LFI) du texte, Ugo Bernalicis.
  • La proposition de loi approuvée mercredi touche non seulement à l'âge de départ (c'est-à-dire à la réforme Borne), mais également à la durée de cotisation.

PARIS : La gauche a remporté mercredi une première victoire dans son offensive pour abroger la très décriée réforme des retraites : sa proposition de ramener l'âge de départ de 64 à 62 ans a été adoptée en commission des Affaires sociales, avant son arrivée dans l'hémicycle le 28 novembre.

Le texte, présenté par le groupe LFI dans le cadre de sa niche parlementaire, a été approuvé par 35 voix (celles de la gauche et du Rassemblement national), contre 16 (venues des rangs du centre et de la droite).

La réforme, adoptée en 2023 sous le gouvernement d'Élisabeth Borne, était « injuste démocratiquement et socialement, et inefficace économiquement », a plaidé le rapporteur (LFI) du texte, Ugo Bernalicis.

Le Rassemblement national, qui avait présenté une proposition similaire fin octobre, mais que la gauche n'avait pas soutenue, a voté pour le texte de La France insoumise. « C'est le même que le nôtre et nous, nous ne sommes pas sectaires », a argumenté le député Thomas Ménagé.

La proposition de loi approuvée mercredi touche non seulement à l'âge de départ (c'est-à-dire à la réforme Borne), mais également à la durée de cotisation : celle-ci est ramenée de 43 à 42 annuités, ce qui revient à abroger également la réforme portée en 2013 par la ministre socialiste Marisol Touraine pendant le quinquennat de François Hollande.

Un amendement, présenté par les centristes du groupe Liot pour préserver la réforme Touraine, a été rejeté. Les socialistes, qui auraient préféré conserver cette réforme de 2013, ont décidé d'approuver le texte global malgré tout.

La gauche affirme qu'elle est en mesure de porter sa proposition d'abrogation jusqu'au bout : après l'examen du texte dans l'hémicycle la semaine prochaine, elle a déjà prévu de l'inscrire à l'ordre du jour du Sénat le 23 janvier, à l'occasion d'une niche communiste, puis en deuxième lecture à l'Assemblée nationale le 6 février, cette fois dans un créneau dédié aux écologistes.

Les représentants de la coalition gouvernementale ont mis en garde contre un texte « pas sérieux » ou « irresponsable ».

« Il faut être honnête vis-à-vis des Français : si cette réforme des retraites est abrogée, certes ils pourront partir à 60 ans, mais avec une retraite beaucoup plus basse », a ainsi argumenté la députée macroniste Stéphanie Rist.


Censure du gouvernement : Le Pen fait monter la pression avant sa rencontre avec Barnier

Depuis quelques jours, les responsables du Rassemblement national brandissent plus fortement la menace de la censure tout en assurant que cela n'a rien à avoir avec les réquisitions du parquet dans l'affaire des assistants parlementaires au Parlement européen. (Photo RTL)
Depuis quelques jours, les responsables du Rassemblement national brandissent plus fortement la menace de la censure tout en assurant que cela n'a rien à avoir avec les réquisitions du parquet dans l'affaire des assistants parlementaires au Parlement européen. (Photo RTL)
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  • "Nous n'accepterons pas que le pouvoir d'achat des Français soit encore amputé. C'est une ligne rouge. Si cette ligne rouge est dépassée, nous voterons la censure"
  • Le vote de cette motion de censure interviendrait alors dans la deuxième quinzaine de décembre lorsque le gouvernement aura recours à l'article 49.3 de la Constitution, comme c'est probable faute de majorité, pour faire adopter sans vote le budget

PARIS: Marine Le Pen fait monter la pression sur Michel Barnier, avant leur rencontre lundi à Matignon : elle assure que son parti n'hésitera pas à censurer le gouvernement à la veille de Noël si "le pouvoir d'achat des Français est amputé" dans le projet de budget 2025.

"Nous n'accepterons pas que le pouvoir d'achat des Français soit encore amputé. C'est une ligne rouge. Si cette ligne rouge est dépassée, nous voterons la censure", a affirmé mercredi la cheffe de file des députés du Rassemblement national sur RTL.

Le vote de cette motion de censure interviendrait alors dans la deuxième quinzaine de décembre lorsque le gouvernement aura recours à l'article 49.3 de la Constitution, comme c'est probable faute de majorité, pour faire adopter sans vote le budget de l'Etat.

Si le RN et la gauche votaient conjointement cette motion alors la coalition Barnier, fragile attelage entre LR et la macronie, serait renversée et le projet de budget rejeté.

Si elle n'a pas détaillé la liste précise de ses revendications, Marine Le Pen a en particulier jugé "inadmissible" la hausse envisagée par le gouvernement pour dégager trois milliards d'euros des taxes sur l'électricité, une mesure toutefois supprimée par l'Assemblée nationale en première lecture.

"Taper sur les retraités, c'est inadmissible", a-t-elle aussi affirmé, insatisfaite du compromis annoncé par le LR Laurent Wauquiez. Celui-ci prévoit d'augmenter les retraites de la moitié de l'inflation au 1er janvier, puis d'une deuxième moitié au 1er juillet pour les seules pensions sous le Smic.

Depuis quelques jours, les responsables du Rassemblement national brandissent plus fortement la menace de la censure tout en assurant que cela n'a rien à avoir avec les réquisitions du parquet dans l'affaire des assistants parlementaires au Parlement européen. Si elles étaient suivies, celles-ci pourraient empêcher Mme Le Pen de participer à une quatrième élection présidentielle.

Face à cette menace de censure, Michel Barnier va recevoir en début de semaine prochaine, un par un, l'ensemble des présidents de groupes parlementaires, à commencer par Marine Le Pen dès lundi matin.

Ce premier tête à tête, depuis son entrée à Matignon, suffira-t-il ?

"Et-ce que M. Barnier va respecter l’engagement qu’il a pris, que les groupes d’opposition puissent reconnaître dans son budget des éléments qui leur paraissent essentiels ?", s'est interrogée la cheffe de file des députés RN.

Les demandes de notre parti étaient "de ne pas alourdir la fiscalité sur les particuliers, de ne pas alourdir sur les entrepreneurs, de ne pas faire payer les retraités, de faire des économies structurelles sur les dépenses de fonctionnement de l'Etat", a-t-elle récapitulé. "Or nous n'avons pas été entendus, nous n'avons même pas été écoutés".

Poker menteur 

Alors qu'il a déjà lâché du lest sur les économies demandées aux collectivités locales, aux retraités et aux entreprises face aux critiques de sa propre majorité, le Premier ministre, confronté à la colère sociale des agriculteurs, des fonctionnaires ou des cheminots, a très peu de marge de manoeuvres.

"L'objectif est d'arriver à un équilibre entre les ambitions des groupes parlementaires et les impératifs de rigueur" budgétaire, répète Matignon, alors que le déficit public est attendu à 6,1% du PIB fin 2024 contre 4,4% prévu initialement.

L'exécutif agite, à destination du RN mais aussi des socialistes, la menace du chaos.

"Celui ou celle qui renversera le gouvernement privera le pays d'un budget et le précipitera dans le désordre et la chienlit", a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, sur CNews.

"Le pire pour le pouvoir d'achat des Français, ce serait une crise financière", a alerté de son côté sur LCI sa collègue Astrid Panosyan-Bouvet (Travail).

Une question demeure: le RN bluffe-t-il ?

"Si le gouvernement tombe, il faudra attendre juin pour qu'il y ait des élections législatives parce qu'il ne peut pas y avoir de dissolution pour le moment!", a semblé nuancer le porte-parole du RN Julien Audoul.

Dans tous les cas, ce jeu de poker menteur risque de durer jusque la veille de Noël, lorsque l'Assemblée nationale aura à se prononcer définitivement sur le projet de budget 2025 de l'Etat.

Le RN n'entend, en effet, pas déposer ou voter de motion de censure sur les deux autres textes (fin de gestion de 2024 et projet de budget de la Sécurité sociale) qui pourraient être adoptés par 49.3 avant.